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loco cit.

Nicol, de Cu

& en ordonnant l'exécution, il ne s'enfuit pas pour cela que AN. 1434. l'autorité d'un concile œcuménique foit tellement dépendante de la fienne, qu'il puiffe de plein droit changer & annuller fes décrets, comme le montre le P. Alexandre dans P. Alexand. l'endroit déjà cité. « Ce qui a fait dire au cardinal de Cufa, » que dans les conciles généraux le pape concourt le prefa. lib. 3 de "mier; mais que fon autorité n'a plus de vigueur que par ncord. ca- le confentement de tous les autres qui célèbrent le contholica, cap. cile; que la force des définitions ne vient point du fou» verain pontife, mais qu'elle dépend du confentement de » tous, du sien & de celui des autres. C'est ce qu'a reconnu » faint Leon lui-même dans fa lettre aux pères du concile » de Calcédoine: afin, dit-il, que l'affemblée des frères » & tous les fidelles connoiffent que je fuis uni avec vous » de fentiment, non-feulement par les légats qui tiennent » ma place, mais par l'approbation que vous donnez aux » actes du fynode.»

XCI. Dix-huitième feflion du

Bâle.

Labbe conc.

tom. Xll. P. $40.

Après la feffion dix-huitième l'empereur Sigifmond quitta Bâle, & n'affifta pas à la dix-huitième, qui se tint le faconcile de medi vingt-fixième de Juin. Les pères du concile, convaincus de quelle importance il étoit d'inftruire tout le monde de l'autorité des conciles généraux, renouvellèrent encore une cinquième fois les décrets de la quatrième & cinquième feffion du concile de Conftance. Ce fut dans cette feffion que Jean patriarche d'Antioche préfenta au concile un écrit qu'il avoit compofé cette année, pour montrer la fupériorité du concile au-deffus du pape, & prouver qu'Eugene ne pouvoit rompre celui de Bâle, fans le confentement des pères qui le compofoient ; qu'il étoit tenu au contraire de s'y foumettre & de lui obéir. On trouve ce traité tout enpend. 1. to, tier à la fin des actes du concile de Bâle, dans le premier XII. p. 911. appendix.

Conc. ap

Jufqu'à la feffion fuivante, qui ne se tint qu'au mois de Septembre, il y eut plufieurs congrégations. Dans celle du 16e. de Juin, on publia la conftitution de l'empereur Charles IV, que l'on adreffa aux abbés de Saint - Bavon, de Gand, de Cambray, de Saint Pierre de Louvain, des églises de Tournai, de Liège & d'Utrecht, avec des additions contre ceux qui violoient les immunités de l'églife. Le 3e. de Juillet, le concile fit publier en fon nom la bulle du pape Eugene donnée à Rome le vingt-fixième de Mai de l'année

précédente, touchant la vénération du faint Sacrement de l'Euchariftie, & les indulgences accordées à la fête du AN. 1434. faint Sacrement, avec ordre de l'obferver par toute l'églife. On peut voir là-deffus ce qu'en dit M. Baillet dans les 1. to. xl. p. fêtes mobiles.

Conc.append

844.

XCII.

Lettre du

au concile.

Eugene écrivit encore le vingt-neuvième de Juin de cette année aux pères de Bâle, pour les affurer qu'il ne lui reftoir plus aucun reffentiment du paffé, & qu'il confirmoit de Pape Eugene bon cœur & avec plaifir, tout ce qu'il avoit fait à l'avanta- Labbe conc. ge du concile pour fa convocation & fa continuation; qu'il append. tom: n'avoit d'autre deffein que d'en aimer tous les membres com- XII. p. 949. & feq. me fes enfans, & de les eftimer comme fes frères, afin d'être toujours uni avec eux par les liens de la charité dans des bénédictions de douceur: efpérant que de leur côté ils n'oublieront point le respect qu'ils doivent au faint fiége, & qu'ils lui feront fidelles. Il leur rend grâces de la bonté avec laquelle ils avoient reçu ses préfidens; & les affure que cette nouvelle l'avoit extrêmement confolé, dans les grandes perfécutions qu'il avoit fouffertes depuis peu à Rome, & pour lesquelles il avoit été obligé d'abandonner la ville. C'est ce qu'il leur marque dans cette lettre qu'il écrivir de Florence. Voici ce qui l'avoit obligé de fuir.

