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AN. 1529.

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» Nous conjurons donc votre fainteté, continuent les deux légats, avec toute l'ardeur imaginable, d'accorder enfin le remede dont le roi a besoin: ce » n'eft point ici le lieu de s'arrêter à la rigueur des loix; les papes, les rois, & généralement tous les fouverains en font les interprétes; avec un peu d'indulgence, on confervera le roi & le royaume; au» trement il y a lieu de craindre qu'on ne perde & l'un & l'autre tous les remcdes qu'on pourra y chercher d'ailleurs, rempliront l'Angleterre de troubles & de confufion, qui peut être y ruineront » entierement l'autorité du faint fiége, parce qu'on » ne voit que trop de gens qui ne cachent le poifon de leur impiété, que parce que fa fainteté & le » roi vivent dans une union parfaite. En un mot, puifque l'ame & la force des canons repose fur te fouverain pontife, il eft jufte que dans des occafions, où le droit eft douteux & où l'on court de grands rifques, vous vous relâchiez de la févérité » des conftitutions de l'églife; autrement vous pou» vez perdre, non feulement le roi d'Angleterre, » mais le défenfeur de la foi dont on a vanté la ver» tu & la religion par tout l'univers. Déja les feigncurs & les nobles font outrez de voir que l'on » différe fi long-tems le jugement d'une cause où il s'agit de leurs biens & de leurs vies. On fe plaint » de tant de longueurs, & l'on dit des chofes dont » nous n'oferions inftruire votre fainteté; nous nous » contenterons de l'informer qu'ils avancent hautement, que des fouverains pontifes ont bien changé les loix de Dieu, quand ils l'ont jugé à propos, qu'aujourd'hui un pape refufe de révoquer ce

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que l'un de ses prédéceffeurs a fait, comme fi une bulle étoit plus facrée que le droit divin. Nous employons tous nos efforts pour obliger le roi d'attendre que nous ayons reçu réponse de cette dépêche, & nous fouhaitons ardemment qu'elle foit telle qu'elle puisse rétablir la tranquillité dans l'esprit de ce prince & de fes fujets : autrement nous » ne doutons point que toute l'Angleterre ne foit perduë pour le faint fiége. Ainfi nous conjurons votre fainteté de fatisfaire le roi de quelque maniere que » ce foit, & le plutôt qu'elle pourra : elle en apprendra » encore beaucoup plus de la bouche de ceux qui lui rendront cette lettre, que nous n'ofons lui en écrire, nous attendons votre répone qui foit capable » de fixer la condition du prince & rendre le repos à fa confcience.

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AN. 1529.

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Commencément des dif

dinal Wolfey.

On croit que cette lettre fut le commencement de la disgrace de Wolfey, parce que ce légat y fourniffoit au pape un prétexte plaufible d'évoquer à graces du carRome la caufe du divorce, ce qu'Henri craignoit extrêmement. Anne de Boulen qui avoit tout pouvoir à la cour, voyant le refroidiffement du roi pour ce cardinal, s'en fervit auffi pour fatisfaire la haine qu'elle lui portoit : cherchant donc toutes les occafions qu'elle put trouver pour le mortifier, elle fit rappeller à la cour milord Chaîne qu'on avoit éloigné à cause de lui, & lui caufa tous les autres chagrins qu'elle put imaginer. Wolfey fentit vivement fa difgrace, mais il n'y avoit plus moyen de s'en fauver; cependant Henri VIII. ne laiffa pas Les légats du de poursuivre devant lui & Campege l'affaire de fon pape s'ailemdivorce qu'il vouloit absolument faire juger en An- gleterre.

CIII.

blent en An

baut n. 49.1

gleterre. Pour cet effet le chancelier expédia le treiAN. 1529. ziéme de Mai fous le grand fceau, une permiffion aux légats d'exécuter la commiffion qu'ils avoient de prendre une pleine connoiffance de cette affaire: la commiffion fut apportée par l'évêque de Lincoln, & donnée au protonotaire des légats qui la lut à haute voix, enfuite les deux cardinaux la prirent & déclarerent qu'ils en exécuteroient le contenu : auffi-tôt on fit prêter le ferment aux fécretaires choiVoyez plus fis pour ce tribunal. On examina le bref vēnu d'Es pagne, & l'on prétendit en prouver la fauffeté par plufieurs raifons que l'évêque de Vorchefter & Lee avoient écrites de ce pays-là. 1°. Qu'on n'avoit jamais voulu leur montrer l'original de ce bref. 2°. Qu'ils n'avoient pû apprendre comment on avoit recouvré ce bref, les uns difant qu'il avoit été trouvé parmi les papiers du docteur Puebla, qui étoit ambaffadeur en Angleterre de la part de Ferdinand, vers les dernieres années de Henri VII. les autres alléguant qu'il étoit dans les archives du roi d'EfpaMilord Herbert gne. 3°. Que ce bref & la bulle étoient datez du mêdans la vie & me jour & de la même année, ce qui ne pouvoit regne d'Henri être, parce que l'on commençoit à compter l'année

