, Ces Troupes aïant défilé devant le Duc entrerent dans l'enceinte du Camp: fa forme étoit un carré long; il étoit fermé par des tranchées assez profondes, avec des barrieres en dehors & en dedans : on y entroit par trois faces. Le terrain où il étoit placé, avoit une pente prefque infenfible: la partie fupérieure du côté de Dijon, étoit occupée par les magnifiques Tentes du Duc de Bourgogne & des Dames de fa Cour, & par celles qui étoient destinées aux Seigneurs Etrangers. Ces fuperbes Tentes dominoient fur les autres par l'avantage de la fituation, & toutes ensemble, elles formoient une efpéce d'Amphitéatre. On diftinguoit enfuite le Quartier de chaque Seigneur Bourguignon, par leurs Bannieres, placées au haut de la Tente principale, qu'on remarquoit dans le centre de celles qui en dépendoient. A une distance affez grande, pour ne caufer aucune confufion, le Duc avoit fait préparer le lieu deftiné aux Tournois & aux Caroufels. On y entroit par une feule porte, faite en Arc de Triomphe. L'Amphithéatre où devoient fe placer le Souverain, les Dames, & les personnes prépofées pour juger du mérite des Chevaliers, étoit décoré avec autant d'art que de fomptuofité. Le lendemain de l'arrivée des Troupes, le Duc monta à cheval pour fe rendre au Champ des Tournois: il étoit accompagné des Seigneurs de Beaufremont, de Vienne, de Fajel & de Vergi, qui s'étoient déclarez les Tenans. Hugues leur. difoit qu'il ne prévoïoit pas quels feroient les Affaillans, lorfqu'on découvrit dans la Plaine, quatre petites Troupes qui marchoient fur la même ligne, vers le Champ des Tournois. Le Soleil qui, ce jour-là, n'étoit offufqué d'aucun nuage faifoit briller un acier rehauffé d'or qui annonçoit que 'les Chefs de ces Quadrilles étoient des gens de grande confidération. Ah! s'écria le Duc à fes illuftres Bourguignons, je vois paroître des Rivaux dignes de vous combattre. Préparez-vous à foutenir la gloire que vous avez acquife en pareilles occafions. Comme on n'avoit point vû les Seigneurs François au lever du Duc, & qu'ils ne paroiffoient point actuellement autour de lui, on ne fut pas embarraffé à deviner quels étoient les quatre Chevaliers qui marchoient, la lance haute, à cinq ou ou fix pas de leurs petites Troupes. Ils s'avançoient lentement, & tout fe trouva préparé pour les recevoir, lorfqu'ils fe présenterent à la porte du Champ. Ils virent audeffus de cette porte les Ecuffons de Beaufremont, de Vienne, de Fajel & de Vergi ; & dans le milieu ce Cartel en gros caractéres d'or: Nous Chevaliers, à qui de gentes Dames, Navrent les cœurs par moults traits porteflanimes, Qui guerroïons, comme faifoient jadis Pour leurs Beautez, les très-preux Amadis; Tout ainfi qu'eux, sûrs fuppôts d'inno cence, Tout ainfi qu'eux, fiers vengeurs d'arro gance, Ouvrons le Champ, à quiconque envieux, Lance › Après qu'un Hérault eut déclaré au Duc & aux Chevaliers Tenans, que des Etrangers armez de toutes Piéces, demandoient à être introduits dans le Champ, & qu'on l'eut permis, la porte leur en fut ouverte. Alors les Quadrilles des Seigneurs Bourguignons, les Chefs à leurs têtes, pafferent devant le Duc de Bourgogne & toute fa Cour, qu'ils faluerent de la Lance, la vifiere du Cafque hauffée. Les quatre Quadrilles des Etrangers, moins nombreu fes que les autres mais auffi brillantes, & peut-être mifes d'un goût plus fin & plus recherché, firent la même cérémonie, à cette difference près, que leurs Chefs avoient la vifiere baiffée. Chacun fut enfuite prendre son pofte. > Le Comte de Rethel eut à |