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narotti, Etruri.

Reg. Gori, Muf.
Etruf.

cheveux; car les Etrufques ont fouvent traité dans leurs Dempfter, Buo- bas-reliefs l'hiftoire & les Héros de la guerre de Troye. Il ne faut pas néanmoins fuppofer qu'Homère ait voyagé en Etrurie, ni même qu'il ait connu les Etrufques: mais il avoit fait l'admiration de ce peuple par la beauté & la justesse de ses images, & fa mufe a échauffé & nourri l'imagination des célébres Artistes, aussi-bien que celle des Poëtes. Ce monument eft recommandable à plusieurs égards. Le travail du bas-relief eft un peu fec, mais il n'est pas dépourvû d'action. Les têtes de l'homme & de la femme, ainsi que celle du cheval, ont du caractère; mais, fi l'on peut affeoir un jugement fur un morceau si mal confervé, il me femble que la figure de la femme eft d'un affez mauvais deffein. Je ne dirai rien des ornemens qui accompagnent ce bas-relief: ils reffemblent à tous ceux que l'on voit fur ces fortes de vafes.

J'ai retranché quelques-unes des Planches qui devoient entrer dans ce Recueil, & dont le nombre étoit complet, afin de donner une idée du cabinet de terres Etrufques que M. de Sainte Palaye m'a fait l'amitié de me céder, & qu'il avoit acheté à Milan du Comte Peralta. Il eft des plus nombreux, & ce morceau y occupoit une place, ainsi que celui du N°. fuivant.

No. II.

La forme de ce petit vase est auffi belle, & auffi agréablement imaginée qu'elle eft finguliére & raifonnable. C'est tout ce que je puis en dire : car ce monument n'a pas le moindre ornement ; & comme il eft abfolument noir, la gravûre fuffit pour faire juger de fon mérite, qui ne consiste que dans le trait. La hauteur de la coupe eft de deux pouces trois lignes: le plus grand diamétre a quatre pouces & demi, le plus petit deux pouces quatre lignes, & la plus grande élévation des anfes larges de huit lignes eft de quatre pouces & autant de lignes.

XXXIV.

N. I.

PLANCHE

CE plat Etrufque eft de terre cuite. Son diamétre est d'un pied fept lignes, fa profondeur de trois pouces deux lignes, & fon élévation depuis le deffous du pied jusqu'au fommet du bouton qui termine les anfes, de quatre pouces fept lignes. J'ai fait graver ce monument avec grand apparat. J'en préfente le profil, le deffous & le dedans, à caufe des beaux ornemens dont il est enrichi dans toutes ces parties. Il mérite cette attention non-feulement par fon travail, mais par fa rareté. Je n'en ai point vû de femblable dans les Recueils d'Antiquités publiés jufqu'à ce jour; & je ne me fouviens pas d'en avoir rencontré dans les divers endroits de l'Europe où mes voyages m'ont conduit. Les anfes font d'une belle fimplicité, & d'un ufage facile. Elles n'excédent pas la circonférence; ce qui les met à l'abri de plufieurs accidens. Les boutons qui les accompagnent font fentir l'intelligence & le goût de celui qui a compofé ce morceau. J'espère que ceux qui connoissent le mérite des formes, me fçauront bon gré d'avoir expliqué & développé avec foin toutes les parties du trait.

No. II.

LE creux du vafe indiqué par ce N°. eft bien orné, & dans les plus juftes proportions. Me fera-t-il permis de conjecturer qu'on a voulu y représenter le Génie de l'Automne? Il a des aîles, parce que les Etrufques en donnoient à prefque toutes leurs Divinités. Il tient une corbeille remplie de fruits; & il eft précédé par un animal qui ressemble fort à un liévre. Ces deux fymboles caractérisent affez bien l'Automne, & font précisément les mêmes qui fervent à la faire reconnoître dans un médaillon de l'Empereur Commode, où font représentées les quatre faifons.

Autour de la figure eft une couronne de laurier, dont les feuilles font peintes de blanc, & on ne voit plus que les traces de cette couleur.

No. III.

LE deffous eft orné de deux figures. L'une eft une femme affife, & drappée de bon goût. Elle tient de la main droite un miroir ou une patère, & de la gauche une table quarrée. L'autre figure est nûe, aîlée, & pofe fur un genou. Elle tient d'une main une corbeille de fruits, & de l'autre une efpéce de couronne que l'on rencontre fouvent dans les monumens Etrufques, mais dont la destination n'est pas bien connue. Ces figures occupent deux des quatre divifions du cercle. Les autres font remplies d'ornemens légers & fort agréables, affez fouvent répétés fur ces mêmes monumens. Ceux-ci ont été réveillés en quelques endroits par cette couleur blanche dont j'ai parlé plufieurs fois.

