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de ce concile, fut le foin & l'exactitude qu'ils apportèrent dans la décifion des matières conteftées. Ils ordonnèrent d'abord, que tous les évêques qui venoient au concile se- . roient diftribués en quatre claffes égales, & que chaque claffe feroit compofée de cardinaux, patriarches, archevêques, évêques, abbés, curés & docteurs tant féculiers que réguliers en théologie & en droit canon, de quelque nation ou province qu'ils fuffent. Afin que le nombre de ceux qui compofoient ces claffes fût égal, on choifffoit tous les mois quatre perfonnes, c'est-à-dire une de chaque claffe, qui distribuoient également ceux qui venoient de nouveau. Chacune de ces claffes fe choififfoit un préfident, un fyndic, un notaire, & d'autres officiers. Ils s'affembloient régulièrement trois jours de la femaine, le lundi, le mercredi & le vendredi. Toutes les claffes, ou, pour user des termes du concile, toutes les députations avoient la liberté de conférer ensemble ou séparément, fur les queftions qu'il falloit examiner : & celui qui avoit deffein de propofer quelque chofe, étoit obligé d'en instruire auparavant le préfident & le fyndic de fa députation, qui en avertiffoient leurs confrères. Si une députation étoit d'accord fur quelque point, on avoit coutume de choifir le plus capable de cette députation, qui en rapportoit ia conclufion aux trois autres, avec toutes les raifons fur lefquelles elle étoit appuyée, afin qu'elles puffent auffi dire leur fentiment. Que s'il arrivoit que quelqu'une des claffes ou députations füt partagée en deux partis, quand même le nombre des fuffrages de l'un des deux auroit excédé l'autre, on choisissoit néanmoins un habile homme des deux partis, & on l'envoyoit aux trois autres députa tions, pour y propofer les fentimens & les raifons qu'on avoit de les foutenir. Si les trois députations étoient d'accord, & que la quatrième y trouvât encore quelque difficulté confidérable, on rapportoit la queftion à ces trois claffes, pour y être encore examinée; & fi quelque particulier fe déclaroit incapable de dire fon fentiment fur le champ, on lui donnoit du temps pour confulter fes livres & chercher la vérité. Enfin, on choififfoit tous les mois trois perfonnes intelligentes de chaque claffe, qui s'affembloient toutes les femaines dans les jours vacans, c'est-à-dire dans les jours auxquels les claffes ne s'affembloient pas. Ces douze perfonnes convenoient enfemble fur les délibé

AN. 1431.

AN, 1431.

rations de quatre claffes, elles en faifoient leur rapport au préfident du concile, qui indiquoit l'affemblée générale, pour y dreffer la conclufion fynodale dans une feffion publique.

Cette affemblée générale étoit compofée de quatre nations, qui fe trouvoient dans le chapitre de l'église cathéConc. gener. drale de la ville de Bâle en Suiffe; & là il étoit libre à in edit. reg. chacun de propofer ce qu'il vouloit, fur la queftion qui 4. 30. in fine. avoit été examinée, & fur laquelle on devoit conclure. Après quoi la feffion publique fe tenoit dans l'églife cathédrale. On dreffoit la conclufion, & on l'inféroit dans les actes du concile. Voilà l'ordre qui fut gardé par les pères du concile de Bâle dans les matières contestées. La raison de cette manière d'agir du concile fut pour empêcher les brigues de la nation d'Italie, qui a beaucoup plus d'évêques que les autres, & qui par leur grand nombre auroit pu retarder ou empêcher la réforme de l'églife. On a vu que ce même ordre avoit été gardé, vingt-quatre ans auparavant, dans le concile de Conftance. Les fiècles qui ont fuivi & ceux qui ont précédé ce concile, ne nous fourniffent point d'exemple d'une plus grande exactitude, ni d'une plus grande liberté.

Pour empêcher les conteftations qui pouvoient s'élever fur les rangs, il fut ordonné que celui qu'on auroit dans le concile, & que les qualités qu'on y prendroit, ne pourroient fervir de titre d'un droit acquis, ni préjudicier à personne. Enfin, on accorda à ceux qui affifteroient au concile, le droit de percevoir les fruits deleurs bénéfices,quoiqu'absens, & on nomma les officiers. Les notaires furent Luc de Vilo, fecrétaire du cardinal Julien, & Rodulfe du diocèfe de Genève, auxquels on joignit Henri Nithart docteur en droit canon, & Louis Paris licencié, pour avoir infpection fur les actes qu'on écriroit. On nomma pour promoteurs, Nicolas Ami licencié en théologie, avec Henri Anefter licenciéen droit canon; & Henri Stater doyen d'Utrecht, avec Saudere de Marthufen, furent choifis pour régler les places dans le concile.

