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été le restaurateur, & il le devint par la feule fupériorité de fon goût & de fes connoiffances.

Plus capable que jamais de donner des confeils & des régles pour la perfection de l'Eloquence & de la Poëfie, il en fourniffoit encore des modéles dans les fréquents difcours qu'il prononçoit, & dans les Vers qui lui échapoient de tems à autre; Vers qui étoient toujours pleins de fens & de feu, d'une morale fage & délicate, souvent même d'une galanterie fine, qui ne se refsentoit point de fon âge, quoiqu'il en parlât volontiers.

Il fçavoit non feulement le Latin & le Grec, dont nous avions oublié de dire que dans fa jeuneffe il avoit compofé, pour fon usage, une Grammaire & des Racines en Vers François, dans le goût de celles de

Port-Royal; il fçavoit encore par faitement l'Italien, l'Efpagnol, l'Allemand.

Son talent pour la Poëfie ne fe bornoit pas non plus aux petits Vers dont nous avons parlé, Chanfons, Madrigaux; il a laiffé un affez gros Recueil de Sonnets, d'Odes, d'Elégies, & d'autres Oeuvres poëtiques, toutes réguliéres en leur genre, car il ne pouvoit fouffrir les Vers irréguliers, il les appelloit le libertinage des rimes.

Ceux qui ne connoiffoient que médiocrement M. de la Loubére, croyoient que c'étoit-là toute fon occupation, & ce n'étoit qu'une partie de fes amusements. Depuis nombre d'années, il s'exerçoit fans relâche fur ce que les Mathématiques ont de plus abftrait & de plus fublime; mais ne cherchant par

cette

cette étude qu'à découvrir des véri tés utiles, il ne s'en entretenoit qu'a vec des perfonnes capables d'en juger, ainfi c'étoit une chofe presque ignorée dans la Province, & comme réservée à un petit nombre d'a mis fçavants, avec qui il avoit toujours ici d'étroites relations. Il confentit, peu de tems avant fa mort, qu'on publiât un Traité qu'il avoit fait de la Réfolution des Equations, ou de l'Extraction de leurs Racines; on l'imprime actuellement, & le Cenfeur Royal, fur l'approbation de qui le Privilége en a été expédié, M. Saurin, en a porté le jugement le plus avantageux. ...

Il mourut le vingt-fixiéme Mars dernier âgé de quatre-vingt-fept ans révolus, & la nouvelle de fa mort toute vraisemblable, toute fûre qu'el le étoit, eut grand befoin de confir Tome III.

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mation, parce que depuis longtems il s'en répandoit presque tous les ans de faux bruits, fondez sur ses plus légéres indifpofitions, & fur la crainte qu'on avoit de le perdre; car indépendamment des talens, la douceur de fes moeurs & la fûreté de fon commerce, faifoient qu'il n'étoit pas poffible de le connoître fans lui être extrémement attaché. On dit que lorsqu'au fortir de quelque maladie, il rendoit graces à Dieu pour fa convalefcence, il le remercioit principalement de la bonté qu'il avoit de le laiffer jouir encore de fes amis, & que quelques-uns d'entre eux, lui faisant un jour remarquer obligeamment, qu'âgé & malade comme il l'étoit, il n'avoit point du tout les mains tremblantes, ce que le vulgaire croit être le fort des parjures, il leur répondit qu'auffi

n'avoit-il jamais fait de faux ferment, pas même en amour.

Il a furvécu d'un an fa femme, & n'en a point laiffé d'enfans; fa mort n'a de même produit aucun changement dans cette Académie, parce que depuis l'année 1705. il n'y avoit plus que le titre de Pensionnaire Vétéran.

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