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mots du confentement de l'empereur, du patriarche de Conftan AN. 1439. tinople & des autres patriarches. La feconde difficulté fut fur Ada Graca, la manière dont on exprimeroit les priviléges du pape. Les conc. Flor. Latins vouloient que l'on mît, qu'il en jouiroit selon qu'il 10. X111. P. eft déterminé par l'écriture & dans les écrits des Saints : conc. Labbe expreffions qui ne plurent pas à l'empereur. « Eh quoi!

566. collect.

XXXV.

On nomme

pour dreffer

décret.

» dit-il, fi quelque Saint a fait des complimens honorables "au pape dans quelqu'une de fes lettres, le fouverain pon»tife regardera-il cela comme un privilége? » C'est pourquoi il fit dire au pape, ou de corriger ces mots, ou qu'il pensat à le renvoyer en Grèce. Ce qui troubla le pape : « je » fuis fort furpris, dit-il, du chagrin qui fait ainfi parler l'em» pereur. » Et il lui envoya demander s'il pouvoit mieux fonder fa primauté que fur les écrits des Saints. Mais l'empereur continua de dire que ces termes n'étoient point exacts, & qu'il falloit mettre: felon qu'il eft porté dans les canons. A quoi le pape confentit enfin, mais avec beau coup de peine. L'archevêque de Ruffie & Beffarion de Nicée vouloient qu'on prononçât anathème contre ceux qui n'approuveroient pas le décrèt; mais l'archevêque de Trébizonde & le protofycèle s'y opposèrent, & l'empereur fut de leur avis.

Enfin après plufieurs conférences, où l'on eut affez de des députés peine à s'accorder, l'on fit le projet du décret pour l'ule projet du nion, qui fut lu & approuvé de part & d'autre, & l'on nomma, pour en dreffer la bulle, quatre députés de chacun des trois ordres du concile, dont le premier étoit des cardinaux, des métropolitains & des évêques; le fecond, des généraux d'ordre, des abbés & des religieux; & le troisième, des docteurs & des eccléfiafliques conftitués en dignité. Ils y travaillèrent pendant huit jours avec tant d'application, qu'ils s'affembloient deux fois chaque jour. La bulle fut lue dans l'affemblée générale, qui fe tint le qu trième Juiller devant le pape & l'empereur ; & tous l'ayant approuvée d'un commun confentement, on arrêta qu'elle feroit folennellement publiée deux jours après dans la dernière feffion des Latins & des Grecs. Mais parce que le pape n'avoit accordé, qu'on ne mettroit rien dans le décret touchant la forme de la confécration, qu'à condition que les Grecs protesteroient publiquement qu'ils s'accordoient en ce point-là avec les Latins; le lendemain tous les pères

Grecs, excepté quelques-uns qui étoient malades, se rendirent au palais du pape, & Beffarion de Nicée y fit cette AN. 1439. déclaration en présence de tous les cardinaux & prélats qui

y étoient affemblés.

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XXXVI.

de Beflarion

Acta Horat.

« Très-faint père, & vous très-révérends cardinaux, » & autres révérends pères qui êtes préfens: parce que, Déclaration » dans les congrégations précédentes où l'on a examiné les de Nicée » points de doctrine contestés entre vous & nous, on nous pour les "a foupçonné de tenir une opinion peu conforme à la vé- Grecs. »rité, touchant les paroles de la confecration ; nous décla- Juftiniani » rons en présence de votre fainteté, & des révérendiffi- collat. 22. » mes cardinaux & évêques de la fainte église Latine, que num. 9. ex t. x111. Labb. »> nous avons appris de nos anciens pères, & principalement » de faint Jean Chryfoftome, que ce font les paroles de » Notre-Seigneur qui changent la substance du pain & du » vin en celle du corps & du fang de Jefus-Chrift, & » que ces divines paroles ont la force & la vertu de faire » cer admirable changement de substance, ou cette tran» substantiation, & que nous fuivons les fentimens de ce » grand docteur. Nous favons de plus, très-faint père, qu'il » y a quatre chofes qui font néceffairement requifes pour » la confécration du très-précieux & très-vénérable facre»ment à favoir, la matière qui doit être du pain de

"

froment, levé ou fans levain, parce qu'on peut con» facrer vraiment en l'un & en l'autre ; la forme, qui font » les paroles de Jefus Chrift, comme nous venons de le di»re; le miniftre, qui eft le prêtre légitimement ordonné; » & enfin l'intention qu'il doit avoir de confacrer. Voilà, » très-faint père, ce que nous affurons votre fainteté & toute » cette fainte afïemblée, que nous avons toujours cru, que » nous croyons, & que nous croirons éternellement. »

XXXVII.