XCIII.

fe fauve &

Philippe, duc de Milan, qui avoit tourné fes armes contre le pape, pour se venger fur lui du traité défavantageux qu'il l'avoit en quelque forte obligé de faire avec les Vénitiens, avoit envoyé François Sforce & Nicolas Forcebras, avec des troupes pour piller la campagne de Rome, & pour fe faifir d'Eugene, fi on le pouvoit prendre. Mais ce pape Sédition à affectant d'être tranquille auprès du malheur qui étoit près Rome contre de l'accabler, ne s'oppofa point aux troupes du duc. Les le pape qui Romains irrités de cette inaction, & déjà excités à la révolte s'enfuit à par ceux du parti des Colonnes, & par le duc de Milan lui- Florence. même, fe foulevèrent contre Eugene, & réfolurent de l'arrêter; ils commencèrent par chaffer fes magiftrats, & en créérent fept nouveaux. Eugene alarmé enfin de ces révoltes, & craignant pour fa perfonne, prit le parti de fe fauver fecrétement de Rome en habit de religieux. Il eut beaucoup de peine à gagner dans un petit vaiffeau l'embouchure du Tybre, à caufe du grand nombre de gens qui le pourfuivoient: dès qu'il y fut, il s'embarqua dans une galère à Oftie, d'où il vint d'abord à Pife, enfuite à Florence, où il

AN. 1434.

XCIV. Le concile envoie au

pape deux

fut reçu la veille de S. Jean avec beaucoup d'honneur : ce fut alors qu'il écrivit au concile cette lettre dont on vient de parler. Les Romains cependant pillèrent fon palais, firent prifonnier François Condolmer fon neveu, cardinal de Venife & camérier de l'églife Romaine, & affiégèrent le château Saint-Ange; mais n'ayant pu le prendre, cinq mois après ils rentrèrent dans leur devoir, ils reçurent les magiftrats créés par le pape, & la paix fut faite. Forcebras avoit été tué par un fimple foldat, & Sforce fut déclaré, pendant fa vie feulement, marquis d'Ancône, & porte-enseigne de l'églife Romaine.

Le concile voyant le pape dans un fi grand embarras, & fi vivement perfécuté, lui envoya les cardinaux de SainteCroix & de S. Pierre aux Liens : ils partirent de Bâle le fixième du mois d'Août. Le concile leur recommanda de tra

cardinaux Sigonius in vita Nicolai vailler à apaiser la guerre, & à remettre fous l'obéiffance Cardin.c.14. du pape Eugene & de l'église Romaine, les provinces & les villes qui s'étoient révoltées; & de montrer la fauffeté de ce que publioit par-tout le duc de Milan, que le concile le favorifoit au préjudice du pape. Etant arrivés à Florence, ils témoignèrent au pape la part qu'ils prenoient dans fes difgraces, & lui promirent tout le secours dont ils étoient capables pour rétablir fes affaires. Ces cardinaux avoient beaucoup d'autorité en Italie, & fur-tout le cardinal de SainteCroix, qui s'y étoit rendu très-recommandable par fa probité. Quelques auteurs ont conjecturé que les pères du concile, voyant que ce cardinal étoit oppofé à ce qu'ils faifoient touchant l'autorité du faint fiége, furent bien aises de fe défaire de lui en le chargeant de cette légation.

XCV.

me feßion

Bâle.

Ce fut pendant le féjour du pape Eugene à Florence, qu'on Dix-neuviè- tint la dix-neuvième feffion du concile de Bâle, le mardi fepdu concile de tième de Septembre. On y traita de plufieurs affaires trèsconfidérbles; comme l'union des Grecs avec les Latins, ce Labb. conc. qui regardoit les Bohémiens, & la converfion des Juifs. . XII, p.541. Avant que de parler de tous ces événemens, & pour bien entendre l'union des Grecs, il faut reprendre les chofes d'un peu plus haut, en fuivant la relation qu'en a faite Auguftin Patrice, chanoine de Sienne, & qui eft écrit avec beauNégociation coup d'exactitude, avec une grande fidélité, & d'une maniè du concile re rette & facile.

XCVI.

avec les Grecs.

Cette auteur dit donc que le pape Martin V, ayant com.

mencé de traiter avec les Grecs, on étoit tombé d'accord

que l'empereur, le patriarche de Conftantinople, celui des AN. 1434. Concil. génér Arméniens, l'empereur de Trebizonde, & les autres prélats tom. 111. p. & ambaffadeurs des princes de l'églife d'Orient, viendroient 1927. à un concile général qu'on tiendroit en Italie; & que le pape Eugene ayant renouvellé ce traité après la mort de Martin V fon prédéceffeur, les ambaffadeurs des Grecs vinrent à Rome au commencement de fon pontificat, où, après beaucoup de difputes, on étoit enfin convenu que le faint fiége enverroit fes légats en Orient avec un nombre fuffifant de docteurs, qui affembleroient les Orientaux en concile dans Conftantinople; qu'on y traiteroit de l'union au nom du faint fiége mais les Grecs ayant changé de fentiment, ils furent invités par ceux de Bâle d'y envoyer plutôt leurs ambaffadeurs, ce qu'ils firent. C'étoit Jean Paleologue qui étoit alors empereur des Grecs.

