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tous les Evêques fe profternerent avec lui. Le Roi fenfiblement touché les releva, & leur promit amiablement de leur rendre réponse.

Dès le lendemain étant retourné à Lion, il envoia querir Eftienne & Avit, & leur dit : Vous avez ce que vous demandez, mes Evêques font prêts de vous montrer que perfonne ne peut être coéternel, & consubstantiel à Dieu. Mais je ne veux pas que ce foit devant tout le peuple, de peur qu'il n'y ait du tumulte : ce fera feulement devant mes Senateurs, & les autres que je choifirai, comme de vôtre part vous choifirez qui vous voudrez des vôtres, mais non pas en grand nombre : & ce fera demain en ce lieu. Les Evêques fe retirerent pour le faire fçavoir aux autres : c'étoit la veille de faint Juft. Ils euffent bien voulu remettre la conference au lendemain de la fête, mais ils ne voulurent pas Mabill, differer un fi grand bien: feulement ils refolude Curf. rent de paffer la nuit auprès du fepulchre du 25.p.1310. Saint, pour obtenir de Dieu par fes prieres, ce qu'ils defiroient. Pendant cette nuit on lût à l'of

Gall 2.7.

9. Matth.

XL. 21.

Rom II. 4.

fice quatre leçons de l'Ecriture, fuivant l'ufage Exod. VII. du tems: deux de l'ancien Teftament, de la loi 3. a. VI. & des Prophetes: deux du nouveau, de l'Evangile & des Epîtres; & dans toutes les quatre, il fe trouva des paffages qui marquoient les cœurs endurcis. Les Evêques crurent, que Dieu leur montroit l'endurciffement du Roi; & pafferent la nuit dans la trifteffe & les larmes. A l'heure que le Roi avoit marquée, tous les Evêques affemblez fe rendirent au palais, accompagnez de plufieurs Prêtres, plufieurs Diacres, & quelques Laïques catholiques : entre autres Placide & Lucain, deux des principaux officiers du Roi. Les Ariens vinrent auffi, & après qu'ils fe furent affis, le Roi prefent, faint Avit parla pour les Catholiques, & Boniface pour les Ariens. Il

écou

écouta faint Avit affez paifiblement; mais quand
fon tour vint de parler, il propofa des questions
difficiles, comme pour fatiguer le Prince. Saint
Avit eut beau preffer Boniface, jamais il ne ré-
pondit à aucune de fes raifons; mais il fe répan-
dit en injures, traitant les Catholiques d'enchan-
teurs, & d'adorateurs de plufieurs dieux. Le
Roi le voiant embarraffé, fe leva de fon fiege
& dit, qu'il répondroit le lendemain. Tous les
Evêques fe retirerent, & comme il n'étoit pas en-
core tard, ils allerent avec les autres Catholi-
ques à l'Eglife de S. Juft, rendre graces à Dieu
de l'avantage qu'ils avoient remporté.

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Le lendemain les Evêques retournerent au pa- p. 1311. lais. En entrant ils trouverent Aredius, homme illuftre & habile, qui bien que Catholique de profeffion, favorifoit les Ariens, pour faire fa cour au Roi, qui avoit grande eonfiance en lui. Il voulut leur perfuader de s'en retourner : difant que ces difputes ne faifoient qu'aigrir la multitude, & qu'il n'en pouvoit rien venir de bon. Eftienne Evêque de Lion lui répondit: Rien n'eft propre à réunir les efprits, que de connoître de quelle part fe rencontre la verité, toûjours. aimable & propre à faire aimer ceux qui la fuivent. Enfin il ajoûta, qu'ils étoient tous venus par ordre du Roi, après quoi Aredius n'ofa plus refifter. Ils entrerent donc, le Roi fe leva pour venir au-devant d'eux, & fe tenant entre Estienne & Avit, il leur parla encore contre le Roi des François, difant qu'il follicitoit fon frere contre lui. Il étoit vrai que Clovis étoit d'intelligence avec Godegifile, qui regnoit fur une partie de la Bourgogne, & refidoit à Geneve. Mais c'étoit Godegifile, qui avoit follicité Clovis de Greg.Tur. faire la guerre à Gondebaud, qui ne le fçavoit .hi. pas. Les Evêques lui répondirent, que le meil-"38. leur moien de faire la paix étoit de s'accorder fur

la foi, & lui offrirent leur entremife pour traiter la paix, s'il l'avoit agréable. Après quoi chacun prit fa place.

:

Saint Avit voulant répondre aux reproches de Boniface, montra que les Catholiques n'adoroient point plufieurs dieux ce qu'il prouva fi clairement qu'il fe fit admirer même des Ariens. Boniface ne fit que dire des injures, comme le jour precedent, & s'enroua tellement, à force de crier, qu'il ne pouvoit plus parler. Le Roi aiant attendu affez long-tems, fe leva, montrant fur fon vifage fon indignation contre Boniface. Alors. faint Avit dit au Roi: Si les vôtres ne peuvent nous répondre, qui empêche que nous ne convenions tous d'une même foi? Et comme ils murmuroient, il ajoûta avec une confiance extraordinaire: Si nos raisons ne peuvent les convaincre, je ne doute point que Dieu ne confirme nôtre foi par un miracle? Ordonnez que nous allions tous au tombeau de faint Juft, que nous l'interrogions fur nôtre foi, & Boniface fur la fienne & Dieu prononcera ce qu'il approuve par la bouche de fon ferviteur. Le Roi étonné, fembloit y confentir; mais les Ariens fe recrierent, & dirent que pour faire connoître leur foi, ils ne vouloient pas faire comme Saül, qui p. 1311. s'étoit attiré la malediction, aiant recours à des 1. Reg. enchantemens & à des voies illicites qu'ils fe contentoient d'avoir l'Ecriture, plus forte que tous les preftiges. Ils le repeterent plufieurs fois avec de grands cris ; & le Roi qui s'étoit déja levé, prenant par la main Eftienne & Avit, les mena jufques à fa chambre, les embrassa & leur dit de prier pour lui, paroiffant fort embarrassé. Plufieurs Ariens fe convertirent, & furent baptifez quelques jours après.

