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du roi Charles VII fon légitime prince, & rentra dans fon

devoir; & dans le mois d'Août le roi y rappela le parlement, AN. 1436.

la chambre des comptes & l'univerfité.

XXI.

Les Anglois s'étoient déclarés ennemis du duc de Bourgogne par toutes fortes d'hoftilités qu'ils avoient exercées fur fes terres, & par mille intrigues qu'ils ménageoient dans fes états pour foulever fes fujets, qui en ce temps-là étoient fort attachés à l'Angleterre, tant à caufe du commerce, que par la haine qu'ils portoient à la nation de France. Le duc voulut fe venger par la prife de Calais, qui ne lui paroiffoit pas difficile: : il l'affiégea donc avec une armée fort nombreufe; mais les Flamands voyant que ce fiége étoit fort long, Le duc de & le fuccès tout-à-fait périlleux, s'imaginèrent qu'ils étoient Bourgogne trahis ; & fans examiner fi leur fentiment étoit bien fondé, lève honteu ils s'attroupèrent, & fe mirent auffitôt en état de plier ba- femen: le fie gage avec tant de confufion, qu'ils laifsèrent leurs vivres & leur artillerie faute de charriots pour les tranfporter. Tout ce que pur faire le duc, fut de les couvrir de fa cavalerie, de peur que les Anglois ne les chargeaffent, & de les fuivre tout en défordre, fon époufe ayant fouffert beaucoup d'infultes de la part des habitans. Le duc de Glocefter, qui venoit pour attaquer le duc & l'obliger à lever le fiége, ne l'y ayant plus trouvé, entra dans la Flandre, où il mit partout l'épouvante, il brúla & faccagea tout le pays par où fon armée paffa.

vius

ge de Culuis.

XXIL

contre Jac

Boct. 1. 7.

Buchan. 1.

Le vingtième de Février, Jacques I, roi d'Ecoffe, fut malheureusement affaffiné pendant la nuit, par la conjura- Confpiration tion de Walter, comte d'Atolie, fon oncle, qui briguoit le ques 1, 10 royaume : la reine reçut deux coups en fe mettant au-devant d'Ecofle, qui des affaffins pour fauver la vie de fon mari, auquel les meur- eft affaliné. triers donnèrent vingt-huit coups de poignard. Æneas Syl & 1. 5, que le cardinal de Sainte-Croix avoit envoyé en Ecoffe, apparemment de la part du pape, pour ménager la paix 10 811.comentre les Anglois & les Ecoffois, excita ceux-ci à punir févèrement les meurtriers de leur roi. On fit leur procès, & le comte Walter, auteur de la conípiration, fut publiquement tourmenté durant trois jours: on lui mit une couronne de fer toute rouge de feu fur la tête, l'appelant par dérifion le roi des traîtres, & il expira dans les tourmens. Le roi d'Ecofle avoit auparavant marié, malgré l'oppofition des Anglois, fa fille Marguerite à Louis, qui fut enfuite roi de

ment.

Comment. Pil. II. b. I.

France. Il eut pour fucceffeur dans fon royaume Jacques II AN. 1430. fon fils, qui n'avoit pas encore fept ans, & qui fut falué roi le vingt-feptième de Mars. Mais l'Ecoffe fouffrit beaucoup durant fa minorité.

XXIII.

remarie.

Meyer,hift. En Angleterre, la reine Catherine, fœur du roi de France, Fland. l. 16. & veuve de Henri V, roi d'Angleterre, avoit eu, felon Catherine, Meyer, deux enfans illégitimes, Edmond & Gafpard, d'un reine d'An- nommé Ouin fon valet de garde-robe, qu'elle aima parce gleterre fe qu'il étoit jeune & bienfait, & qu'elle époufa enfuite pour légitimer fes deux enfans. Si l'on en croit cet auteur, Ouin Polyd. 1. 23, étoit d'une très-baffe extraction, fils d'un braffeur ; cependant Polydore le fait gentilhomme de la province de Galles, & dit qu'il étoit très-vertueux, & qu'il defcendoit des anciens rois Bretons. La reine fe maria avec lui fecrétement ; & outre les deux fils dont j'ai parlé, elle en eut un troifième, qui fe fit religieux Bénédictin, & qui mourut affez jeune, & une fille qui fe fit auffi religieufe. Cet Ouin, après la mort de la reine, eut la tête tranchée par l'ordre du duc de Glocefter, oncle du roi & gouverneur du royaume, parce qu'il avoit ofé époufer la reine.

XXIV.

Le cinquième d'Octobre, le concile de Bâle publia l'union Affaires de des églifes & des eccléfiaftiques de Suède. Dangelbert, qui, Suède & de comme on a dit, avoit tâché de délivrer ce royaume des Krantz. 8. vexations du roi Eric, fut affaffiné. Cet accord fut conclu 21. fur la fin de la vie de l'archevêque Laurens, qui fut contraint

Danemarek.

