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voit toujours être pour les autres Colléges l'objet d'une louable émulation, dégénéra de la part de quelques-uns en une jalousie, qui donna lieu à différentes Piéces de Vers dont plusieurs furent imprimées, & fubfiftent encore. Le Collége de Harcourt en particulier, fe perfuada qu'il avoit droit de revendiquer M. Couture, comme un fujet tiré de la Province de Normandie ; & il fortifia fa prétention fur lui par par des offres très avantageuses. Le Collége de la Marche en fut allarmé: il eut recours à l'autorité de M. l'Archevêque de Paris, qui en eft le Provifeur né; & ne voulant céder au Collége de Harcourt, ni en reconnoiffance, ni en générofité, il s'affura encore de M. Couture par deux Actes en forme, dont l'un lui accor, doit une augmentation annuelle de

trois cens livres d'honoraires ; & l'autre une indemnité de toutes les penfions, qu'il devoit & devroit dans la fuite au Principal du Collége, pour raifon de fes nourritures. L'Univerfité en corps acheva de pacifier ces troubles domeftiques d'une maniére bien glorieuse pour lui. Elle l'éleva d'une commune voix à la dignité de Recteur.

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Dés lors, la réputation de M. Cou ture franchit rapidement les limites du Pays Latin. Il fut connu de pref que tout ce qu'il y avoit à Paris de gens qui aimoient les Lettres ; il fut confulté par la plupart des peres attentifs aux progrès de leurs enfans. On lui fit même l'honneur de l'appeller au Palais Royal, pour y travailler fur les principes de la Rhétorique avec feu M. le Duc d'Orléans, qui conferva toujours pour

lui beaucoup d'eftime & de bonté. Il entra dans un grand commerce de Littérature & d'amitié avec M. l'Abbé Bignon, qui étant déjà à la tête des Sciences, lui procura une Chaire d'Eloquence au Collége Royal, dont il fut enfuite nommé Infpecteur; une des premiéres places d'Affociez, du nombre de celles dont le Roi augmenta cette Académie par le Réglement de 1701. le titre de Cenfeur Royal des Livres ; une pension fur le Sceau; & généralement tous les biens dont il pouvoit combler & orner une personne de fon état.

On fent combien il falloit de zèle & de capacité pour fuffire à tant de places: & ce ne feroit pas dire affez que de dire que M. Couture y fuffifoit. Il faut ajouter qu'il les remplif foit toutes, comme fi chacune d'el

les eût été la feule qui l'occupât; & qu'il avoit le talent de les faire fervir les unes aux autres, comme fi elles s'étoient naturellement trouvées dans une dépendance récipro que & néceffaire. Cependant, quand on le nomma à une place d'Académicien, il promit de quitter celle de Régent à la Marche ; & il le fit avec d'autant moins de peine, qu'il y avoit acquis, par près de vingtcinq années d'exercice, tout l'hon neur & les droits des Profeffeurs qu'on appelle Emérites ; & que d'ailleurs il en faifoit encore plus honorablement les fonctions au Collége Royal, où il a eu jufqu'à la fin, une foule d'auditeurs de tout genre, féculiers & réguliers ; des gens avancez en âge, qui depuis dix ans entiers le fuivoient avec le même plaifir; de jeunes Rhétoriciens de pref

que tous les Colléges de l'Univerfité, qui fe perfuadoient, qu'aller ainfi l'entendre extraordinairement, cinq ou fix mois de fuite, les avançoit & les fortifioit plus que n'auroient fait trois ou quatre cours de Rhétorique. On y voyoit quelquefois des Profeffeurs même; les uns, curieux de transporter dans leurs Leçons ces traits d'une éloquence & d'une érudition peu commune, qui brilloient toujours dans les fiennes, les autres, charmez de prendre de lui ce ton de Maître, qui fouvent n'eft pas la moindre partie de l'art d'enseigner. Il diftinguoit fes Leçons; il les varioit à l'infini, par la maniére dont il fçavoit y enchaffer ce qu'il recueilloit ici de plus fingulier fur les détails de l'Hiftoire Grecque & Romaine ; & en échange, il apportoit à l'Académie fes Réflexions fur l'art

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