cile , dans l'appréhension qu'on n'y donnât atteinte à AN. 1529. s'étoient abstenus, ou par humilité, ou par quel- des conciles les avoient toujours portez soit d'autres besoins de l'église , avoient que d'ailleurs laissant à part la promesse de Jesus-CHRIST, qui est l'u. nique fondement du pontificat, le concile ne pou. voit manquer d'être utile au pape, étant composé d'évêques, dont le véritable intérêc est de soutenir la grandeur papale , qui leur sert d'appui contre les entreprises des princes & des peuples. Qu'il étoit de l'intérêt des rois , & des autres louverains habiles dans le gouvernement, de favoriser toujours l'autorité apostolique, n'ayant pas d'autre moyen pour répri re, An. 1529. mer les prélats, qui passent les bornes de leur pouvoir.. Qu'enfin il pouvo t prophétiser que le concile produiroic encore de plus grands désordres en Allemagne, parce que ceux qui le demandoient , fe fervoient de certe demande, comme d'un prétexte pour demeurer dans leurs erreurs, jusqu'au tems de la célébration de ce concile , & qu’ausli-tôt qu'elles seroient condam. nées, comme il arriveroit infailliblement, ils fe ferviroient d'autres moyens pour éluder sa décision. Enfin le pape conclut les remontrances, en assurant qu'il devoit en être crû, d'autant plus qu'il n'étoit animé que du seul désir de voir l'Allemagne réunie à l'église , & entierement foumise à l'empereur. Ce qui ne réussiroit pas ; s'il ne retournoit promptement pour faire exécuter la bulle de Leon X. & l'édit de Wormes', sans se laisser fléchir par tout ce que les Protestans lui pourroient dire, soit en demandant un concile, pour éclaircir leurs douces , soit en alléguant leur proteltation, & leur appel au même concile, ou quelque autre prétexte pour couvrir leur impiécé. Qu'au premier refus qu'ils feroient d'obéir, il falloit em ployer la force, ce qui n'étoit pas difficile, l'empereur ayant tous les princes ecclésiastiques, & la plûpart des séculiers à sa dévotion. Qu'il devoit ce service à l'égli. se Romaine , dont il étoit le protecteur comme empereur & roi des Romains ; & qu'il y étoit encore obligé par le serment qu'il avoit prêté dans la cérémonie de son couronnement à Aix-la-Chapelle, & par celui qu'il feroit bien-tôt entre les mains, en recevant la couronne impériale. Rien n'étoit plus facile que de détruire les raisons acesteren, du pape , dont le peu de solidité se montroit aux XCVI. paroît le ren An. 1529. dre aux raisons Guicciard. in anno n. for yeux les moins éclairez. L'empereur le sentoic fans . hac Le pape fir cette année trois cardinaux en trois pro- XCVII. motions différentes. La premiere au commencement cardinaux par de l'année, dans laquelle il donna le chapeau à Jerôme " pape CloDoria Genois, comte de Cremolin, & qui étant deve- Ciaconius in nu veuf embrassa l’état ecclésiastique. Il fut d'abord évêque de Nobio, puis de Jacca & de Huesca, & enfin á feq. archevêque de Tarragone. Son titre de cardinal fut 1?. de saint Thomas in Parione , qu'il changea dans la suite pour celui de sainte Marie in Porticu: La seconde promotion se fic le dixiéme de Janvier , en faveur d'Hypo. lite de Medicis Florentin, administrateur de l'archevêché d'Avignon, fils naturel de Julien de Medicis , & d'une Demoiselle d'Urbin sa maitresse. Il ne fut que cardinal diacre du titre de faint Laurent in Damaso. Enfin la troisiéme promotion fe fit un Vendredi treiziéme du mois d'Août pour Mercurien de Gattinara Piémontois, chancelier de l'empereur, il eut le titre de faint Jean Porte-Latine. Ces promotions remplacerent deux cardinaux, . tom. 3. pag S.O. An. 1529. très-habile & de beaucoup d'expérience dans les affaires , il vouloit se servir de son conseil dans la conduite de son procès. Il le chargea de faire encore avant son dépare quelque tentacive auprès du pape pour obtenir un nouveau bref, par lequel sa lainteté s'interdic toute connoissance de cette affaire, & donnât un pouvoir si ample à ses légats, qu'on pût juger le procès sans avoir recours à elle. Mais Clement s'apperçut du piége qu'on vouloit lui rendre & l'évita : de sorte que Gardiner & Brian, qui fut aussi rappellé dans le même tems, reprirent la route de leur pa'is , peu satisfaits de leur négociation; & le docteur Benet fut envoyé en leur place, seulement pour empêcher, autant qu'il dépendroic de lui, l'évocation de la cause. Les deux légats le chargerent d'une lettre pour deux légats à le pape & les cardinaux, dans laquelle ils disent, qu'ils avoient tâché, quoiqu'inutilement, s » ter les deux parties à fe céder l’une à l'autre ; que Rom.1. in quar-»la reine leur avoit montré le bref, & qu'ils ne man. Le Grand, hije. quoient pas de raisons pour le croire faux ; qu'ils trouvoient que c'étoit une chose au-dessus d'eux, Part. 26. w que de prononcer sur la validité des bulles ou des brefs d'un pape, & de décider fi les uns & les autres » étoient authentiques ; que du moins ils ne pouvoiene » être juges qu'à regret dans un proces où l'on metv toit en question, si le pape pouvoit dispenser dans » de certains cas; qu'ainsi leur opinion étoit que » le pape feroit bien d'évoquer la cause à soi , & de v donner une décrétale conforme à la minute qu'ils lui envoyent ; que ce qu'ils lui proposent , n'est point sans exemple, que c'est le meilleur moyen » pour CI. Lettre des de por l'envoyé d'Angleterre Burnet réform. Angleterre, du divorce , tem, 1. in 12. ܪ F pour terminer doucement le procès, & facisfaire An. 1529. » un grand roi , qui depuis plusieurs années sent la con» science déchirée par une infinité de remords, au gmentez par les disputes des Théologiens & des Ca. nonistes , & qui, quoiqu'il voye de part & d'austre de fortes raisons, n'ose se déterminer , & eft toujours prêt à suivre la voye la plus sûre ; qu'à l'intérêt de sa conscience étoient joints l'intérêt de ses états & la passion de se voir des enfans mâles, is qui lui succédant sans difficulté, assureroienc le bonheur de ses sujets : qu'ainsi il n'étoit pas juste de différer la décision de son affaire, & que toutes » ces considérations ne pouvoient être balancées par sa aucune autre : que les ennemis de ce prince font e courir le bruit que ces poursuites font fondées uniquement sur son aversion pour la reine, & sur le désir d'épouser une autre personne, qui peut-être » n'est pas encore connuë; que véritablement la rei. v ne est d'une humeur assez fâcheuse , peu agréable •» & hors d'état d'avoir des enfans : mais qu'il n'y a nulle apparence que le roi ayant passé toute sa jeunesse avec elle, & lui ayant témoigné beaucoup d'amitié durant ce tems-lå, change Glégérement de conduite vers la fin de ses jours, & s'expose à tant · de traverses, à tant de chagrins, & à tanţ d'in» commodicez , simplement pour se défaire d'elle. Qu'ils sont témoins que ce prince a la crainte de • Dieu dans le cæur, un grand amour pour la justice, s & que, quoique persuadé de son bon droit , il aime mieux attendre la décision du saint liége, • que de suivre ses propres lumieres, ou les conseils w des jurisconsultes , & des grands de son royaume. Tome XXVII. o |