Imágenes de páginas
PDF
EPUB

Lycabas originaire d'Affyrie, Affyrius Lycabas, pays voilin de la Palestine. Ovide nomme enfuite Phorbas; de la ville de Syenne dans la haute Egypte, & le Libyen Amphimedon : puis Polydemon qui defcendoit des Semiramis Reine des Affyriens ; & Halcionée, à qui il donne l'épithete de Bactrius, ou, comme portent quelques Manufcrits, Barcæus, & qui étoit venu de Barce, ville de la Cyrenaïde ; Celadon, originaire de Mendès dans la baffe Egypte, ou plûtôt de la ville de Myndès dans la Syrie ; car il y a des manuscrits dans lefquels on lit Myndefius Celadon, au lieu de Mendefius; Aftrius, dont la mere étoit de la Paleftine même, matre Palaftina; Molphée, à qui il donne l'épithete de Chaonius, c'eft-à-dire, qui tiroit fon origine des Chaoniens, peuples voifins de l'Arabie, felon Pline (a); Ethemon Nabathéen ou Arabe ; Nilée, qui fe vantoit d'avoir le Nil pour pere; qui fe genitum feptemplice Nilo, ementitus erat, c'est-à-dire, qui étoit né en Egypte aux environs de ce Fleuve ; enfin Asthyagès, dont le nom paroît Affyrien.

On voit par ce détail, que tous ces chefs, ou fi on veut, tous ces foldats de l'armée de Phinée, venoient de Pays affez voisins du lieu où je place la fcene de cet évenement; ce qui prouve que c'eft près de Joppé que fe donna le combat entre Perfée & Phinée. Ce pays étoit alors en commerce avec la Grece, qui en avoit reçu plufieurs Colonies; & il fut facile à Perfée d'y aller au fortir de la Libye.

Il réfulte donc de tout ce que je viens de dire, que Porfée ne doit point être regardé comme un Cavalier, qui monté fur Pegafe fit tant de belles actions; mais comme un chef d'Efcadre, qui fit quelques expeditions maritimes; d'abord fur les Vaiffeaux à rames qu'il avoit emmenés de Seriphe, puis fur les Vaiffeaux à voiles qu'il enleva fur les côtes de Libye.

Notre Heros après cette expedition emmena son épouse à Seriphe, ou ayant fait perir Polydecte, il s'en alla avec elle & fa mere dans la Grece, où il fit mourir Prœtus, qui peu content de fon partage, qui étoit la ville de Tyrinthe, Mydée, & toute la côte de l'Argolide, avoit détrôné Acrise. Tome III.

(1) Liv. 6.

C. 28.

Perfée rétablit fon grand-pere dans fes Etats; mais ayant voul lu faire voir fon adreffe au jeu du Palet, il le tua malheureu (1) Ia Co- fement: voici de quelle maniere Paufanias (1) raconte cet éve

riath.

nement.

"

[ocr errors]

Acrife ayant appris que Perlée n'étoit pas loin d'Argos & fçachant la réputation qu'il s'étoit faite par beaucoup de belles actions, ne put résister à l'envie de voir ce jeune Heros, & fe rendit à Lariffe, fur le Fleuve Penée. Perfée de fon côté plein d'impatience d'embraffer fon ayeuk, & de gagner fon amitié, ne manqua pas de venir à Lariffe. Là Perlée voulut faire preuve de fon adreffe; mais le malheur voulut qu'ayant jetté fon palet de toute fa force, il atteignit Acrife, qui frappé de ce coup mourut auffi-tôt. Ainfi fe trouva accomplie la prédiction qui lui avoit été faite, fans que la cruauté qu'il avoit exercée contre fa fille & fon petit-fils, l'en pût garantir. Perfée s'étant rendu à Argos, & fe reprochant un parricide qu'il n'avoit pourtant commis que par mégarde engagea Megapente, fils de Proetus, à changer de Royaume avec lui, & il alla bâtir Mycenés qui devint la capitale de fes Etats.

