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DE LA COUR

DE

PHILIPPE-AUGUSTE.

TOME TROIS IEME.

A AMSTERDAM,
Chez JEAN PAULI,

la Veuve de P.DE COUP.

M DCC XXXIII.

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ANECDOTES

DE LA COUR

DE

PHILIPPE AUGUSTE

P

HILIPPE - AUGUSTE nelaiffa pas long-tems Adelaide dans l'inquiétude où elle étoit; il alla à Chelles dès le lendemain. L'eftime que j'ai pour vous, Mademoifelle, lui dit-il, me fait penfer que vous puniffez Alberic d'une faute que j'ignore, & qui, en me l'apprenant, va fans doute vous juftifier à fon égard, à celui d'Enguerrand, & au mien Expliquez-vous, Mademoiselle; fur- tout parlez-moi fans détour. Tome III.

A

Ma

Ma bonté fera la récompenfe de votre fincérité; elle peut feuleme taire tout excufer: mais redoutezmoi, fi vous cherchez à me déguifer la vérité. Songez qu'elle pourroit percer à travers le nuage dont vous croiriez la couvrir. Je vais parler, SIRE, repartit Adelaïde, avec la fincerité qu'exige la ref pect dû à Votre Majefte, & me rendre du moins par-là, digne de fes bontez. Je n'ai point, SIRE, de reproches à faire à Alberic: fa naiffance, les biens & les dignitez dont Votre Majefté a comblé fa Maifon, l'amitié dont vous honorez ce Seigneur, fon mérite, à qui je rends juftice, fes attentions pour moi, fa refpectueule paffion, mon eftime enfin, tout m'auroit portée à le choifir moi-même pour époux, fi j'avois pû vaincre l'éloignement extrême que j'ai à me donner un maître. Il eft tel cet éloignement, que j'ai crû, pour échapper à la néceffité d'obéir à mon pere, pouvoir lui préférer un engagement éternel dans cette retraite. Je me fuis trompée, SI RE:

je

je redoute également tout lien, & c'eft en embraffant les genoux de Votre Majefté, pourfuivit Adelaïde en le profternant aux pieds du Roi, que je la conjure de me garantir de la dure néceffité de faire aucun choix. Quand vous me dites, Mademoiselle, repliqua le Roi en la regardant fixement, que vous ne fçauriez vous réfoudre à faire un choix, n'en auriez-vous point fait un? Adelaïde ne fçait point feindre, répondit-elle; Enguerrand dès ma plus tendre enfance, m'a familiarifée avec la vérité, le courage &ila vertu. Mais pourquoi, Mademoifelle, avez-vous attendu.jusqu'au dernier moment pour déclarer vos fentimens par une fuite fi condamnable? Je crains mon pere; repartit Adelaïde, autant que je le respecte: cependant SIRE, j'ai ofé lui laiffer appercevoir quelle étoit ma repugnance à foumettre monfort aux caprices d'un époux. Ma mere& mon frere l'ont conjuré de ne pas me faire violence; j'ai enfin embraffé fes genoux, mais inutilement. J'ai combattu contre moi même, pour A 2

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