XXVIII.

12.

Greg. 11. hift.c.34.

Gondebaud lui-même, après avoir terminé la guerre contre Clovis, voiant les foibles raisons

des

des Heretiques, confeffa devant faint Avit, que le Fils de Dieu & le Saint-Efprit font égaux au Pere, & le pria de lui donner en fecret l'onction du faint Chrême. Saint Avit lui dit : Si vous croiez veritablement, fuivez le précepte du Seigneur, qui a dit : Qui me confeffera devant les Matth. X. hommes, je le confefferai devant mon Pere, & 22. le refte. Vous êtes Roi, & n'avez point à craindre d'être perfecuté, comme les Apôtres. Vous apprehendez la fedition du peuple; mais c'eft au peuple à vous fuivre, plûtôt qu'à vous de fomenter fa foibleffe. On ne fe mocque pas de Dieu, & il n'aime pas celui qui pour un roiaume terreftre, n'ofe le confeffer en ce monde. Le Roi ne fçut que répondre; mais il n'eut jamais le courage de faire publiquement profeffion de la foi catholique, & demeura en cet état jufques à la mort.

LIII.

Differend entre Vien

Epift.a

Saint Avit avoit obtenu du Pape Anastase un reglement entre lui & l'Evêque d'Arles, qui étendoit fa jurifdiction fur les Evêques voifins. Eo- ne & Arnius Evêque d'Arles s'en plaignit au Pape Sym- les. maque, foûtenant que ce reglement avoit été obtenu par fubreption contre les canons. Le Pape Symmaque ne voulant juger qu'en connoiffance de caufe, manda aux deux Evêques, d'Arles & de Vienne, de lui envoier à jour nommé P. 1191. des gens pour foûtenir leurs pretentions. La lettre eft du troifiéme des calendes de Novembre après le Confulat de Paulin : c'est-à-dire du 30. d'octobre 499. Eonius envoia à Rome un Prê- Epift. 1) tre nommé Crefcence, qui aiant inftruit Symmaque, il vit que le Pape Anaftafe avoit mis de la confufion dans la province, en changeant l'ordre ancien. Il blâme cette conduite, & dit : que le Sacerdoce étant indivifible, les Succeffeurs ne peuvent donner atteinte aux ordonnances de leurs predeceffeurs, autrement cette legereté ôteroit E 5

tout.

tout le respect dû au faint Siege. Il ordonne donc AN. 502. à Eonius de s'en tenir à la venerable antiquité', fans avoir égard aux nouvelles conftitutions, qui ne fervent qu'à troubler la paix, & à favorifer l'ambition; c'est-à-dire, qu'il lui fait gagner fa caufe. La lettre eft du 29. de Septembre l'an 500. Saint Avit en aiant eu connoiffance, fe plaignit d'avoir été condamné fans être entendu : car il ne paroît pas qu'il eût envoié à Rome, mais le Epift. 1. Pape lui fit cette réponse: Si vous pouvez monP. 1311. F. trer qu'Anaftafe mon predeceffeur ait eu raifon de faire ce qu'il a fait, nous ferons bien aifes qu'il n'ait point bleffé les canons. Car il faut quelquefois relâcher de la rigueur de la loi, pour un bien que la loi même auroit ordonné, fi elle l'avoit prévu. La lettre eft du troifiéme des ides d'Octobre, fous le confulat d'Avienus & de Pompée; c'eft-à-dire, du 30. Octobre 501.

LIV.

contre l'a

To.4 P.

3333.

Vita S.

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L'année fuivante 502. fous le confulat d'AvieDecrets nus le jeune, le 6. de Novembre le Pape Symlienation maque tint un Concile à Rome, dont les regledes biens mens tendent principalement à empêcher les d'Eglife. alienations des biens ecclefiaftiques. Ce Concile fut tenu dans la Bafilique de S. Pierre : avec le Pape, il y eut quatre-vingts Evêques, dont les premiers étoient Laurent de Milan & Pierre de Ravenne on y voit auffi Eulalius de Syracuse, recommandable par fa vertu. Il y avoit trenteFulg. 1. fept Prêtres, & quatre Diacres, dont le fecond Jan. p. 36. étoit Hormifdas depuis Pape. Symmaque remercia d'abord les peres d'avoir offert le pardon aux Clercs fchifmatiques : puis ilajoûta que ceuxci avoient voulu prendre avantage d'un écrit fait par le patrice Bafile, fous pretexte de la confervation des biens ecclefiaftiques & on le fit lire par le Diacre Hormifdas. C'étoit le decret fait Sup. Liv. fous le Roi Odoacre l'an 483.

ap. Boll. 1.

XXIX.

n.19.

8.1336.

Après la lecture, Laurent de Milan dit : Cet

écrit

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