Dan.

Suet. 37.

d'avoir recours au pape & au concile de Bâle contre les perfécutions du roi Eric; avec lequel s'étant enfin réconcilié, il employa tous fes foins, tant qu'il vécut, pour le rétabliffement du même roi, qui toutefois voyant qu'il n'étoit pas agréable aux peuples de ces trois royaumes, Suède, Danemarck & Norwège, & qu'il n'avoit pu obtenir d'eux que Bogeflas, duc de Poméranie, fils de fon oncle, fût fon fucceffeur, qu'on manquoit de fidélité à fon royaume, & qu'il n'y avoit aucun repos à espérer pour lui dans fes états, il fe retira affez âgé, foit par force ou de bon gré, & s'en alla d'abord dans l'ile de Gotie, enfuite dans la Pomeranie, où il vécut encore plufieurs années jufqu'à fa mort, qui n'arriva qu'en 1459, âgé de plus de foixante-dix-fept ans. An. Sylvius Les hiftoriens ont différemment parlé de lui. Æneas Sylvius Europ. c. 33. le loue affez mais Joannes Magnus le traite de pirate, & dit qu'il ne fe retira que parce qu'il fe fentoit coupable de

Joannes Mag.

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fa mauvaise administration; qu'il avoit emporté avec foi tous les trésors du royaume, & qu'il se fit fuivre d'une concubine qu'il aimoit beaucoup, & qui fut une des principales caufes de fa retraite.

Dans le mois de Novembre de cette année, on tint à Bâle

AN. 1436.

XXV.

Suite des

une congrégation générale, où préfidoit le cardinal Julien; négociations

Patric, acta,

& ce fut dans cette congrégation où le concile donna au du concile capitaine de Montone l'étendard aux armes de l'églife, avec pour l'union le bâton de commandant. On paffa enfuite plufieurs jours à des Grecs. entendre en pleine congrégation les rapports des députés to. xIII. cons. qui avoient été nommés, foit pour informer de la commo- p. 1542. dité des lieux qu'on avoit propofés, foit pour trouver des perfonnes qui puffent prêter une fomme de foixante mille ducats, & traiter avec elle pour aviser aux autres choses qui fembloient néceffaires. Quant au lieu qui devoit être choisi parmi ceux qu'on proposoit, on en délibéra long-temps & avec beaucoup d'application : la matière fut examinée dans les députations particulières, & l'on y trouva beaucoup de difficultés, comme il arrive d'ordinaire dans les affaires épineuses. Mais enfin l'affaire ayant été portée à une congrégation générale, à laquelle affiftèrent jufqu'à trois cents. cinquante-fept prélats, dit Panorme, il fe trouva par le fcrutin, que non-feulement les deux tiers des fuffrages, hift.conc.Ba comme il avoit été réglé dans la feffion onzième, mais bien fil. plus des deux tiers, confpiroient à ce que le concile fe tînt à Bâle, pourvu que cela plût aux Grecs; finon, qu'on tâcheroit de leur faire agréer la ville d'Avignon, ou en tout cas qu'on le réduiroit à la Savoie, qui étoit un des lieux que les Grecs eux-mêmes avoient propofés.

Panormit.

XXVI: Le concile députe au pa

de leurs délibérations.

Le concile nomma deux ambaffadeurs, qui furent Denis de Salvatore & Henri de Dieft, tous deux docteurs en théologie, pour faire part au pape Eugene de cette réfolution. Eugene, pour Ces ambaffadeurs n'omirent rien de ce qu'ils crurent de plus lui faire part capable de perfuader le pape, & ils n'oublièrent pas de le faire reffouvenir que lui-même peu de temps auparavant avoit défigné la ville d'Avignon, comme l'endroit le plus propre pour tenir un concile œcuménique. Ils le prièrent avec inftance de concourir à l'accompliffement de tout ce grand ouvrage comme il l'avoit promis plus d'une fois, & par plufieurs de fes lettres : ils le conjurèrent auffi de venir en perfonne au lieu du concile, afin de travailler de concert

AN. 1436.

à l'expédition des indulgences & à l'impofition des décimes, pour avoir de quoi furvenir aux frais néceffaires, & de vouloir avertir les prélats & les docteurs qui devoient affilter au concile, de s'y trouver à l'arrivée des Grecs, & de faire expédier les fauf-conduits néceffaires, pour passer fur les terres de l'état eccléfiaftique, ainfi que l'empereur, les rois & les autres fouverains avoient promis d'en donner. XXVII. Eugene ne voulut point donner de bulle fur ces demandes: Réponse du il promit feulement qu'il feroit favoir fes intentions au conpape Eugene acesdéputés. cile, par Jean, archevêque de Tarente, fon ambaffadeur, qui devoit s'y rendre au premier jour.