Le préfident y affistoit en habits pontificaux, & étoit placé dans la chaire épifcopale près de l'autel, le vifage tourné vers les pères du concile, qui étoient affis en habits pontificaux dans les fiéges des deux côtés du choeur.

Les ambaffadeurs des princes étoient dans le milieu fur des bancs, le vifage tourné vers le préfident; & derrière eux, les généraux d'ordre, les docteurs & les autres eccléfiaftiques. Les prières ordinaires étant finies, un ou deux prélats montoient au jubé, lifoient les décrets, & demandoient fi on les approuvoit: le préfident du concile, & ceux de chaque députation répondoient, qu'ouï; & ainfi finiffoit la feffion.

AN. 143.

VII.

Aflemblée

Charles VII.

Concil gen

Labbe, app.

Tout le temps qui s'écoula jufqu'à la prochaine feffion, qui fe tint l'année fuivante, fut employé en différentes con- de Bourges. grégations, où l'on penfa aux moyens d'empêcher le pape Jean Chart. Eugene de diffoudre le concile, comme il avoit réfolu de le hiftoire de faire. Ce fur pour s'opposer à ce deffein, que les prélats de l'églife de France s'étoient affemblés à Bourges par l'autorité du roi; & qu'ils firent le vingt-fixième de Février quelques règlemens ou chapitres fous le nom d'Avis, dans lefquels ils remontroient que le concile étoit légitimement 1. t. XII. P. convoqué & devoit s'affembler à Bâle, & qu'il ne devoit 813. point être transféré ailleurs: & prioient le roi très-chrétien d'envoyer fes ambaffadeurs au pape, afin de l'engager, eu égard aux befoins de l'églife & au bien général de la religion chrétienne, à continuer le concile de Bâle, & par-là fermer la bouche aux ennemis de la foi & de fa fainteté. Ils fupplioient auffi le roi Charles VII d'écrire à Sigifmond roi des Romains, & au duc de Savoie & de Milan, afin qu'ils tinffent la main à ce concile, & qu'ils euffent foin de rendre les chemins libres, particulièrement du côté de Rome. Amedée archevêque de Lyon, & depuis cardinal, fut choifi dans cette affemblée de Bourges, pour aller trouver le pape, de la part du roi & du clergé. Le roi fut auffi prié d'envoyer fes ambaffadeurs au concile, & de permettre aux prélats de fon royaume de s'y rendre : ce qui leur fut accordé, avec la quatrième partie des dixmes pour leur dépense.

AN. 1432.
VIII.

Lettres cir

Les pères du concile, pour empêcher que les bruits qu'on répandoit de la prochaine diffolut on du concile par le pape, ne détournaffent les autres prélats de venir à Bâle, écrivirent à tous les fidelles le vingt-unième de Janvier de cette culaires des année, qu'ils avoient unanimement réfolu & arrêté de con- pères du continuer le concile, légitimement convoqué & commencé, & cile pour fa qu'ils ne quitteroient point la ville, qu'il ne fût entière

continuation

AN. 1431.

ment fini: ils exhortent un chacun de les affifter, & ordonnent aux prélats, fur les peines de droit, de s'y rendre promptement. Ils écrivirent auffi aux rois & aux princes, pour les prier d'y tenir la main, & d'y envoyer eux-mêmes leurs prélats. La copie des lettres écrites au roi de Pologne se trouConc. t. x. ve dans l'addition des actes du concile. Après toutes ces mefures, on fe prépara à tenir la feconde feffion.

P. 832.

IX.

