ils fe lavent le vifage, les mains & les pieds, Dès qu'ils y font entrez, ils s'inclinent profondement contre terre, pour mar-. quer le refpect qu'ils portent à ce lieu de leur oraifon. Le Talafuman qui› est le premier Prestre la commence, les affiftans la continuent à certaines paroles près. Ils font tous à genoux fur des tapis ou fur la terre nuë qu'ils baifent par trois fois. De là ils s'affeoient fur leurs talons, tournans la tête. L à droit & à gauche pour faluer leur Prophete Ma homet, avec ces paroles qu'ils repetent à diffe rentes reprises. Hailamo, bailamo, bailamo! Ils paroiffent comme hors d'eux-mêmes faifis d'une refpectueuse frayeur pouffant un grand fou & tenant pir· houp leur tête à deux mains, ils font fi appliquez à leurs prieres, que rien pendant ce tems, n'eft capable de les en détourner, quand même le Grand Seigneur leur ordonneroit d'interrompre cet exercice. V I. ge La priere étant finie, le Talafuman monte en Chaire pour faire l'élode Mahomet, & leur parler de la conduite que Dieu a tenue fur la miffion de ce Prophete. Il en a envoyé quatre au monde, leur dit-il, le premier a été Moïse, qu'ils appellent Mifac à qui il a donné la Loi ; le fecond David à qui il a commandé d'écrire les Pleau mes, le troifiéme eft celui qu'il difent être Jesse, & que nous appellons Jefus-Chrift २ Mais pourquoi cette miffion de fffé le Talafuman en rend cette raison. Dieu voyant par une longue fuite de fiecles, que la malice des hommes augmentoit tous les jours, & que la feverité de fa Loi les rebutoit, il a envoyé ce troifiéme Prophete avec une Loi plus douce, exemte de beaucoup de ceremonies onereuses, & plus aifée à observer. C'eft lui qui a apporté sur la terre le fabile. C'est ainfi que ce Preftre Turc appelle l'Evangile Loi qui contient le falut de tous les hommes, & qui par cet adouciffement les devroit porter à en être de fidelles obfervateurs. Cependant comme la dureté du cœur humain fubfiftoit toujours, & qu'il fembloit que la facilité du remede enveni moit les playes au lieu |