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par l'extrait qu'il nous a donné des écrits de cet Auteur, nous fait efpérer qu'il avancera confidérablement l'Hiftoire générale des Plantes.' C'eft pour le feconder que je lui ai offert le catalogue de celles qui naiffent dans les montagnes d'Auvergne, dans le Bourbonnois & dans les confins de ces provinces, avec les descriptions des moins communes que j'y ai trouvées; j'abandonne volontiers l'ouvrage particulier que j'avois deffein de donner fur ces Plantes, pour contribuer à l'Hiftoire générale que l'Académie a commencé, & à laquelle feu MM. Marchant & Dodart ont beaucoup travaillé, & dont M. Marchant le fils eft préfentement chargé.

A l'égard de l'Hiftoire particulière des Plantes ufuelles, celle que M. Tournefort a donnée fur les Plantes des environs de Paris, m'a fervi de modèle, foit par rapport à la théorie qui regarde l'intelligence des Auteurs, & la connoiffance des Plantes dont ils ont parlé; foit par rapport à la pratique, c'est-à-dire, à l'application de ces mêmes Plantes dans les maladies, & le choix de leurs propriétés les plus affurées.

Pour ce qui eft de la manière dont on doit traiter chaque Plante en particulier, il me paroît qu'avant que de parler de fes ufages, il faut apprendre à la bien connoître, & favoir la diftinguer d'une autre Plante qui lui reffemble, soit par fon port extérieur, foit par quelqu'une de fes parties, & dont néanmoins les vertus font fouvent fort oppofées : il feroit néceffaire pour cela d'en donner la figure, & d'y joindre une defcription affez étendue pour faire remarquer les modifications que la figure ne peut repréfenter. Mais pour fuppléer aux figures & aux defcriptions que je n'ai pu mettre dans cet Abrégé, je me fuis attaché à choifir entre les Auteurs les plus connus dans la Botanique, ceux qui ont donné les meilleures figures & les defcriptions les plus com

plettes; & j'ai cité le plus correctement qu'il m'a été poffible les différens noms qu'ils ont impofés à chaque Plante. Après tout, ce petit ouvrage, pour être plus parfait, fuppofe les démonftrations particuliè res qui fe font de ces Plantes au printemps & en été, faifons favorables dans lesquelles on pourra les examiner dès leur naiffance, dans leur progrès & dans leur perfection.

Pour ce qui regarde les noms des Plantes, on en trouvera ici un dénombrement affez confidérable, qui contribuera à l'éclairciffement de la Botanique, que la multiplicité des noms a remplie d'équivoques & de confufion; car un même nom fe trouve quelquefois appliqué à différentes Plantes, & une même Plante eft fouvent indiquée par différens noms. Pour diffiper cette obfcurité, après avoir défigné les noms françois, lorfque les Plantes en ont un ou plufieurs; j'ai marqué les fynonymes latins, donnés par les Auteurs les plus célèbres. Celui de Gafpard Bauhin, dont le Pinax ou le Dictionnaire eft entre les mains de tout le monde, m'a paru devoir être cité le premier; enfuite celui de Jean Bauhin fon frère, dont l'Hiftoire générale des Plantes eft une bibliothèque univerfelle des Auteurs qui ont paru jufqu'à lui j'y ai fouvent joint celui de Dodonée qui a écrit des Commentaires fur Théophrafte avec affez d'exactitude. Je n'ai pas oublié les Synonymes de Meffieurs Morifon, Tournefort & Ray, lorfqu'ils ont jugé devoir rapporter les Plantes à d'autres genres. Ceux qui ont écrit fur les vertus des fimples ou fur les drogues étrangères, comme Tragus, Lobel, Clufius, Dalechamp, Hernandes, Hermant, Marcgravius, Pifon, Ammant, Konig & quelques autres, font auffi indiqués dans ce catalogue. Je n'ai pas omis certains noms grecs, arabes ou barbares qui font en ufage dans les livres de Pharmacie. En un mot, j'ai tâché de ne rien laiffer à de

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firer à ceux qui veulent s'inftruire parfaitement dans la connoiffance des végétaux, pour les mettre en état de n'être point arrêtés dans la lecture des Auteurs qui ont écrit fur les propriétés des Plantes & fur les compofitions de Pharmacie.

Après avoir défigné les meilleurs noms des Plantes, & cité ceux qui les ont nommées différemment, il conviendroit d'examiner leurs fentimens, de les concilier enfemble, & de rendre raifon de la variété de leurs opinions, en faifant remarquer les fautes de quelques-uns, & ce qui les y a fait tomber; ce qui s'appelle la critique des Auteurs. Je n'aurois pu le faire dans cet Abrégé, fans paffer les bornes que je m'y fuis prescrites; j'ai mieux aimé m'étendre un peu davantage dans ce qui regarde les vertus des Plantes, mon but principal étant de rendre les jeunes Médecins capables de fe fervir utilement des fecours que les Plantes leur fournissent fi abondamment.

