barils de ris, pour de la poix, du tar, & d'autres productions naturelles de la Georgie, dont j'efpere de l'avantage. Que ne doit-on point attendre de cette belle Colonie, lorfqu'elle fera fortifiée & foigneufement cultivée ?

Au mois de Mai 1735, les Habitans de Savannah avoient fini prefqu'entierement leur Fort, & leurs maifons, dont la plupart font de brique, étoient déja en fort grand nombre. Au commencement de Janvier de l'année fuivante, cent cinquante Montagnards Ecoffois arriverent à Savannah, dans le deffein de s'établir fur la frontiere de cette Colonie qui touche aux Terres des Espagnols. Ils s'arrêterent quelque tems à Savannah, pour attendre M. Oglethorpe qui devoit y retourner de Londres; mais ennuiés de fon retardement, ils fe rendirent d'euxmêmes fur les bords de la Riviere Alatamaha, & s'y firent un établissement à douze mille de la mer. Ils commencerent par conftruire un petit Fort, où ils mirent quatre pieces de canon qu'ils avoient apportées. Ils bâtirent un Corps-de-Garde, un Magafin, une Chapelle, & plufieurs Barraques auf

miner les raifons qu'ils avoient de fouhaiter ce changement. La diftance eft d'environ une journée de chemin. Il fut furpris de trouver déja un pont de brique, long de quinze pieds & large de dix, bâti fur la riviere, quatre bons édifices de charpente pour l'Eglife & les Ecoles, un Magafin public, un Corps de Garde, & quantité de maifons, que les Saltzbourgeois étoient refolus d'abandonner pour s'établir dans un autre lieu. Il s'efforça de leur ôter cette penfée; mais leurs raisons leur paroiffant les plus fortes, il fut obligé de fe rendre à leurs prieres & à leurs larmes. Le lieu où il leur permit de fonder une autre Ville a pris le du nouvel Ebenezer. M. Oglethorpe alla prendre poffeffion le 12, de l'Ifle de Saint Simon, où il arriva en deux jours. Il y laiffa du monde pour bâtir un Fort & s'y former auffi un établiffement.

nom

Enfuite il vifita les Ecoffois dans leur Ville de Darien, dont il trouva les ouvrages fort avancés, & la campagne déja changée de forme aux en-' virons. Etant retourné quelques jours

après

après à l'Ile de Saint Simon, il n'admira pasmoins la diligence des gens qu'il y avoit laiffés. Le Fort dont il avoit tracé le plan devoit être flanqué de quatre Bastions, défendus par un large foffé & par quelques ouvrages exterieurs. Il avoit déja pris la forme, & l'entreprise fut achevée au mois d'Avril de la même année. Derriere le Fort, M. Oglethorpe marqua le lieu d'une bonne Ville; & diftribuant le terrain à fes gens, il les exhorta à profiter de la faifon pour la culture des terres autant que pour les édifices.

Après fon retour de l'Ile de Saint Simon, le Mico Tomochichi & fon neveu vinrent le vifiter à Savannah avec un corps de leur Nation, & lui apporterent une fi grande quantité de Chevreuils, que pendant plufieurs jours toute la Colonie n'eut pas d'autre nourriture. Ils lui dirent que leur deffein étoit d'aller à la chaffe du buffle jufqu'aux frontieres des Efpagnols. Mais jugeant par quelques mots qui leur échaperent, qu'ils penfoient à tomber fur les Gardes de l'Espagne, il leur propofa, dans cette crainte, de partir avec eux &

Tome II.

I

quels ils donnerent le nom de Da

rien.

,

Les de Février, deux Vaiffeaux, P'un nommé le Symonds, fous le Capitaine Cornish, & l'autre Thelondon Marchant fous le Capitaine Thomas, ayant à bord M. Oglethorpe & trois cens hommes, pafferent la Barre de Tybée, & mirent à l'ancre dans la route de Savannah. M. Oglethorpe vifita l'Etabliffement de Tybée, pour en reconnoître les progrès. Le 6, il arriva au Port de Savannah, où il fut reçu, avec une décharge de l'artillerie, par tous les Citoyens fous les armes. Son premier foin fut de faire bâtir une Eglife folide, & conftruire un Quai au long de la Riviere. Il forma une Compagnie de cent hommes pour achever les fortifications, & pour percer des chemins de communication d'un Etablissement à l'autre. Outre celui des Saltzbourgeois, qui avoient fondé une Villenommé Ebenezer, celui des Ecoffois, qui portoit le nom de Darien, & ceux de Anglois, qui s'étant difperfés dans les endroits les plus fertiles du Pays, en avoient formé plu

Leurs autres dont j'ai déja rapporté les noms. Une Colonie de Suiffes raffemblés à Calais en 1734, où les Vaiffeaux d'Angleterre les étoient allé prendre avec la permiffion de la Cour de France, & rendus enfin à la Georgie dans le cours de la même année, avoit jetté auffi les fondemens d'une Ville nommée Puryfbourg, du nom de M. Pury leur Chef,

Le 7, tous les Chefs de la Colonie Suiffe, dont les principaux étoient M. Hutor, Berenger de Beaufain, M. Holzindorff, & M. Fifsley Dechillon vinrent faire leurs complimens à M. Oglethorpe, & lui communiquer l'état de leur établissement. Le jour fuivant M. le Baron Vankeek, Chef des Saltzbourgeois, accompagné de deux Miniftres, vint d'Ebenezer, à la prie re de fon Peuple, pour fupplier M, Oglethorpe de trouver bon que leur Etabliffement fût transferé du lieu où il étoit, à l'embouchure de la Riviere, & que les nouveaux Saltzbourgeois qui étoient arrivés avec lui euffent la liberté de fe joindre à leur Colonie. M. Oglethorpe fe rendit à Ebenezer avec le Baron, pour exa