Réponse du pape à la

déclaration

Le pape écouta attentivement cette déclaration; puis s'adreffant aux Grecs, il leur dit en peu de mots & avec beaucoup de majesté : « nous avons ouï ce que votre vé» nérable frère l'archevêque de Nicée vient de dire; & des Grecs. » quoique nous n'euffions point d'autre penfée de votre » foi, nous avons été néanmoins bien aifes de l'ouïr de » fa bouche, parce que c'eft là la doctrine de faint Jean » Chryfoftome, des autres faints pères qui l'ont précédé, » & de ceux qui font venus après lui. C'eft auffi celle que » la fainte églife Romaine a toujours fuivie, & qu'elle

"

AN. 1439.

XXXVIII.

dernière fef.

rence avec

les Grecs.

» fuivra toujours avec la grâce du Seigneur ; & nous fom» mes très-fatisfaits de ce que l'on a dit de votre part, » afin que ceux qui pourroient avoir d'autres fentimens de » vous, foient défabufés. »

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Après cette déclaration de la part des Grecs, l'on ne penDixième & fa plus qu'à former le décret, dont toutes les paroles furent Lion du con. pefées & examinées de part & d'autre. On le mit au net cile de Flo- en grec & en latin; & le fixième de Juillet qui étoit un lundi, jour de l'octave des Apôtres S. Pierre & S. Paul on célébra la dernière feffion du concile entre les Grecs & les Latins, dans l'églife cathédrale de Florence, dans le même ordre qui fut obfervé à Ferrare, excepté que le trône du pape qui devoit officier pontificalement, fut mis auprès de l'autel, que les magiftrats de la république s'y trouvèrent en corps, & que tous les prélats Grecs, auffibien que les Latins, firent felon leur rang une profonde révérence au pape, & lui baisèrent la main. La mufique de l'empereur chanta le Veni Creator en grec; enfuite le pape célébra la meffe en latin, après laquelle il alla prendre fa place fur fon trône auprès de l'autel à droite : l'empereur prit la fienne fur un autre trône à gauche, & plus bas tous les prélats fe mirent dans leurs fiéges avec leurs ornemens pontificaux. Le cardinal Julien lut d'abord en latin le décret fuivant pour l'union, enfuite Beffarion métropolitain de Nicée le lut en grec ; voici ce décret.

XXXIX.

concile de

Florence

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«Eugene évêque, ferviteur des ferviteurs de Dieu : pour Décret du » fervir de monument à perpétuité, du confentement de » notre cher fils en J. C. Jean Paleologue illuftre emdes Romains, confentant à ce qui fuit, & de ceux pour l'union pereur » qui tiennent la place de nos très-vénérables frères les pa» triarches, & des autres prélats représentant l'églife d'O»rient. Que les cieux & la terre fe réjouiffent, parce que la » muraille qui divifoit les deux églifes d'Orient & d'Occi

des Grecs.

Conc. Labb.

*.x111.p. 510.

dent, vient d'être renverfée; que la paix & la concorde » font rétablies fur la pierre angulaire qui eft Jefus-Christ, » qui des deux peuples n'en fait qu'un, joignant l'un & » l'autre mur par le lien indiffoluble de la paix & de la » charité; puifqu'après cette nuée obfcure de trifteffe & » de divifion, nous voyons paroître le jour ferein de l'u» nion tant défirée. Que l'églife notre mère fe réjouiffe » donc, de voir fes enfans revenir à l'unité, après avoir été

fi

fi long-temps divifés ; qu'elle en rende d'immortelles ac» tions de grâces au Dieu tout-puiffant, qui lui rend fes AN. 1433 enfans, qu'elle a fi long-temps pleurés & avec tant d'a» mertume. Que tous les fidelles, par tout le monde chré» tien, congratulent leur mère l'églife catholique, de ce » que leurs pères & de l'Orient & de l'Occident, après » une fi longue discorde, ont bien voulu s'exposer à tous » les périls des longs voyages fur mer & fur terre, fup»porter généreufement toutes les fatigues, pour fe ren» dre à ce faint concile, dans le défir de cimenter cette » fainte union, & de rétablir l'ancienne charité qui n'é» toit plus parmi eux ; en quoi ils ont heureusement réussi. » Après ces actions de grâces & quelques autres, le décret ajoute :

