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MENAGIANA.

PREMIERE PARTIE.

E fis donner fept mille livres à M. Gaffendi par un Agent du Clergé, qui ne l'avoit été qu'après être convenu de lui faire part de les émolumens ; je follicitai auffi malgré lui un legs qu'on lui refufoit. M. de Peirefc, outre tous fes livres & inftrumens de Mathématique, ayant de plus laiflé à M. Gaffendi *cent volumes en tout genre de litterature à choisir dans fa Bibliotheque, M. Palaméde Fabry Sr de Valavès, frere & héritier du défunt, n'exécutoit point cet article du teftatnent M. Gaffendi de fon côté n'ofoit demander fon legs, en forte qu'il falût que les amis agiffant pour lui,obligeaflent l'heritier par la voie de la juftice a fatisfaire à la volonté du teftateur. M. Gaffendi demeuroit chez Tome I.

A

M. de Mommor Maître des Requêtes, & c'eft chez lui qu'il eft mort. La Bibliothéque de M. de Peiresc fut apportée à Paris & vendue au College de Navarre. Ce ne font pas les lettres de M. de Peirefc qui font tombées entre les mains de M.deMazaugues,c'eft une partie de celles qui lui ont été écrites par tous les favans de fon fiécle avec lefquels il avoit corref pondence. On prétend qu'il en avoit laiffé près de cent volumes tant de fa main que de celle de fes Secretaires. M. Sibon Avocat au Parlement d'Aix en avoit dix volumes chez lui. M. Spon qui en parle au commencement du Tome 1. de fes voiages, dit qu'un de ces manufcrits traitoit des poids & des mefures des Anciens. Un autre purement de rechers ches généalogiques. Deux des langues Orientales. Deux d'Epitaphes, & d'autres infcriptions antiques. Ces volumes aiant depuis paflé à M. Bégon, M. de Mazaugues n'a rien oublié pour tâcher de les recouvrer, jufqu'a faire un procès aux héritiers de celui de qui les a cus M. Bégon, à qui néanmoins ils font demeu rez & qui les conferve précieufement. On me difoit dernierement que la fotife d'une Niece de M. de Peiresc nous avoit fait perdre un très-grand nombre de ces

lettres. Elle en avoit un cabinet plein, & les brûloit pour allumer fon feu. Parmi celles qui ont péri je regrette principalement les Latines & les Françoifes de M. Saumaife, lefquelles à en juger par le petit nombre de celles queClementius nous donna en 1656. devoient être remplies d'une grande érudition. Je me fouviens avoir écrit en 1663. à M. Huët, qu'un Savant de Leyde s'en retournant de France en Hollande fut volé par des Soldats qui lui prirent tous fes papiers, parmi lefquels étoient plufieurs lettres anecdoctes de M. Saumaife, la plûpart écrites de la propre main de l'Auteur.

Jamais Miniftre ne fut ni plus laborieux, ni plus exact que le Cardinal Antoine Perrenot, dit vulgairement le Cardinal de Granvelle. Il confervoit toutes les lettres qu'on lui écrivoit ; jufqu'à des lettres de compliment, jusqu'aux lettres de fes neveux jeunes écoliers qu'il faifoit élever à Louvain & qu'il obligeoit de lui écrire en Latin. On peut juger de là s'il gardoit les lettres d'affaires. Il en avoit laiffé dans plufieurs coffres de fon Hôtel à Besançon une quantité prodigieufe en differens langages, toutes notées, apoftillées, ou foulignées de fa main, avec plufieurs copies de fes répon

fes dans les affaires importantes. Ces ra res monumens furent bientôt après fa mort* portez dans un galetas, & abandonnez aux rats, & à la pluie. Au commencement les domeftiques, peu après les enfans du voifinage alloient familierement prendre de ces papiers. Enfuite comme on eut befoin de cinq ou fix caifles, un Maître d'Hôtel habile, pour montrer qu'il ne laiffoit rien perdre vendit à des Epiciers les lettres qui étoient dedans.On fe trouva enfin fi embarraflé de ces papiers, qu'on les deftina à la garderobe, & c'eft ce qui les fauva. M. Jule Chifflet Abbé de Balerne, Confeiller au Parlement de Befançon, & autrefois Chancelier de l'Ordre de la Toifon-d'Or, s'en fit apporter une très-grande quantité. Il en tomba d'autres entre les mains de plufieurs perfonnes de toute condition.M. Boifot Abbé de S. Vincent § ramaffa pref que tous les débris de ce grand naufrage. Le Comte de S. Amour & le Baron de Thoraife lui donnerent ce qui leur en reftoit. M. Chifflet voiant que ce qu'il en confervoit n'étoit rien au prix de cè

Le Cardinal 'e Granvelle mourut à Madrid le 21, Septembre 186. âgé de 69 ans, un mois.

Jean-Baptifte Boifot Abbé de S. Vincent de Befançon, mort le 4. Décembre 1694. âgé de $7.2115.

qu'en avoit raffemblé M. Boifot, l'en accommoda de fort bonne grace. De fon côté M. Boifot acheta ce qui en étoit disperse ça & là. Il y ajoûta plufieurs pieces originales, tant anciennes que mo dernes, déterrées en divers endroits : & pour prévenir un malheur pareil au précedent, il eut foin de les faire relier. Il ent avoit déja plus de 80. gros volumes in folio. Ce ramas confifte en une fort grande quantité de lettres originales des Empereurs Charles-Quint, Ferdinand 1. Maximilien II, de Philippe II. Roi d'Espagne, de Marie Reine de Hongrie, d'Eleonore Reine de France, de Marie Stuart Reine d'Ecoffe, de Chrétienne de Dannemarc Duchefle de Lorraine, des deux Marguerites d'Autriche, l'uneDucheffe douairiere de Savoye, l'autre Ducheffe de Parme, toutes deux Gouver nantes des Paiis- Bas. Pluficurs de ces lettres font écrites de leur main. Les autres font en chiffre. M. Boifot a trouvé moien de les déchiffrer, à la faveur d'une ligne mal effacée, qui lui a aidé à deviner tout le reste. Les Ambaflades de Jean de S. Mauris en France, de Simon Renard en France & en Angleterre, de M. de Chatonnay frere du Cardinal de Granvelle en Allemagne, contiennent treize

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