XXVIII.

Dans ce même temps l'abbé de Bonneval & Raimond Taloni, autres députés du concile, achevèrent de traiter avec ceux d'Avignon qui avoient déjà avancé fix mille ducats au commandant des galères ; & convinrent avec eux, qu'avant que de délivrer le refte des foixante-dix mille ducats qu'ils s'étoient engagés de fournir, le concile par un décret folennel fixeroit le choix de la ville de Bâle, de celle d'Avignon, ou de quelqu'autre en Savoie, & permettroit à ceux d'Avignon de nommer quelques perfonnes pour recevoir les émolumens qui reviendroient tant des indulgences que de l'impofition des décimes; & que ces émolumens leur feroient hypothéqués jufqu'à l'entier paiement des fommes qu'ils devoient fournir.

Sur ces entrefaites, l'empereur des Grecs ayant pris la Arrivée d'un réfolution de venir en Occident avec le patriarche de Confdes Grecs à tantinople & les évêques d'Orient, envoya Jean fon ambaf

ambaladeur

Baie.

fadeur pour en affurer le pape & le concile, afin qu'ils fiffent préparer des galères. Cer ambaíladeur arriva à Bâle au commencement du mois de Février de cette année 1437; il préfenta fa lettre de créance, qui n'étoit qu'un papier tout fimple: & s'expliquant fur le fujet de fa commiffion, il dit qu'il étoit chargé de quatre chofes; de rendre compte au concile de la bonne difpofition des Grecs, qui étoient prêts d'exécuter tout ce qui avoit été arrêté avec eux; de porter le concile à en ufer de même; de faire inftance pour le On lui donne choix d'un lieu qui fût commode; & enfin de voir fi les gaaudience, & lères avec leur armement étoient en l'état où elles devoient le préfident être. Le préfident lui répondit que le concile avoit fait fes diligences fur tout cela, qu'il avoit nommé un commandant pour la conduite des galères ; & que pour le lieu de l'af

XXIX.

lui répond.

femblée générale, il s'étoit déterminé à Bâle, à Avignon, AN. 1437. ou à la Savoie.

XXX.' Difficultés propofćespar

Jean fit beaucoup de difficultés fur le choix de ces lieux; il dit que les Grecs ne pourroient pas venir par la mer de Sicile, à caufe des infirmités de plufieurs prélats qui étoient cet amballa fort agés. On fut néanmoins depuis informé du contraire; deur. car les Grecs ayant appris à Conftantinople qu'on leur préparoit des galères à Gènes & à Pife, en avoient témoigné beaucoup de joie, quoiqu'ils viffent fort bien qu'il falloit qu'elles paffaffent par la mer de Sicile pour venir à Conftantinople. Cet ambaffadeur ajouta que, quand les Grecs avoient propofé la Savoie, ils n'avoient entendu parler que des places que le duc de Savoie poffèdoit en Italie. Ce qui Panorm. de étoit encore manifeftement faux, dit Panorme; car les con- conc. Bafil. ventions portoient en termes exprès que, hors de l'Italie, on choifiroit ou Bude en Hongrie, ou Vienne en Autriche, ou la Savoie : par où la Savoie étoit formellement défignée comme un pays hors de l'Italie. Il fit encore une difficulté qui n'étoit pas mieux fondée; favoir, que le pape étoit obligé d'affifter au concile en propre perfonne: il étoit dit au contraire en termes formels dans le concordat fait avec les Grecs, que le pape pourroit fe trouver au concile, ou en perfonne, ou par fes députés.

XXXI.

Tous ces difcours de l'ambaffadeur firent croire à beaucoup de ceux qui l'entendirent, qu'il cherchoit occafion de rompre, & que quelques-uns l'avoient engagé à parler ainfi, afin de préparer aux Grecs un prétexte de ne pas tenir les traités faits avec eux, parce qu'effectivement tout ce qu'il avoit allégué, étoit formellement contraire aux articles des conventions. C'est ce qui fit que le concile n'eut aucun égard à ses remontrances, d'autant plus qu'il ne produifoit qu'une Le concile fimple lettre de créance qui rendoit fa commiffion fufpecte. n'a aucun é Il ne laiffa pas de fa part de faire des proteftations tant par ficultés, écrit que de vive voix, & entre autres il en fit une fort ample en langue Latine, le quatrième de Février. Le préfident du concile, nonobftant cette protestation, continua les délibérations, & fuivant un arrêté du concile, il reçut le ferment des ambaffadeurs qui alloient à Avignon pour recevoir la fomme qu'on y empruntoit, & qui devoit être employée au voyages des Grecs.

On agita enfuite dans le concile par où l'on commence

gard à cès dif

XXXII:
Congréga

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