Malgré ce que j'ai dit plus haut de la rareté de ce morceau, j'en ai trouvé un depuis que celui-ci eft gravé. Il étoit dans le cabinet du Comte Peralta. Nulle différence dans l'intention. Il eft plus petit. Son diamétre n'eft que de dix pouces huit lignes. Il n'eft orné que d'une grande tête de femme, & le vernis en eft rouge. Il est très-bien confervé mais le travail en eft groffier; & parce qu'on a manqué d'attention quand on l'a mis au feu, il eft prodigieufement voilé. Il peut du moins faire juger que la forme de ces plats étoit affez commune chez les Etrufques. L'on fçait d'ailleurs que tous leurs ouvrages, ainfi que leurs ouvriers, n'étoient pas d'un mérite égal.

PLANCHE XXXV.

LES Antiquaires ne s'exercent pas toûjours fur de grands objets; mais lorsqu'ils fe trouvent forcés d'entrer dans des détails en apparence frivoles, ils font animés par l'efpérance de découvrir l'origine d'une infinité d'ufages qui ne paroiffent méprifables que parce qu'ils font fort communs. Ceux de la vie civile font de cette efpéce; à peine daignet-on les examiner. Cependant leurs commencemens & leurs révolutions offrent quelquefois un fpectacle intéressant à ceux qui font attentifs aux objets qui les environnent, On y voit par quels moyens les hommes font parvenus à fe procurer les commodités dont ils jouiffent à préfent fans réflexion ; & cet examen fait connoître d'autant plus fûrement la marche & les reffources de l'efprit humain, qu'il eft fondé fur l'expérience, & qu'il renferme le raisonnement dans un cercle de faits qui ne donnent aucune prise à fes fubtilités. Je dis ceci à l'occafion des vafes gravés dans cette Planche. Leur forme prouve qu'avant l'invention des Arts utiles les cornes des animaux tenoient lieu de coupes, & qu'elles donnérent fucceffivement l'idée de tous les vafes dont on s'eft fervi depuis. J'ai tâché de montrer dans un Mémoire lû à l'Académie des BellesLettres, que malgré les altérations que cette forme avoit éprouvée, on la voyoit encore paroître fur des vafes qui ne font pas de la premiére antiquité. Je mets dans cette claffe ceux que certaines figures Etrufques tiennent dans leurs mains. J'y mets auffi ceux que l'on a fait graver dans le troifiéme volume du Museum Etrufcum ; j'y mets enfin Part. 2. Pl. VIIL ceux de cette Planche.

N°. I.

MON cabinet en renferme deux abfolument femblables,

foit

pour

la grandeur, soit

pour les ornemens que l'on

il

trouve développés fous le même N°. I. Ils font tous deux Lib. v. p. 218. terminés en tête de cochon. Strabon remarque que dans ce canton de la Gaule Cifalpine, qui de fon temps confinoit à l'Etrurie, mais qui dans les fiécles plus reculés en faifoit partie, la terre produifoit des fruits de toute efpéce, & une fi grande quantité de glands, qu'on y voyoit de nombreux troupeaux de cochons, dont la ville de Rome tiroit une partie de sa subsistance. Un animal fi commun engageoit naturellement les Etrufques à le placer dans leurs monumens, & c'eft peut-être au feul caprice des ouvriers que nous devons ces fortes de représentations. Cependant fi l'on veut leur fuppofer un motif religieux, fuffira de fe rappeller que les Etrufques fcelloient du fang de cet animal les traités d'alliance & de paix avec les Nations voisines; qu'ils l'immoloient dans les cérémonies du mariage, & le regardoient comme le symbole de la fécondité; qu'ils l'avoient enfin confacré à Cérès, perfuadés fans doute, comme les Egyptiens, qu'en fouillant la terre avec fon groin, il avoit fourni à cette Déeffe un exemple du labourage. Il n'en falloit pas tant à ce peuple fuperftitieux pour donner la forme d'une tête de cochon à la partie inférieure de ces deux vafes, qui, fuivant toutes les apparences, étoient deftinés à fervir aux facrifices. Ils font Planche xxix. du même goût de travail que j'ai expliqué ci-dessus, & qui étoit le plus beau.

La couleur blanche y eft employée en très - petite quantité, & feulement pour réveiller la coëffure de la tête humaine, & plufieurs endroits des ornemens. L'ouvrage en eft fort bon. Les têtes des animaux font bien touchées, finies, careffées, & fans féchereffe. L'élévation que ces feuls animaux ont fur le front eft la seule chose dont on puiffe être bleffé. Ces vafes font d'une fi parfaite confervation, que je croirois volontiers qu'ils ont été trouvés dans un tombeau ; & par une fuite de cette conjecture, qu'on les avoit employés à des libations funéraires.

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