XCVII.

Les Grecz envoient des

Pendant que le pape Eugene fongeoit à rompre le concile de Bâle, il avoit fait offrir aux Grecs d'envoyer au plutôt un légat à Conftantinople, pour y traiter de l'union ambafiade l'églife; mais les pères de Bâle, qui vouloient rompre deurs au con toutes les mesures, le prévinrent, & envoyèrent de leur cile. part avant lui des députés à Conftantinople, pour inviter l'empereur & le patriarche à traiter avec eux, parce qu'ils repréfentoient dans un concile légitime toute l'églife Occidentale; ce que ne feroient pas les légats du pape à Conftantinople, infinuant aux Grecs outre cela, que plufieurs princes, & particulièrement l'empereur Sigifmond, les favorifoient, & qu'ainfi ils en devoient attendre plus de fecours que du pape, dont les affaires étoient en fort mauvais état. L'empereur Jean Paleologue, perfuadé par ces raifons, envoya une célèbre ambaffade au concile : elle étoit compofée de Demetrius Paleologue fon parent, grand-maître de la garde-robe, d'Ifidore abbé de S. Demetrius, du feigneur Jean, diffypate, c'est-à-dire deux fois conful, l'un des officiers du palais. Ces ambaffadeurs traitèrent avec les députés du concile; & après avoir long-temps difputé fur le lieu où fe tiendroit le concile des deux églifes, les Grecs infiftant fur Conftantinople, & les deux députés fur Bâle, enfin les uns & les autres fe relâchant un peu, comme on doit faire pour le bien de la paix en quelques occafions, ils convinrent de ces articles:

XCVIII.

Que le concile fe tiendroit en Occident: que les ambafAN. 1434 fadeurs feroient de bonne foi tout leur poffible auprès de Articlesdont l'empereur & du patriarche, pour les engager à confentir on convient que ce für à Bâle, où l'églife Occidentale fe trouvoit déjà

avec les

Grecs.

CXIX.

font recus au

affemblée ; & fi cela ne fe pouvoit faire, qu'on choisiroit Ancône, ou quelque autre place maritime, ou bien Boulogne, ou Milan, ou toute autre ville qu'on voudroit choifir en Italie ou en Savoie (entendant par-là le Piémont, parce que les Grecs ne vouloient pas paffer par les Alpes.) Que fi l'on vouloit quelque ville hors l'Italie, ce ne pourroit être que Bude en Hongrie, ou Vienne en Autriche : que les pères de Bâle feroient obligés de fe rendre au lieu affigné un mois après qu'il feroit choifi: que l'empereur auffi s'y rendroit avec les patriarches, les métropolitains, les évêques & les députés de ceux qui n'y pourroient venir : que le concile défrayeroit l'empereur, les patriarches & leur fuite, jufqu'au nombre de fept cents perfonnes, durant leur voyage, leur demeure & leur retour; qu'il donneroit huit mille ducats pour fournir aux frais de l'affemblée du clergé Grec, qu'on devoit tenir à Conftantinople pour l'élection des députés qui viendroient au concile ; & dix mille ducats, avec trois cents hommes & quelques galères, pour la défense de la ville durant l'abfence de l'empereur: auquel on rendroit par-tout, aufli bien qu'aux patriarches & aux évêques Grecs, les mêmes honneurs qu'on avoit accoutumé de leur rendre avant le fchifme; fauf néanmoins en tout les droits & les priviléges du pape, de l'églife Romaine, & de l'empereur d'Occident.

Ce traité fut folennellement approuvé & confirmé dans Les ambatia- la dix-neuvième feffion du feptième de Septembre, dans ladeurs Grecs quelle les ambaffadeurs Grecs furent reçus avec beaucoup concile, & d'honneur. Ils y préfentèrent la lettre de l'empereur leur leur traité eft maître, par laquelle ce prince s'engageoit de tenir tout ce confirmé. dont on conviendroir de part & d'autre; & celle du patriarche 1. x11. p. 541. Jefeph, qui témoignoit aux pères du concile la joie qu'il avoit &to. xi. in de voir qu'ils fouhaitoient la paix & l'union des deux égliadis Aug.

Labb. conc.

Patricii.

fes. Pour affermir davantage les articles dont on venoit de convenir, les Grecs demandèrent que le pape les confirmât. On députa donc vers Eugene un chanoine d'Orléans nommé Simon Freyron, pour le prier de joindre fa confirmation à celle du concile. Auguftin Patrice dit qu'Eugene parut fur

pris

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