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gnoit, ayant perfonnellement eû ordre de refter à la Mer, acheva de la nettoyer de Pirates.

Il exécuta enfuite une chofe plus 'difficile encore. Il fut chargé de la conduite d'un grand nombre de Vaiffeaux Marchands, qui de la Méditerranée retournoient en dide l'Océan : la guerre se

vers ports trouva fubitement déclarée avec l'Espagne, & pour remplir fa miffion, il falloit paffer au travers de la flotte ennemie. Il y passa, sans perdre un feul des Bâtimens qui lui avoient été confiez, & il les remit tous au lieu de leur deftination.

Soit qu'on ne crût pas qu'il pût être revenu affez tôt, foit que les arrangemens fuffent pris de plus loin, il ne fut pas employé au fameux bombardement de Génes qui fe fit au mois de Mai 1684, & où

le Miniftre de la Marine fe trouvoit en perfonne; il en eut une vraie douleur. Le Siége de Luxembourg que l'on faifoit en même-tems, lui parut une reffource; mais le Roi avoit ex

preffément défendu que perfonne y allât fans ordre. Il en parla dans toute l'effufion de fon cœur à M. de Louvois, qui lui marquoit toujours mille bontés, & qui ne défefpéroit pas de le revendiquer un jour. Ce Miniftre lui dit : Pentre dans votre peine, partez, je vais vous donner une Lettre pour le Maréchal de Créquy, je me charge de votre paix avec le Roi. Elle fut aifée à faire, le Roi n'apprit que le Comte d'Eftrées s'étoit rendu au Camp devant Luxembourg, qu'avec la nouvelle de la prise de la Contregarde, où il s'étoit trouvé au premier rang des Grenadiers qui l'avoient emportée, en

plein jour, l'épée à la main. Ce feroit faire un nouveau Journal de ce Siége, que d'indiquer feulement les attaques où il fe diftingua autant qu'à celle de la Contregarde.

M. de Seignelay, à fon retour du bombardement de Génes, fit fes réflexions fur l'empreffement du Comte d'Eftrées, fur l'honneur qu'il avoit acquis devant Luxembourg, & comprit qu'il n'étoit pas encore affez décidé pour le fervice de Mer. Il propofa au Roi de l'y attacher plus fortement, en lui accordant fans qu'il le demandât, la furvivance de la Charge de Vice-Amiral qu'avoit fon pere, & le Roi y ayant confenti, le Comte fut fimplement averti de fe trouver le lendemain au lever, où le Miniftre qui l'attendoit, lui apprit la grace que Sa Majesté lui avoit faite, & ne le quitta pas

qu'il n'eût remercié & prêté fer

ment.

Nous laiffons à ceux qui écriront l'hiftoire de la vie de M. le Marêchal d'Eftrées, le détail des Cam→ pagnes qu'il fit en qualité de ViceAmiral; quelque foin que nous prif fions de le refferrer, il nous méneroit bien au-delà du tems dont nous pouvons disposer ici ; à peine fuffira-t-il à en rappeller les événemens les plus finguliers."

Le premier qui fe présente, est la rencontre qu'il fit en 1688. de Papachin Commandant des Flottes d'Efpagne, & qui paffoit pour un des plus redoutables hommes de la Mer. Le Comte d'Eftrées alloit de conferve avec le feu Marêchal de Tourville, qui n'étoit alors que Lieutenant Général; & Papachín, qui fe trouvoit beaucoup plus fort

qu'eux, leur demanda le falut, que la France ne doit à aucune Nation; ils le refuférent : mais, comme on n'étoit point en guerre, M. de Tourville jugeoit qu'il valoit mieux tâcher de lui échaper habilement, que d'engager une action qui pour, roit avoir des fuites. Le Comte d'Eftrées fut d'un avis différent : cependant, Papachin avançoit fur M. de Tourville avec un Vaiffeau de quatre-vingts piéces de Canon, & en envoyoit un autre de foixante-quatre fur le Comte d'Eftrées qui n'en avoit que trente-huit. Celui-ci l'attendit tranquillement, & par une dextérité que le génie fuggéroit à la valeur, feignant de vouloir éviter l'abordage, il s'y prêta tout d'un coup, & fe jetta fur fon bord avec cent hommes d'élite qui l'emportérent d'emblée. Papachin étonné

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