d'avoir un cœur droit & fincere qui ne démentît pas l'extérieur des actions; la certitude des biens & des maux, qui ne se découvrent qu'après la mort; & l'obligation indifpenfable de rendre compte de toute fa vie devant un jufte juge, à qui tout eft connu, & tout eft préfent. 4. La Croix de JESUS-CHRIST qui eft la preuve de ces vérités, les a rendu fenfibles & populaires. De fimples femmes fans lettres les ont comprises des artifans & des hommes deftinés aux travaux de la campagne en ont été perfuadés: des en fans leur ont rendu témoignage. Tous les ont crû fans hésitation, fans vatiation, fans être arrêtés, ou par les difficultés, ou par la lenteur natutelle de l'efprit. Plufieurs ont donné leur vie pour les foutenir, & tous ont été convaincus que leur perfuafion devoit aller jufques-là. 5. Que l'on compare ces vérités aux foibles lumieres des philofophes fur un petit nombre de points. Que l'on compare auffi la fermeté & la vive perfuafion de tant de peuples qui les croient, avec l'incertitude, l'incon СНАР. І. CHAP. I. ftance, la timidité des plus grands hommes du paganifme fur des articles effentiels. Que l'on compare enfin la haute fageffe d'un jeune enfant dans le chriftianifme, avec celle de la Synagogue entiere, à qui tout étoit donné cacheté & couvert de voiles, qui ne répondoit qu'en bégaiant & en hésitant fur des points capitaux, & qui étoit même remplie de préjugés contre beaucoup d'autres. S. III. La folie de la Croix a enfeigné 1. JESUS-CHRIST du haut de fa Croix eft devenu le maître univerfel que tous les hommes ont écouté. Il les a tous rendu fages, éclairés, fpirituels, par ce qui paroiffoit en lui une folie; & il a au contraire con Tertull. de P. 233. vaincu de folie tout ce qui paroiffoit CHAP. 1. 2. C'eft principalement une vaine CHAP. 1. Colof. 2.8. › le joug qui lui eft imposé. Elle veut voir & fortir de cette efpece d'enfance, où l'on fe contente de croire. Elle s'efforce de pénétrer les confeils de Dieu, de concilier des vérités qui paroiffent opposées, de dévoiler des mysteres qu'on lui confie sans lui en rendre raifon. JESUS-CHRIST crucifié l'importune & la met à la gêne. Elle fe trouve plus en liberté en ne consultant que l'idée abftraite d'un premier Etre, qui ne peut lui en découvrir les volontés libres & les décrets, & qui lui permet de fe les figurer comme il lui plaît. Et le fruit de fa témérité eft de perdre ce qui étoit trouvé, de rendre douteux ce qui étoit certain, d'ajouter aux falutaires obfcurités des myfteres les ténébres de l'erreur, & de rentrer, après la lumiere de l'Evangile, dans tous les vains fyftêmes qui ont partagé & séduit les philofophes payens. 3. » Prenez garde, difoit faint Paul aux Coloffiens, que perfonne ne », vous enleve & ne vous raviffe vo tre foi par la philofophie & par des » raifonnemens vains & trompeurs, felon les traditions des hommes, د. 29 12 .. › 66 felon les principes d'une fcience mondaine & non felon J. C. « Videte ne quis vos feducat ( depradetur συλαγωγών i per philofophiam & inanem fallaciam. Prenez garde qu'en vous promettant l'évidence, on ne vous enlève la foi,& qu'on ne vous trompe, en vous faifant efperer la vérité. On vous parlera un langage humain, naturel, conforme à vos pensées: défiez-vous-en pour cela feul. La vraie fageffe ne reffemble point à la fageffe humaine: Secundùm traditionem hominum, fecundum elementa mundi, non fecundum Chriftum. N'écoutez rien après JESUS-CHRIST. Regardez tout autre maître non-feulement comme fufpect, mais comme convaincu de séduction & d'erreur. Que fon Evangile vous tienne lieu de tout. Que fa Croix foit pour vous & l'abregé, & l'interpretation, & la preuve de fon Evangile. Confiderez-le dans ce myftere, après l'avoir écouté dans fes inftructions; & que ce myftere vous rappelle par fa feule vûë tout ce que fes inftructions vous ont appris. Nobis curiofitate opus non est poft Chriftum Fefum, Bec inquifitione poft Evangelium. |