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Langrune, il y avoit été bâtisé trois jours après; mais que comme la Cure étoit en déport, & deffervie cette année-là par de fimples Prêtres, qui ne font plus dans le pays, & qui ont négligé de tenir des Registres; il n'a pû, quelque recherche qu'il ait faite, y trouver la preu→ ve de fon batême; que pour y fuppléer, il le requiert de recevoir fur cela le témoignage de Gilles Couture fon pere, celui de plusieurs autres de fes parens, celui de l'obtétrice même ( c'est le terme dont il ( se fert,en parlant de la Sage-femme) qui le reçut en venant au monde, & qui le porta enfuite à l'Eglife; celui enfin, des principaux habitans du lieu qui le connoiffent de l'enfance, pour l'avoir toujours vû dans la maison de fon pere. Le Curé de Langrune reçoit les témoignages

indiquez; & les trouvant conformes à l'expofé, il y joint d'office fon propre témoignage, pour le tems depuis lequel il eft en poffeffion de la Cure, & qui, à six semaines près, remonte jufqu'à la naiffance de l'enfant, en faveur duquel, il ajoûte aux circonftances rapportées par les autres témoins, que lui ayant reconnu une grande difpofition pour les bonnes Lettres, lui Curé, & fes diférens Vicaires s'étoient fucceffivement fait un plaifir de la cultiver, jufqu'à le mettre en état d'aller étudier & fe perfectionner dans l'Univerfité de Caën, où il avoit fait fa Philofophie.

L'Enquête de 1696. eft fort fuccinte. Elle rapelle celle de 1672. & fait mention d'une feconde recherche, auffi inutile que la premiére, dans les Regiftres de Ba

tême de la Paroiffe de Langrune, dont le nouveau Curé donne acte pour fervir & valoir ce que de raison.

Heureusement toute la diférence de ces récits, quelque grande qu'elle paroiffe, ne change rien, ou très peu de chose à l'hiftoire de M. Couture, en tant qu'homme de Lettres; car cette hiftoire ne commence effentiellement qu'avec fes premiéres claffes. Il eft certain qu'il les fit à Caën au Collége des Jéfuites, & enfuite fon cours de Philofophie aux Ecoles de l'Univerfité de la même Ville, fous M. Cailly, Profeffeur de réputation, de qui nous avons plufieurs bons, Ouvrages.

Le fuccès de fes Etudes fut marqué par diverfes circonftances: entre autres par le choix de M. de Luc,

Gentilhomme qualifié des environs de Caën, qui lui confia, à l'âge de vingt ans, l'éducation de fes deux fils ; & plus encore, par la place de Régent de Seconde au Collége des Arts, que l'Université lui déféra peu de tems après.

La Ville de Vernon, quoique bien moins considérable que celle de Caën, fe propofa, & vint à bout de lui enlever M. Couture, par les avantages qu'elle joignit à la Chaire de Rhétorique du Collége qu'elle venoit d'établir, & qu'elle vouloit rendre floriffant. Mais elle ne jouit pas long-tems de fa conquête. L'Univerfité de Paris envia bientôt à la Province un homme, dont les talens pouvoient être encore plus utiles dans la Capitale. On lui offrit la Chaire de Rhétorique du Collége de la Marche. Cependant, il y avoit

une

une grande difficulté. Les Statuts de l'Univerfité de Paris portent expreffément qu'on n'y admettra pour profeffer, que des fujets qui y auront eux-mêmes fait leurs Etudes, & pris leurs degrés; & M. Couture n'avoit étudié, & n'avoit été reçû Maître ès Arts qu'en l'Univerfité de Caën. Les obftacles irritent les defirs, & font naître les expédiens. On trouva un autre article de ces mêmes Statuts, qui dans des cas finguliers & preffans, autorifoit la voie de Coop tation, c'est-à-dire, le paffage fubit d'une Univerfité à l'autre. On n'héfita point à en faire usage pour la premiére fois; & cette diftinction accrédita également le Profeffeur & le Collége. Le nombre des Ecoliers y augmenta chaque année; les exercices y devinrent plus folennels & plus fréquens : & ce qui deTome III.

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