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Là, il fe diftingua par fa dous ceur, par fon application & par fes progrès : & le fouvenir s'en eft d'au tant mieux confervé qu'on lui fut auffi redevable de l'établissement d'une espéce de Cuisinier. L'usage de ce Collége étoit que les Bour fiers fiffent la cuifine, environ une fois le mois, chacun à leur tour. Celui du petit la Barre étant venu, il fe leva de très grand matin, & cependant, rien ne fe trouva cuit à l'heure du dîner ; il en parut fi affligé que fes Camarades ne pouvant eux-mêmes le confoler, le Princi pal lui reprocha durement de pleu, rer pour une mauvaise foupe: alors, il répondit que ce n'étoit pas auffi de cela qu'il pleuroit, mais d'y avoir perdu fon tems. Sa réponse fit impreffion & donna lieu à l'établiffement que nous avons dit.

par

Un pieux & fçavant Eccléfiaftique qui logeoit près le Collége de Sainte Barbe, & qui y contribuoit beaucoup à l'avancement de la jeuneffe, se prévint aisément en faveur d'un Ecolier qui pensoit déja si bien fur l'emploi du tems; il fe l'attacha fes confeils & par fes bienfaits: & quand il eut achevé le cours ordinaire des Etudes du Collége, il l'amena chez lui, où il le garda près de deux ans. Il lui apprit parfaitement le Grec, il l'exerça dans la lecture & la collation des Manufcrits & le forma à cet esprit de difcerne ment & de critique qui eft l'ame des vraies connoiffances, & qui a toujours fait depuis le caractére particulier de M. de la Barre.

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Par furcroît de bonheur, vint en ce tems-là de Florence à Paris, un jeune Bénédictin de grande efpé

rance, qui avoit des Ouvrages confidérables à mettre fous preffe, & qui aimé & protégé du grand Duc Cofme III. pouvoit fournir abondamment à la dépenfe de toutes ses entreprises; M. de la Barre lui fut produit comme un fujet docile & intelligent, capable de copier, d'extraire & de vérifier dans les Manuf crits comme dans les imprimez, tout ce qu'on lui indiqueroit ; en état de veiller fur les impreffions & fur les gravûres, & d'en corriger exactement les épreuves. C'étoit précisément ce que cherchoit le jeune Bénédictin, à qui cette mécanique auroit d'autant plus coûté, qu'il n'étoit point encore au fait de notre Langue & de nos ufages. C'és toit auffi ce qui pouvoit arriver de plus heureux à M. de la Barre, pour achever de fe rompre dans un genre

de

de travail, qui par la fuite devoit lui être infiniment utile. Ainsi parurent dans le cours de peu d'années, les Antiquités de Conftantinople que Dom Anfelme Banduri publia en deux volumes in-folio, fous le titre d'Imperium Orientale, & le Recueil des Médailles des Empereurs depuis Trajan Déce jusqu'aux derniers Paléologues, qui forme un pareil nombre de volumes in-folio.

: A mesure que ces Ouvrages avançoient, l'Auteur voyoit avec un plaifir mêlé d'étonnement, l'efprit & les talens de M. de la Barre fe dé veloper, s'accroître & fe perfections ner, & jugeant de ce qu'il pourroit un jour faire par lui-même, s'il avoit au moins une subsistance afsurée, il obtint du Grand Duc, que ce qu'il lui donnoit chaque année à titre d'appointemens, lui feroit converti Tome III. Ꮓ

en pension, & il en a été payé jufqu'à la mort du dernier Souverain de la Maison de Médicis.

Quand M. de la Barre fut libre de ce premier engagement, les Libraires de qui il commençoit à être connu, lui propoférent de donner une nouvelle édition du Spicilége de Dom Luc d'Achéry, qui étoit devenu fort rare, & il s'en chargea dans la vûe de le rendre en mêmetems plus ample, plus commode & plus utile.

Ce Spicilége, ou Recueil de Piéces, confiftoit en treize volumes in-40. imprimez en différentes années, depuis 1655. jusqu'en 1677. & Dom Luc d'Achéry n'avoit pû y obferver aucun ordre de dattes ni de matiéres, parce qu'il s'étoit fait une loi de publier ces Piéces anecdotes dés qu'il en avoit raffemblé un

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