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dans le pays de Ho-pe, c'est-à-dire au nord du Hoam, on n'y trouveroit aucuns fecours, & qu'on auroit toujours à craindre que les voleurs qui y étoient ne coupaffent les vivres. Pendant ce tems-lå Hum-pie Général de Kao-tcou faifoit le fiége de Tce-tcheou; comme cette ville tenoit ferme, Kao-tçou fongeoit à faire revenir fon Général qui n'avoit pas un nombre fuffifant de troupes; mais cette démarche parut dangereufe dans fon Confeil; on craignit que la levée du fiége ne fît déclarer en faveur des Kitans les villes qui venoient d'être foumises, & que tout l'Empire ne fe foulevât. Kao-tçou étoit encore incertain; mais Hum-pie l'affura qu'il falloit continuer le fiége: les Généraux ennemis, Yen-hiun, Tçong-moei & Ye-la Roi des Tartares Ki, avoient réuni leurs troupes pour aller attaquer Ho-yam; mais Vou-him-te fit fi bonne contenance que ennemis abandonnerent ce deffein & fe retirerent plus au nord, tous les Kitans qui restoient encore dans le midi les fuivirent.

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Hum-pie ou Su-hum-pie étoit fevére, il faifoit obferver une exacte difcipline dans fon armée; il falloit que tout le monde lui obéit fous peine de mort. Les foldats qui fe repandoient dans les campagnes pour aller à maraude & pour inquiéter les habitans, étoient auffi punis de mort; ils n'avoient pas même la liberté de s'écarter de leurs chevaux. Cette difcipline rendit fon armée formidable, toutes les villes devant lefquelles il fe préfentoit étoient prises. C'est par le courage de ce brave Officier que Kaotçou trouva le moyen de s'approcher de la capitale de l'Empire fans tirer l'épée.

Han Général des Kitans ayant appris que Kao-tçou avoit pris la route du midi, fongea à fe retirer dans le nord; mais il craignoit que l'Empire de la Chine étant fans Empereur, il n'y furvînt de grands troubles. Ces Kitans ne regardoient pas alors Kao - tçou comme Empereur. Il y avoit alors dans Lo-yam un Prince Chinois nommé Tçungye auquel ces Tartares avoient donné quelque-tems auparavant le titre de Roi de Hiu. Il étoit fils de Mimtçong, Empereur de la Dynaftie des Tam de la Horde des

Après J. C.
Kao-tçou.

L'an 947.

Après J. C.
Kao-tçou.
L'an 947.

Cha-to. Le Général des Kitans, malgré les ordres de fon Empereur, voulut le faire commandant général de l'Empire de la Chine & l'envoyer à Heng-tcheou. Le jeune Prince s'étoit caché avec fa mere Chou-poei. Han ne laissa pas de lui donner le titre d'Empereur. Tous les chefs de l'armée vinrent faluer ce Prince & fa mere. Cette Princeffe leur dit les larmes aux yeux, mon fils eft trop jeune & trop foible pour foutenir le poids d'une couronne, le choix l'on que vient de faire de lui va caufer la perte de ma famille. Le Général des Kitans lui laiffa mille hommes pour fa garde & fe retira. Tçung-ye manda les Généraux Kao-bing-tcheou & Vou-him-te qui ne voulurent point fe rendre à fes ordres; alors la Princeffe fit affembler tous les Officiers, & leur propofa d'implorer la protection de l'Empereur Kaotçou. La plupart ne furent point de cet avis, & dans l'espérance que les Kitans enverroient des fecours, ils prétendirent qu'il étoit plus convenable de raffembler ce qui reftoit de troupes pour se défendre ; » quoique mon fils dit »la Princeffe, foit le malheureux refte d'une famille dépouil»lée du trône, peut-il aujourd'hui difputer l'Empire? Quand >>Kao-tçou apprendra mes intentions, il fera retomber fur vous tout le mal que vous allez caufer: elle perfifta dans ce fentiment malgré fes Officiers, & Tçong-ye fe déclara fujet de Kao tçou. Quelques troubles qui arriverent alors dans l'Empire des Kitans, obligerent Ouo - yo de quitter les frontiéres de la Chine pour aller à la défense de l'Empire qu'on vouloit lui enlever, il laiffa feulement un Officier dans Heng-tcheou.