"Les Grecs & les Latins affemblés dans le concile œtu» ménique, ont donné les uns & les autres tous leurs foins » pour examiner, avec toute l'exactitude poffible, l'article » qui regarde la proceffion du Saint-Efprit ; & après avoir » rapporté les témoignages de l'écriture fainte, & les paffages des pères Grecs & Latins, dont les uns porteat que le Saint-Esprit procède du Père & du Fils, les autres qu'il » procède du Père par le Fils, on a reconnu qu'ils n'ont "tous qu'un même fens, quoiqu'ils fe fervent de diverfes ex» preffions; que les Grecs, en difant que le Saint-Esprit pro» cède du Père, ne veulent point exclure le Fils. Mais par» ce qu'il fembloit aux Grecs que les Latins, en affurant » que le Saint-Esprit procède du Père & du Fils, admet» toient deux principes & deux fpirations, ils fe font abf» tenus de dire que le Saint-Efprit procède du Père & du » Fils. Les Latins au contraire ont affuré, qu'en difant que » le Saint-Esprit procède du Père & du Fils, ils n'ont pas » deffein de nier que le Père foit la fource & le principe » de toute divinité, favoir du Fils & du S. Efprit, ni de » prétendre que le Fils ne reçoive pas du Père ce en quoi » le Saint-Esprit procède de lui, ni enfin d'admettre deux » principes ou deux fpirations; mais qu'ils reconnoissent » qu'il n'y a qu'un feul principe & une feule proceffion du » Saint-Elprit, comme ils l'ont toujours tenu. Et d'autant » que ces expreffions reviennent à un même fens véritable » ils font enfin convenus,& ont fait l'union fuivante d'un >> confentement unanime. »

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» Au nom de la Sainte Trinité, du Père & du Fils & AN. 1439 » du Saint-Esprit, de l'avis de ce faint concile œcuméni» que affemblé à Florence; nous définiffons que la vérité de » cette foi foit crue & reçue de tous les chrétiens ; & que » tous profeffent que le Saint-Esprit eft éternellement du » Père & du Fils, & qu'il procède des deux éternellement, » comme d'un fcul principe & par une feule proceffion; » déclarant que les faints docteurs & les pères qui di» fent que le Saint-Esprit procède du Père par le Fils, n'ont » point d'autre (ens, & font connoître par-là que le Fils eft » comme le Père, felon les Grecs, la caufe, & felon les La"tins le principe de la fubfiftance du Saint-Efprit: & parce » que le Père a communiqué au Fils dans fa génération tout » ce qu'il a, à l'exception de ce qu'il eft Père, il lui a auffi " donné de toute éternité ce en quoi le Saint-Esprit pro» cède de lui. Nous définiffons auffi, que l'explication de » ces paroles, & du Fils Filioque, a été ajoutée légitime» ment & avec raison au symbole, pour éclaircir la vé» rité, & avec néceffité.

» Nous déclarons auffi que le corps de Jefus-Christ est » véritablement confacré dans le pain de bled, foit qu'il » foit azyme, ou levé, & que les prêtres doivent fe fervir » de l'un ou de l'autre, chacun felon l'ufage de fon égli» fe, foit Occidentale, foit Orientale. Que les ames des » véritables pénitens morts dans la charité de Dieu, avant » que d'avoir fait de dignes fruits de pénitence pour ex» pier leurs péchés de commiffion ou d'omiffion, font pu»rifiées après leur mort, par les peines du purgatoire ; & » qu'elles font foulagées de ces peines par les fuffrages des » fidelles vivans, comme font le facrifice de la meffe, les » prières, les aumônes, & les autres œuvres de piété, que » les fidelles font pour les autres fidelles, fuivant les règles » de l'églife; & que les ames de ceux qui n'ont point pé"ché depuis leur baptême, ou celles de ceux qui étant tom"bés dans des péchés, en ont été purifiées dans leurs corps » après en être forties, comme nous venons de dire, entrent » auffitôt dans le ciel, & voient purement la Trinité, les "uns plus parfaitement que les autres felon la différence de "leurs mérites. Enfin que les ames de ceux qui font morts » en péché mortel, actuel, ou dans le feul péché originel,

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