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Pour nous quel creve cœur de voir que dans le tems
Qu'il faut avec douleur nous ruïner les dents
A caffer une croute, épaiffe, feche & dure,
Le valet à nos yeux devore une entameure,
Dont le bizeau doré tout tendre & ragoûtant
Semble fondre en fa bouche, & paffe en un inftant.
Tout le monde le fçait. Chez les gens de pratique
Un laquais,'un cocher, le moindre domeftique
A fes repas aura meilleure portion

Qu'un jeune homme bien né qui donne penfion.
Ce qui me femble encor une injuftice atroce,

C'est que
Pour nourrir fes chevaux le Procureur a foin

voulant rouler à peu de frais carroffe

D'épargner fur fes Clercs & la paille & le foin:

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Du merite duquel nul merite n'approche,
Conviens que pour monter au rang dont tu jouis,
Il te falut fouffrir des tourmens inoüis.

Toi qui n'ignores pas que par mauvaise rufe
De fes timides Clercs tout Procureur abufe
En ufurpant fur cux la retribution

Que leur doit raporter chaque * taxation ;

* Taxations, de depens, dans lesquelles le Clerc qui à travaillé aux écritures à un fol par artiche.

Tu fçauras que le mien me fufcite querelle

Et me fait tous les jours quelque peine nouvelle
Pour m'obliger enfin par les emportemens

A lui ceder ma place & mes émolumens.
Croirois-tu qu'il me fait un crime impardonnable
De ce que tranfporté d'une audace loüable,
Je parois rechercher avec empreffement
D'être membre du corps dont tu fais l'ornement.
Fais donc que notre état reçoive une autre forme,
De ces crians abus fais faire la reforme :

Quant à moi, je ferai content & fatisfait,
Si ce petit ouvrage ayant un bon effet,
Prouve à tout afpirant que c'eft n'être pas fage
Que de s'embarraffer dans ce rude efclavage.

Mais enfin il eft tems, achevons ce recit; Concluds, ami Lecteur, de tout ce que j'ai dit, Que jamais il ne fut de condition pire

Que celle qu'à tes yeux je finis de décrire,

Et que

vouloir pour Clerc au Palais s'inftaler,

C'est vouloir à tous maux foi-même s'immoler.

FIN.

4

JA

APPROBATION.

A1 lu par ordre de Monfeigneur le Chancelier Le Miroir de patience,&c. A Paris ce 18. Octobre 1711. figné,

COULT DE MONTBAYEUX.

OUIS

La

la

par grace de Dieu, Roi de France & de Navarre, à nos amez & feaux Confeillers, les gens tenans nos Cours de Parlement, Maîtres des Requêtes ordinaires de notre Hôtel, Grand Confeil, Prevôr de Pa res, Baillifs, Senéchaux, leurs Lieutenans Civils, & autres nos Jufticiers qu'il appartiendra, falut. Le fieur *** nous ayant fait fupplier de lui accorder nos Lettres de Per miffion pour l'impreffion d'un livre intitulé Le Mroir de patience, ou la Mifere des Clercs d Procureur: Nous avons permis & permettons par ces Prefentes audit *** de faire imprimer ledit livre en telle forme, marge & caractere, & autant de fois que bon lui femblera, & debiter par tout notre royaume, pendant le tems de trois années entieres & confecutives, à compter du jour de la datte defdites Prefentes. Faifons défenfes à tous Imprimeurs, Libraires & autres perfonnes de quelque qualité & condition qu'elles foient, d'en introduire d'impreffion étrangere dans aucun lieu de notre obéïffance; à la charge que ces Prefentes feront enregistrées tout au long fur le Regiftr. de laCommunauté des Imprimeurs & Libraires de Paris; & ce dans trois mois de la datte d'icelles que l'impreffion dudit Livre fera faite dans notre Royaume & non ailleurs, en bon papier & en beaux caracteres, conformément

aux Reglemens de la Librairie; & qu'avant de l'expofer en vente, il en fera mis deux exemplaires dans notre Biblioteque publique, un dans celle de notre Château du Louvre, & un dans celle de notre tres-cher & feal Chevafier Chancelier de France le fieur Phelipeaux, Comte de Pontchartrain, Commandeur de nos Ordres, le tout à peine de nullité des PreLentes du contenu defquelles vous mandons & enjoignons de faire jouir l'expofant, ou fes ayans caufe pleinement & paisiblement,fans fouffrir qu'il leur foit fait aucun trouble ou empêchement Voulons qu'à la copie desdites prefentes, qui fera imprimée au commencement ou à la fin dudit livre, foi foit ajoûtée comme à l'original: Commandonsau premier notre Huiffier ou Sergent de faire pour l'execution d'icelles tous actes requis & neceffaires, fans demander autre permiffion, & nonobtant clameur de haro, charte Normande, & Lettres à ce contraires; car telle eft notre plaifir. Donné à Verfailles, le 28 Juillet, l'an de grace mil fept cent onze & de notre regne le foixante-neuvième.

de

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CHUBERE'.

Registré fur le Livre de la Communauté des Libraires & Imprimeurs de Paris, numero conformement aux Reglemens, notamment à l'Arrêt de la Cour de Parlement du 3 Decembre 1705. Ce 16 Novembre 1711.

Josse, Syndic.

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