Pour y parvenir, je me fuis particulièrement attaché à remédier aux inconvéniens dans lefquels font tombés les anciens Botaniftes, & après eux la plupart de leurs Commentateurs, qui s'étendent fouvent fur les propriétés d'une Plante à laquelle ils attribuent de grandes & rares qualités, fans marquer précisément la partie de cette Plante qu'il faut employer, & négligent la dofe & la manière dont on s'en doit fervir; ce qui me paroît cependant d'une conféquence infinie, une même Plante ayant fouvent différentes vertus dans fes différentes parties, & la dofe d'un remède contribuant beaucoup à fon action.

J'ai tâché d'éviter auffi l'erreur de ceux qui outrent, avec une complaifance exceffive, les avantages d'une Plante dont ils font une panacée, & un remède univerfel. Ne contribuerai-je pas autant à l'utilité publique en marquant les mauvaifes quali

tés des Plantes, qu'en étalant pompeufemeut leurs vertus? Et ne ferai-je pas auffi bien d'examiner fcrupuleufement les circonftances & les cas particuliers où leur ufage peut être nuifible, comme de faire connoître dans quelles occafions on peut s'en fervir avec fuccès? Un même remède ne convient pas toujours dans une même maladie : la complication d'accidens & la diverfité des fymptômes obligent fouvent un Praticien habile à changer la méthode ordinaire, & à s'accommoder à un cas particulier, dont il fait fon objet principal. De-là ce petit nombre de vrais fpécifiques, de-là les terribles inconvéniens dans lesquels tombent ceux qui donnent trop à l'expérience, & qui négligent la méthode, lefquels ayant vu réuffir deux ou trois fois un remède, le prônent hautement, l'appliquent fans difcrétion à toutes fortes de maladies, & en font, comme parle le vulgaire, une felle à tous chevaux.

Pour prévenir ce malheur, & mettre les jeunes Médecins en état d'éviter ces écueils dangereux, après avoir marqué dans cet Abrégé les noms & les parties de la Plante qu'on emploie ordinairement, la dofe & la manière de s'en fervir, je ne leur attribue que les vertus les plus univerfellement approuvées par les Auteurs dignes de foi, & celles qu'une longue fuite d'expériences a confirmées : j'y ai joint auffi quelques-unes des obfervations que j'ai recueillies dans l'exercice de la pratique; obfervations néceffaires pour faire une jufte application des Plantes. Enfin, pour rendre cet Abrégé plus complet, j'ai fait une courte énumération des principales préparations de la Pharmacie, dans la compofition defquelles la Plante eft employée, afin de rappeler dans la mémoire la vertu du remède compofé, & l'effet du remède fimple.

Pour ce qui eft de la manière de fe fervir des Plantes & de leur dofe, je dois faire ici remarquer

en général qu'on les emploie fraîches ou sèches, en décoction ou en infufion, ou en substance, entières ou en poudre. La plupart des racines fraîches & menues s'ordonnent, auffi bien que les feuilles, par poignées, après les avoir nettoyées de la terre & des feuilles mortes ou pourries. Les racines plus groffes fe prescrivent ordinairement au poids d'une once fur chaque livre d'eau. On emploie les fleurs par pincées, & les femences au nombre, quand elles font groffes, & au poids, lorfqu'elles font menues. Il eft bon d'obferver, lorsqu'on prefcrit des apozèmes, tifanes, infufions ou décoctions, que les racines sèches, les bois & les écorces doivent bouillir, étant compactes & dures, & jamais les feuilles, qui, comme les fleurs, ne doivent se jeter dans la liqueur que lorfqu'on la retire du feu, auffi bien que la régliffe & les autres drogues gluantes. Ces préparations ne doivent point être trop chargées d'ingrédiens; car, au lieu d'une liqueur coulante & légère, qui foit capable de fe diftribuer facilement dans le fang, on fatigueroit l'eftomac des malades par une efpèce de mucilage épais qui les gonfieroit, & qui leur feroit plus préjudiciable qu'utile.

Examinons préfentement l'ordre que j'ai obfervé dans le dénombrement des Plantes ufuelles, & la divifion de leur hiftoire, dont je préfente le plan & l'abrégé.

La plupart des Traités de Plantes dont on fe fert en Médecine, font diftribués par ordre alphabétique, ou fuivant leurs genres. J'ai cru que je ne devois pas fuivre ces modèles, parce que les Plantes dont les vertus font différentes ou oppofées, s'y trouvent confondues; & lorfqu'on veut choifir entre les fimples qui ont une même propriété, ceux qui conviennent le mieux à fon fujet, ou qu'on peut avoir plus facilement, il faut fatiguer fa mémoire

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