Pendant ce tems-là Kao-tçou fe rendit maître de Kiangtcheou (a) dans laquelle commandoit Tçong-lang; d'un autre côté les Kitans ayant à leur tête leur Général Han revinrent à Heng-tcheou; mais Kao-tçou étoit déja entré dans Lo-yam où tous les Officiers étoient venus au devant de lui. Il fit publier que tous ceux qui auroient reçu leurs charges des Kitans n'euffent rien à craindre ; il fe contenta de faire brûler leurs patentes. Il leur avoit envoyé au

(*) Aujourd'hui Tching-pim-hien dépendante de Pim-yam-fou.

paravant Kuo-tçong - y dans le palais de Ta-leam, après lui avoir ordonné fecrettement de tuer Tçong-ye & fa mere. Kao-tçou. Après J. C. Quel crime a commis mon fils, dit cette Princeffe en mou- L'an 247 rant, & pourquoi ne lui point laiffer la vie, afin que tous les ans il puiffe aller rendre fes devoirs au tombeau de fon pere Mim-icong? Tout le monde fut touché de la mort de ces deux perfonnes: Kao tçou fe rendit à Ta-leam où tous les anciens Officiers des Tçin vinrent fe foumettre. Il donna à Pien-tcheou le titre de Cour orientale, à fa Dynastie le nom de Han & le titre d'Empereur à fes ancêtres.

L'Empereur des Han, c'eft ainfi que nous appellerons les Princes de cette Dynaftie, envoya les patentes d'un grand gouvernement à un Officier appellé Tchong-goei qui étoit foumis aux Kitans. Son deffein étoit d'attacher à fon service cet Officier; mais Tchong-goei refufa de recevoir ce gouvernement & demanda du fecours à Mo-ta Général des Kitans, à qui il envoya fon fils en ôtage. Mo - ta fit partir auffi-tôt quinze cens Kitans avec les troupes de Peking. Par-là l'Empereur fe vit contraint d'envoyer contre lui fes armées. Mo-ta commandoit dans Heng- tcheou, c'étoit un homme fourbe, cruel, avide de richeffes, qui raviffoit aux Chinois & leurs biens & leurs filles. Il faifoit enlever les payfans qu'il accufoit d'être voleurs, & fous ce prétexte, après leur avoir fait fouffrir des fupplices affreux, il les faifoit mourir. Il fe divertiffoit au milieu de tous ces malheureux qui expiroient dans les tortures. Cependant la garnifon des Kitans ne montoit pas à plus de deux mille hommes: Mo-ta craignoit continuellement que les Chinois ne fe revoltaffent; & il fe conduifoit d'une maniere à leur en infpirer le deffein. Il faifoit ôter aux foldats Chinois qui étoient fous fes ordres leurs provisions pour les donner aux Kitans. Cette milice Chinoise ayant appris que l'Empereur des Han étoit rentré dans Taleam, refolut de retourner dans le midi; plufieurs Officiers des environs raffemblerent leurs plus braves foldats, fe faifirent des corps-de-garde qui étoient aux portes de la ville, s'emparerent des arfenaux, appellerent les foldats Chinois, armerent la populace, mirent le feu à la porte

Après J. C.
Kao-tçou.

du palais du Gouverneur & tomberent fur les Kitans: toute la ville fut en feu en peu de tems, Mo-ta effrayé se L'an 947. retira avec fes thréfors dans la partie feptentrionale; les foldats Chinois de fa fuite qui n'avoient plus perfonne pour les gouverner, augmenterent le défordre par les pillages qu'ils firent. Il périt environ deux mille hommes dans ce maffacre; les Kitans fe propofoient de revenir, les chefs de la revolte appellerent auffi-tôt d'autres troupes, enfuite un grand nombre de payfans s'approcherent des murailles dans le deffein d'affommer les Kitans & de leur enlever leurs femmes & toutes leurs richeffes, les Barbares prirent alors le parti de fe retirer dans le nord; Mo-ta avec fes Officiers paffa auffi-tôt à Tim-tcheou, enfuite les chefs de la revolte fe foumirent à l'Empereur qui leur envoya des fecours.