[ocr errors]

J'ai parlé de fes fucceffeurs dans l'Hiftoire des Rois d'Argos, & je n'ai rien ici à y ajouter: car pour ce qui regarde le temps auquel il vivoit, j'en ferai un Chapitre particulier, à la fuite de l'Hiftoire de Bellorophon. Comme de fon vivant notre Heros avoit favorifé les belles Lettres, & fait bâtir une Academie fur le mont Helicon ; & qu'il étoit d'ailleurs illuftre par fes beaux exploits, on l'éleva jufqu'au Ciel, dans les Panegyriques qu'on fit à fon honneur, & on en fit un Demi-Dieu. On forma même de ce Prince & de toute la famille de fa femme, les conftellations qu'on nomme la Caffiopée, l'Andromede & Perfée: il n'y eut pas jufqu'au Monftre qu'on difoit qu'il avoit tué, qui ne fut placé dans le Ciel, où il forma le figne de la Baleine. On mêla dans le récit de fes actions tout le furnaturel dont on put s'avifer; & comme il avoit fait toutes ces conquêtes & ces voyages avec autant de bonheur que de fageffe, & avec une rapidité infinie, on puque les Dieux lui avoient prêté leurs armes; Mercure fes

blia

ailes & fes talonnieres, pour marquer la légereté de fes courfes; Pluton, fon cafque, fymbole de fa prudence & de fa politique, qui lui faifoit cacher tous fes deffeins fous un fecret impénétrable; Pallas fon bouclier, pour marquer le bonheur qui l'accompagnoit toujours.

Paufanias dit (1) que ce Prince étoit honoré comme un He- (1) In Co ros à Argos, & encore plus dans l'Ile de Seriphe & à Athe- rinth.c. 18. nes, où il avoit un Temple dans lequel étoit un Autel confacré à Dictys & à Clymene, qui étoient regardés comme les Sauveurs de ce Heros. Ce Dictys, au refte étoit frere de Polydecte, & ce fut lui & fa femme Clymene qui par l'ordre du Roi avoient pris foin de fon éducation, lorsqu'il fut jetté par les flots dans l'Ile de Seriphe.

On me demandera peut-être quel eft le fondement de la Fable qui dit que les filles de Proetus, dont nous venons de parler, fe croyoient changées en Vaches, & courant à travers les campagnes pour empêcher qu'on ne les mît à la charrue, les faifoient retentir de leurs mugiffemens, comme Virgile nous l'apprend (a). On croit qu'en effet elles devinrent infenfées, & que leur folie étoit de croire qu'elles étoient des vaches; Melampe les guérit & en époufa une, & fon frere Biance l'autre; c'étoient leurs coufines, car Protus étoit leur oncle maternel. Ils eurent dans la fuite une partie du Royaume d'Argos, de Megapente leur beau-frere, en récompenfe de ce fervice; & c'eft par là que Talaüs, Adrafte & Tydée gendre de celui-ci, eurent part au Royaume d'Argos. N'oublions pas de dire qu'on attribua le malheur de ces filles à la vengeance de Junon, qu'elles avoient outragée en égalant leur beauté à la fienne; ce qui étoit un crime que les Dieux ne pardonnoient pas ; mais toutes fictions à part, il y a apparence que ce genre de folie étoit caufé par quelque maladie, où l'imagination avoit beaucoup de part, comme nous en voyons de femblables dans les hypocondria

(a) Prætides implerunt falfis mugitibus agros;

At non tam turpes pecudum tamen ulla facuta eft
Concubitus, quamvis collo timuiffet aratrum,
Et fæpè in lavi quafiffet cornua fronte. Egl. 6.

rinth.

ques, qui croient reffembler à plufieurs fortes d'animaux. Auffi Melampe employa-t-il à leurs guérifon de l'ellebore noir; (1) In Co- appellé depuis de fon nom, Melampodion. Paufanias dit (1) qu'elles furent guéries à Sicyone dans la Place publique, & que Proetus, leur pere, fit bâtir en cet endroit un Temple dédié à la Perfuafion, preuve que les difcours de Melampe & de fon frere avoient eu au moins autant de part à la guérison de ces filles, que les remedes qu'ils leur donnerent.

