TIN. An. 311. avantures. Il fut enterré en Dace, ou CONSTAN- il étoit né, dans un lieu qu'il avoit nommé Romuliane, du nom de fa mere Romula. Par une vanité pareille à celle d'Alexandre le Grand, il fe vantoit d'avoir eu pour pere un ferpent monftrueux. On ignore le nom de fa premiere femme, dont il eut une fille qu'il donna en mariage à Maxence. Malgré fes débauches il avoit refpecté Valérie, & lui avoit fait l'honneur de donner fon nom à une partie de la Pannonie. Il avoit auparavant procuré à cette province une grande étendue de terres labourables, en faifant abattre de vaftes forêts, & deffécher un lac nommé. Pelfo dont il avoit fait écouler les eaux dans le Danube. Maxence qui fe plaifoit à peupler le ciel de nouvelles divinités, en fit un Dieu, quoiqu'ils euffent été mortels ennemis; & ce ne fut qu'après la mort de Galere qu'il fe reffouvint que ce prince étoit fon beau-pere, titre qu'il lui donna alors avec celui de Divus fur fes propres monnoies. LXII. Différence Je ne dois pas diffimuler que plu au fujet de Eutrope. fieurs auteurs payens ont parlé affez avantageufement de Galere: ils lui CONSTAN donnent de la juftice & même de bon- TIN. An. nes mœurs. Mais outre que ce font 311. des abbréviateurs qui n'entrent dans de fentiment aucun détail, & qu'il faut croire fur Galere. leur parole, le zele de ce Prince pour Aurel. Vict. la religion qué ces auteurs profef- Vict. Epit. foient, peut bien dans leur efprit lui avoir tenu lieu de mérite. Peut être auffi les auteurs Chrétiens, par un motif contraire, ont-ils un peu exagéré fes vices. Mais il n'eft pas croyable que des hommes célébres, tels que Lactance & Eufebe, qui écrivoient fous les yeux des contemporains de Galere, & qui développent toute fa conduite, ayent voulu s'expofer à être démentis par tant de témoins fur des faits récens & publics. Or à juger de ce Prince non pas par les qualités qu'ils lui donnent, mais par les actions qu'ils en racontent parmi une foule de vices on ne lui trouve guere d'autre vertu que la valeur guerriere. LXIII. Confulats de Il étoit quand il mourut conful pour la huitieme fois. Les faftes font cette année TIN. fort peu d'acord fur les confulats de CONSTAN cette année: les uns donnent pour collegue à Galere, Maximin pour la An. 311. feconde fois ; d'autres Licinius; & il Lact. c. 35. eft conftant que celui-ci avoit été fur Conftan- conful avant l'année suivante : quel Till. note 28 tina LXIV. Maximin & ques-uns nomment Galere feul conful. Maxence laiffa Rome & l'Italie fans confuls jufqu'au mois de Septembre, qu'il nomma Rufin & Eufebe Volufien. A la premiere nouvelle de la mort Partage de de Galere, Maximin qui avoit pris de Licinius. d'avance fes mefures, accourt en diliLact. c. 36. gence pour prévenir Licinius & fè faifir de l'Afie jufqu'à la Propontide & au détroit de Chalcédoine. Il fignale fon arrivée en Bithynie par le foulagement des peuples, en faifant ceffer toutes les rigueurs des exactions. Cette générofité politique lui gagna tous les cœurs, & lui fit bien-tôt trouver plus de foldats qu'il n'en voulut. Licinius approche de fon coté; déja les armées bordoient les deux rivages; mais au lieu d'en venir aux mains, les Empereurs s'abouchent dans le détroit même, fe jurent une amitié fincere, & conviennent TIN. par un traité que toute l'Afie reftera CONSTANT à Maximin, & que le détroit fervira de borne aux deux Empires. An. 311 LXV. Débauches de Maximin. Vict. epit. Lat. c. 33. 1. 8. c. 14. Après une conclufion fi favorable, il ne tenoit qu'à Maximin de vivre heureux & tranquile. Ce prince forti ainfi que Galere & Licinius des forêts de l'Illyrie, n'avoit pourtant pas l'ef-, prit auffi groffier. Il aimoit les lettres, il honoroit les favans & les philofophes peut-être ne lui avoit - il manqué qu'une bonne éducation & de meilleurs modeles, pour adoucir l'humeur barbare qu'il tiroit de fa naiffance.Mais enivré du pouvoir fuprême pour lequel il n'étoit pas né, emporté par l'exemple des autres princes, enfin devenu férocé par l'habitude de verfer le fang des Chrétiens, il n'épar gna plus fes provinces ; il accabla les peuples d'impofitions, il fe livra fans réferve à tous les défordres. Il ne fe levoit guere de table fans être ivre, & le vin le rendoit furieux. Ayant obfervé qu'il avoit alors plufieurs fois donné des ordres dont il fe repentoit enfuite, il commanda que ce qu'il TIN. ordonneroit après fon repas, ne fûc CONSTAN- exécuté que le lendemain : précaution honteufe, qui prouvoit l'intemAn. 311. pérance dont elle prévenoit les effets. Dans fes voyages il portoit par tout la corruption & la débauche, & fa cour fidele à l'imiter flétriffoit tout fur fon paffage. Avec fes fourriers couroit devant lui une troupe d'eunuques & de miniftres de fes plaifirs, pour préparer de quoi le fatisfaire. Plufieurs femmes trop chaftes pour se prêter à fes defirs, furent noyées par fes ordres: plufieurs maris fe donnerent la mort. Il abandonnoit à fes efclaves des filles de condition après les avoir deshonorées : celles. du commun étoient la proye du premier raviffeur; il donnoit lui-même brévet & comme une récompense celles dont la nobleffe étoit dif tinguée; & malheur au pere, qui après la conceffion de l'Empereur,auroit refufé fa fille au dernier de fes gardes, qui prefque tous étoient des Barbares & des Gots chaffés de leur pays. LXVI. par Maximin L'édit de Galere en faveur des |