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L'Empereur après avoir fait punir avec beaucoup de févérité les voleurs dont la Chine étoit alors infectée, alla se préfenter devant la ville de Po tou (a), dans laquelle Tchong-goei commandoit pour les Kitans. Son Général Kao-him-tcheou étoit d'avis qu'on n'entreprît pas le fiége de cette place, qui étoit pourvûe de toutes fortes de munitions, & qu'on fe retirât en attendant qu'elles fuffent entiérement confommées. D'autres opinoient pour qu'on l'attaquât; on fuivit ce dernier parti qui couta la vie à plus de dix mille hommes, fans qu'on pût fe rendre maître de la place. L'Empereur marcha vers Pien-tcheou où il y avoit quinze cens hommes de troupes de Pe - king que les Kitans y avoient laiffées, elles furent toutes paffées au fil de l'épée.

Pendant ce tems-là Tchang - lien vint au fecours de Tchong-goei avec deux mille hommes: l'Empereur voulut l'engager à abandonner le parti des Kitans; mais ce Général irrité de ce qu'on avoit tué les quinze cens hommes de Pien-tcheou dit qu'il étoit refolu de fe deffendre jufqu'à la mort. Cependant ce fecours ne put empêcher que Tchong-goei après avoir confommé toutes fes provi

(*) C'est Ta-mim fou.

frons ne fut contraint de fe rendre à l'Empereur. Tchanglien malgré fa refolution, avoit fait la même chofe peu Kao-tou Après J. C. de tems auparavant ; on viola à son égard la fureté qu'on L'an 947lui avoit promife & on le fit mourir. Quelques Généraux confeillerent à l'Empereur de paffer au fil de l'épée les foldats de Tchong-goei & de prendre tous fes biens pour les diftribuer aux troupes; mais l'Empereur en agit autrement & donna à Tchong-goei une des premiéres charges de l'Empire. Cette conduite fit murmurer la plupart des Officiers; un d'eux ofa tenir ce difcours à l'Empereur : » Prince, vous avez manqué de bonté & de clémence en faifant mourir quinze cens foldats qui étoient innocens; » vous avez manqué de bonne foi en engageant Tchanglien à fe foumettre, pour le faire enfuite périr. Aujour d'hui Tchong-goei eft criminel & vous lui pardonnez; » ce n'eft pas là punir le crime comme vous le devez. Ce » n'eft que par la clémence que l'on parvient à retenir les peuples dans le devoir, ce n'eft que par la bonne foi & » la confiance qu'on lui infpire qu'ils exécutent les ordres du Souverain, & c'eft par les fupplices qu'on retient les » fcélérats: lorsqu'un Monarque s'écarte de ces trois chofes » il ne peut conferver fon Empire.

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Dans le même-tems les habitans du Sse-tchuen vinrent faire des courfes dans les états de Kao-tçu, & le Gouverneur de Fong - tciang - fou dans le Chenfi abandonna le parti de ce Prince pour fe foumettre à eux. L'Empereur irrité de cette nouvelle irruption & principalement de ce que Tchao-kuam-tçan & Heou-ye s'étoient joints aux rebelles, ordonna au Général Vam-kim- tçong d'aller les attaquer. Ce Général fut à peine en marche que le premier de ces rebelles envoya un Officier vers l'Empereur pour faire fa paix; il n'avoit pas voulu fe foumettre jufqu'alors, dans la crainte qu'ayant reçu fa charge des Kitans & fon pere étant encore auprès de l'Empereur de ces Tartares on ne le fit mourir : l'autre Officier fuivit cet exemple. Sans attendre le retour du courier qu'il avoit envoyé à la Cour, Tchao-kuam-tçan étoit déja forti de Si-gan-fou lorfque Vam-kim-tçong y arriva. On apprit alors que les trou

L'an 948.

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