l'hiftoire du

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à Noël pour l'expédition des brefs, & à la fin de Mars pour l'expédition des bulles, & que ces deux actes étoient du vingt-fixiéme Décembre. 4°. Que ce bref ne fe trouvoit ni à Rome, ni en Angleterre, où il étoit bien plus naturel qu'on le gardât qu'en Espagne. M. Burnet trouve encore une autre faute dans ce bref, que les partifans du roi ni les légats n'avoient pas remarquée en ce tems-là, c'eft que l'on a exprimé le nom d'ifabelle par Elifabeth, comme

fi Elifabeth & Isabelle étoient deux noms différens.

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de

AN. 1529.

civ.

nouveau bref

reine d'Angle

Il étoit aifé de réfuter toutes ces raifons pour prouver la validité de ce bref. Car r. Charles V. avoit Validité du d'autant plus de raifon d'en conferver foigneufement produit par la l'original, qu'on conteftoit qu'il fût légitime & au- terro thentique ; que fi cet original étoit égaré, on ne pourroit plus porter aucun jugement fur la vérité ou fauffeté. 2°. Que la copie qu'on envoyoit ne pouvoit être plus authentique, puifqu'elle étoit fignée du nonce du pape, de l'archevêque de Tolede, quatre chevaliers de la toifon d'or, de trois autres confeillers du confeil privé de l'empereur & d'un notaire apoftolique. 3°. Qu'on ne devoit pas s'étonner que des perfonnes qui s'infcrivoient en faux contre ce bref, ne l'euffent pas gardé, ou ne le trouvaf fent point à Rome, parce qu'il étoit de leur intérêt de le détourner ou de le fupprimer, & que de plus il n'étoit pas impoffible qu'il eût été perdu avec tant d'autres papiers dans le fac de Rome; mais qu'on ne pouvoit nullement conclurre qu'il n'eût point été donné, puifque Fox, évêque de Vinchester qui étoit mieux informé qu'aucun autre de toute cette affaire, avoit dépofé & figné que le docteur Puebla avoit laiffé deux difpenfes, à la vérité de même teneur, &, en avoit envoyé autant en Espagne; qu'en effet cette bulle & ce bref étoient tellement femblables, que hors le mot de forfitan, peut-être, qui faifoit toute la contef tation, il ne s'y trouvoit aucune différence. 4°. Que F'erreur de date faifoit voir la bonne foi avec laquelle on avoit agi dans la pourfuite de cette difpenfe. 5°. Qu'il étoit vrai que le mot forfitan n'étoit que dans la bulle, mais que l'ambaffadeur perfuadé qu'a

AN. 1529.

CV.
Le roi & la

bondance de droit ne nuit point, avoit été bienaise d'ôter tout fujet de conteftation, & pour plus grande fureté faire mettre dans le bref une clause qui prouvât que le cas avoit été propofé de la maniere la moins favorable: de forte que les avocats de Henri ne pouvoient tirer aucun avantage de cette clause; & les deux légats n'étoient pas éloignez de ce sentiment, comme on le voit par la lettre qu'ils écrivirent au pape.

Dès le quinziéme de Juin le roi avoit nommé reine d'Angle- pour les avocats Jean Richard Sanfon, doyen de sa zerre font citez chapelle, Jean Belt docteur en droit, avec Peter & gats & compa- Trigonel. Ceux de la reine étoient Jean Fischer, évê

roillent.

Liv. 2, pag.

que de Rochester, Henri Staudish, évêque de saint Afaph, & Ridley célébre théologien. Wolsey & Cam

pege prirent auffi quelques perfonnes avec eux pour Burnet hist, leur aider, entr'autres Longland, évêque de Lincoln de la réform. & confeffeur du roi, Jean Leclerc, évêque de Bath, 102. Jean Ilep, abbé de Westmunster, & Jean Tailor, Angl. tom. 14 maître des rolles. Peu de jours après cet arrangement, p. 29 5⋅ & seq· c'est-à-dire, le vingt-uniéme du même mois, les deux

Acta publica

légats citerent le roi & la reine qui comparurent devant eux avec leurs avocats : l'un & l'autre étant appellez, Henri répondit: Me voici; mais la reine, au lieu de répondre, fe leva de fa place, & alla fe jetter aux pieds du roi pour tâcher de le fléchir par un difcours tendre & paffionné, capable d'infpirer de la pitié à tout le monde. Elle dit, entr'autres chofes, qu'elle étoit une pauvre femme étranFeine aux pieds" gere, éloignée de fes parens & de fes amis, qu'elle » n'ofoit fuivre ni fes propres lumieres, ni les confeils de les avocats; qu'elle prenoit Dieu pour ju

CVI.

Difcours de la

du roi.

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