Selon Paufanias, ces filles ne furent pas feules attaquées de cette maladie; cet Auteur la donne aux autres femmes d'Argos, & leur folie étoit de courir les champs.

On peut voir d'un coup d'oeil la pofterité de Perfée dans cet Arbre généalogique.

POSTERITE DE PERSEE.

ALCE'E époufa HIPPOMONE filles AMPHITRYON
de MENOECE'E.

LANAXO, femme d'Ele&ryon.

MNESTO HIPPOTOE' TAPHIUS. qui PTERELAS, que Nepépoufa Lifyseur de Neptu-bâtit la ville de Ta- tune fon ayeul rendit imphus en Cephalonie.mortel.

fille de Pe

lops.

ne.

PERSE'E, ELECTRYON,po ufa Anaxo fa niece, de laquelle il eut

fils de Danaé & de Jupiter

délivra AN

DROMEDE

fille de Cephée, l'époufa & en eut fix fils & une fille.

un fils, nommé

Il eut auffi de Medée

STENELUS époufa
NICIPPE fille de

Pelops Roi d'Elide,
de laquelle il eut

phus

[blocks in formation]

HELAS, dont on ne connoît point la pofterité.

PERSES qu'il laiffa chez Cephée fon beau-pere. Les Perfes prétendoient en être defcendus.

GORGOPHONE époufa Perieres l'un des dèfcendans de Deucalion.

B

CHAPITRE V I.

Hiftoire de Bellerophon.

».

lib. 6.

ELLEROPHON qui felon Homere (1) étoit fils de ... (1) Iliad. Glaucus, Roi d'Ephire ou de Corinthe, & petit-fils de Sifyphe, s'appelloit Hipponoüs; mais ayant tué fon frere, ou quelque perfonne confidérable de Corinthe, qui felon quelques Auteurs s'appelloit Beller, on lui donna le nom de Bellerophon, comme qui diroit Meurtrier de Beller, & il fut obligé de fe retirer à Argos, où Prœtus le reçut trèsbien; mais la reine Stenobée fa femme, ou plutôt Antée, comme la nomme Homere qui raconte cette fable fort au long, en étant devenue amoureufe, & l'ayant trouvé infenfible, elle lui fit un crime de fa cruauté, & l'accufa devant fon mari de l'avoir voulu féduire. « Seigneur, lui ditelle (2), il faut vous refoudre, ou à perir vous-même, ou (2) Id ib. à tuer Bellerophon, qui a eu la folle préfomption de lever les yeux fur moi, & de vouloir me faire violence Ce Prince furpris d'une fi étrange nouvelle, auroit d'abord pris le parti de le faire mourir, mais n'ofant violer les droits facrés de l'hofpitalité, il fe contenta de l'envoyer chez fon beau-pere Jobate, Roi de Lycie, pere de Stenobée, en le priant dans une lettre, dont Bellerophon fut lui même le porteur, de s'en défaire (a). Bellerophon partit, continue Homere, fous la protection des Dieux, toujours protecteurs de l'innocence, & arriva heureusement en Lycie, fur les rives du Xanthe (b). Jobate le reçut avec joye, & le régala pendant neuf jours, & à chaque jour il immoloit aux Dieux (a) Euftathe prétend que ces Lettres é- verbe d'appeller des Lettres de Bellerotoient des Tablettes, où au lieu de Let-phon, celles qui contiennent quelque tres il y avoit des hieroglyphes qui appre-chofe contre les interêts de ceux qui les noient au Roi, le crime du porteur, & la portent: voyez Erafme dans fes Adages. vengeance qu'il en vouloit prendre; c'eft Telles étoient les Lettres d'Urie, à qui pourquoi Homere les appelle oara, cette hiftoire reffemble affez. Jigna. Quoiqu'il en foit, il a paffé en pro

(6) Homere a grand foin de marquer

« AnteriorContinuar »