Elle fe tint le quinzième de Février de cette année 1432; Seconde fef- & le premier décret qu'on y fit, fut pour établir l'autorité fion de con- du concile, & empêcher le pape Eugene de le diffoudre ou cile de Bâle. de le transférer. C'eft pour cela que les deux décrets du

concile de Conftance, de la quatrième & cinquième fefLabbe conc. fion, y furent confirmés. Par le premier, il eft déclaré L. x11.p.477. que le fynode affemblé au nom du Saint-Efprit, qui compofe le concile général & repréfente l'églife militante, a fon pouvoir immédiatement de Jesus-Chrift; & que toute perfonne de quelque état & dignité qu'elle foit, même le pape, eft obligé de lui obéir, dans ce qui regarde la foi, l'extirpation du fchifme, & la réforme générale de l'église dans fon chef & dans fes membres. Dans le fecond, le concile déclare que tous ceux de quelque dignité & condition. qu'ils foient, & le pape même, refufant d'obéir aux ordonnances & aux décrets de ce concile général, & de tout autre, feront mis en pénitence & punis. En conféquence de ces décrets, & de celui qui ordonne la tenue des conciles généraux, le concile de Bâle déclare qu'il n'a pu, qu'il ne peut & ne pourra être diffous, transféré ou prorogé, par qui que ce foit, même par le pape: fans le confentement & la délibération dudit concile. On déclara nul tout

ce que le pape ou tout autre feroit, pour donner atteinte à fa tenue, & pour appeler ailleurs ceux qui y affiftoient ou qui devoient y affifter. On défendit à ceux qui y étoient incorporés, d'en fortir pour quelque caufe que ce fût, fans fon confentement; & on déclara que toutes les cenfures & interdits, ou fufpenfes portées par le pape, contre les fuppôts du concile, feroient nulles, & n'obligeroient en aucune

manière.

La raifon qui obligea les pères à prendre toutes ces précautions, fut la nouvelle certaine qu'on reçut que le pape Eugene avoit donné un décret pour la diffolution du concile. Ce pape ayant appris que toutes les nations, ani

AN. 143.

X.

au cardinal

concile.

mées d'un faint zèle pour la réforme de l'églife fe rendoient en foule à Bâle, & que le nombre des prélats & des docteurs étoit plus que fuffifant pour composer le concile, ne penfa plus qu'à arrêter ce zèle qui l'incommodoit. Dans Le pape écrit cette vue, il envoya l'archevêque de Tarente & l'évêque de Coloffe au cardinal Julien, pour l'exhorter à chercher Julien, de les moyens de rompre le concile, ou de le fufpendre. Son difondre le prétexte éroit, que l'union des Grecs avec les Latins, com- Labbe, conc. mencée dans le concile de Sienne, ne pouvoit point fe trai- xu.p. 934. ter à Bale, fi les Grecs n'y étoient préfens; & qu'ils ne pouvoient s'y trouver qu'après un temps confidérable, à cause de leur grand éloignement. Il croyoit ces raifons fuffifantes pour rompre le concile, & le transférer à Boulogne en Italie; à quoi il ajoutoit que cette ville lui feroit auffi plus commode, & qu'alors il pourroit affifter au concile & y préfider.

Comme le véritable deffein du pape ne tendoit qu'à empêcher la réforme de l'églife, les pères voulant pourvoir à la fureté du concile, renouvellèrent les deux décrets de Constance, déjà rapportés, & ordonnèrent que le pape ne pourroit rompre le concile, ni le transférer ailleurs. Ce qui montre que ces deux décrets avoient, au temps du concile de Bâle, la même autorité & la même force qu'ils avoient eue, pendant le fchifme qui donna occafion au concile de Conftance; puifqu'ils ont été confirmés à Bâle, & que le concile ordonna qu'ils fuffent inférés dans fes actes après l'extinction du fchifme. Il n'eft donc pas vrai, comme le prétendent quelques auteurs, que ces deux décrets n'ont été approuvés que par le parti de Jean XXIII durant le fchifme feulement, lorfqu'on doutoit encore du chef légitime de l'églife, puifqu'Eugene étoit alors reconnu univerfellement pour pape.

Ces précautions prifes par les pères du concile, ne parurent pas fuffifantes au cardinal Julien, qui fe crut obligé d'écrire au pape, pour lui remontrer avec une liberté entière, accompagnée toutefois du profond refpect qu'il lui devoit, combien il étoit éloigné de vouloir diffoudre le concile, envisageant cette diffolution comme la ruine & la perte de l'églife. Æneas Sylvius a rapporté les deux lettres de ce cardinal, qui font d'un ftyle vraiment apoftolique, plein de force & d'une liberté chrétienne qui règne par tout.

.

En. Sylv. in Fafcic.

rum,

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می و نامع

inter ejus ope

ra.

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