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de Smalcalde; elle fit avec lui une Ligue offenfive (1) & défenfive contre l'Empereur. Ce traité fut figné pour le Roi par le Chancelier Poyet & par l'Amiral de Brion, c'étoit au mois de Juillet 1542, peu de temps avant la difgrace du premier & le rétablissement du fecond. Mais foit que le nouveau Miniftere ait négligé cette alliance, parce qu'elle étoit l'ouvrage du Miniftere précédent, foit que Guftave trop occupé dans le Nord, ne pût s'engager férieusement dans les affaires de l'Allemagne, on ne recueillit point de cette union les fruits qu'elle fembloit promettre. C'étoit à un autre Gustave (2) qu'il étoit réfervé de donner à l'alliance de la Suede avec les François, tout fon éclat & toute fon utilité, d'humilier l'or-⚫gueil d'Autriche, de percer l'Allemagne, d'ébranler le trône Impé

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(1) Malgré la différence de Religion, François I. envoya au Roi de Suéde le collier de for ordre.

(2) Guftave Adolphe, illuftre petit-fils de l'illuftre Guftave Vafa.

rial, & de difparoître à 38 ans, dans le fein de la victoire, aux yeux de fes ennemis confternés & de fes amis déjà inquiets.

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CHAPITRE II.

Campagne du Piémont pendant la même année 1542.

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ANS le Piémont où auroit dû être le fort de la guerre, & où le Duc de Savoye étoit redevenu le protégé de l'Empereur, c'étoit Langei qui commandoit en qualité de Gouverneur. Les principaux Of ficiers, qu'il avoit fous lui étoient Martin du Bellay fon frere, alors Gouverneur de. Turin, Boutieres, qui l'avoit été, Vaffé, Gouverneur de Pignerol, d'Offun, Gouverneur de Savillan, &c. Langei, dont les Bellay, 1. 9. longs travaux avoient ruiné la fanté & qui étoit paralytique, trouvoit pourtant des reffources dans fon zèle & dans fon courage, il n'avoir

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en tout que cinq mille hommes d'Infanterie; le Marquis du Guaft qui commandoit les Impériaux, en avoit quinze mille & deux mille cinq cent chevaux. Malgré cette inégalité de forces, Langei fçut rendre la fortune à peu près égale. Il entreprit de furprendre à la fois Coni, Albe & Quiéras. Ceux qu'il avoit deftinés à l'expédition de Coni & d'Albe s'égarerent pendant la nuit, & ayant été furpris par le jour, ne purent exécuter leur projet. D'Offun & Cental chargés de l'exécution de Quiéras, n'arriverent de même qu'au jour, &* par conféquent les amis qu'ils avoient dans la place n'oferent fe déclarer; pour eux, ils ne voulurent pas être venus inutilement; ils drefferent leurs échelles, monterent les premiers fur les rem→ Belcar. 1. 23. parts, leurs foldats les fuivirent, &

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la Ville fut emportée d'emblée; mais la garnifon s'étant retiré dans le Château, il fallut faire venir de l'artillerie pour l'y forcer ; en mêmetemps on apprit que le Marquis du Guaft marchoit au fecours des affié

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on en donna promptement avis à Langei, & l'on croyoit devoir abandonner l'entreprife, mais Bellay, 1.9. Langei toujours inftruit de tout, avertit les affiégeans qu'il n'y avoit pour tous vivres dans le Château que deux facs de farine & un feul cheval; que les affiégés feroient obligés de fe rendre dès le lendemain au plus tard, que le Marquis du Guaft n'arriveroit que dans trois jours; il fe chargea de les faire inftruire de fon arrivée & de faciliter leur retraite. Ce qu'il avoit prédit arriva, les affiégés, qui depuis trente-fix heures n'avoit pris aucune nourriture, capitulerent le lende main.

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Le Marquis du Guaft, pour fe venger de cette perte, alla prendre d'affaut Villeneuve d'Aft & s'em- ́ parer de Poiring, de Campian, de quelques autres poftes peu importans; fa fupériorité ne lui permettant pas de refter enfermé entre le Tanaro & le Pô, il voulut paffer ce dernier fleuve & tenter d'aller par des excursions dans le plat-pays

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affamer Turin & Pignerol, il vou loit auffi ôter aux François toute communication avec le Marquifat de Saluces. C'étoit à Carignan qu'il prétendoit paffer le Pô; Langei ayant pénétré fon deffein, fit travailler en diligence à un fort pour défendre le paffage; les armées furent près de quinze jours en préfence, mais Langei étoit un ennemi dont il falloit toujours fe défier. Il profita du voifinage pour attirer à fon parti fix mille fantaffins Italiens du Marquis du Guaft & quelque Cavalerie; le Marquis fut donc obligé d'abandonner fon projet & de refter enfermé entre fes deux rivieres, il s'éloigna tant qu'il put de Langei dans la crainte que ce Général ne lui enlevât tout ce qui lui reftoit de troupes Italiennes. Langei eût tenu la campagne à fon tour, fans une mutinerie des Suiffes qui refuferent de pourfuivre les Impériaux, & qui voulurent abfolument fe retirer à Pignerol, cette conduite de leur part étoit affez ordinaire pour qu'on n'en fût pas

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