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les foldats, il faifoit cas de la va « leur, il vouloit qu'elle fût toû- « jours récompenfée : & on fçait qu'ayant trouvé des rich effes im- « menfes dans Sueffe, ville des « Volfques, dont il s'étoit rendu «< maître, il aima mieux abandon- «<< ner le butin à fon armée, que de«< fel'approprier; en forte qu'outre « les efclaves, les chevaux, les « grains & les meubles, il en revint << encore à chaque foldat cinq mi- « nes d'argent.

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Cependant pour venger vos « propres injures, nous avons chaffé ce Princé de Rome; nous a- « vons pris les armes contre un Sou-« verain qui ne fe défendoit que « par les prieres qu'il nous faifoit « de nous feparer de vos interêts, « & de rentrer fous fa domination. « Nous avons depuis taillé en pie-« ces les armées des Veïens & de « Tarquinie qui vouloient le réta-« blir fur le Trône. La puiffance «< formidable de Porfenna, la fa- « mine qu'il a fallu endurer pen- « dant un long fiege, des affauts, des combats continuels, rien en-« fin a-t-il pû ébranler la foi que «<

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»nous vous avions donnée? Trente » villes des Latins s'uniffent pour » rétablir les Tarquins; qu'auriezvous fait alors fi nous vous avions abandonnez & fi nous » nous étions joints à vos enne» mis? Quelles récompenfes n'au»rions-nous pas obtenues de Tarquin, pendant que le Sénat & les » Nobles auroient été les victimes » de fon reffentiment; Qui eft-ce qui a diffipé cette ligue fi redou» table? A qui êtes-vous redevable de la défaite des Latins? N'eft» ce pas à ce même peuple, l'au »teur d'une puiffance que vous » avez depuis tournée contre lui? Car quelle récompenfe avons nous tirée du fecours fi utile de » nos armes? La condition du Peu"ple Romain en eft elle devenue

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plus heureuse? L'avez-vous af"focié à vos Charges & à vos Dignitez ? Nos pauvres citoyens » ont-ils feulement trouvé quel "que foulagement dans leur mifere? N'a-t-on pas vû au contrai »re nos plus braves foldats acca»blez fous le poids des ufures,gemir dans les fers d'impitoyables

creanciers? Que font devenues « tant de vaines promeffes d'abolir « à la paix toutes les dettes que la « dureté des Grands leu ravoit fait « contracter? A peine la guerre a- « t-elle été finie, que vous avez é- c galement oublié nos fervices & co vos fermens. Que venez-vous « donc faire ici? Pourquoi vouloir« encore feduire ce peuple par l'en-« chantement de vos paroles y a- « t-il des fermens affez folemnels " pour fixer votre foi? Que gagne-« rez-vous après tout dans une ré-« union formée par artifice, entre-c tenue avec une défiance récipro-ce que, & qui ne fe terminera à la « fin que par une Guerre civile? « Evitons de part & d'autre de fi « grands malheurs ; profitons du « bonheur de notre feparation ; « fouffrés quenous nous éloignions" d'un pays où l'on nous enchaîne « comme des efclaves, & où deve-co nus fermiers de nos propres heri-« tages, nous fommes réduits à les « cultiver pour le profit de nos ty- co rans. Nous trouverons notre pa- « trie par tout où il nous fera per- « mis de vivre en liberté ; & tant

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que nous aurons les armes à la » main, nous fçaurons bien nous » ouvrir une route à des climats plus fortunez.

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Un difcours fi hardi renouvella dans l'Affemblée le fâcheux fouvenir de tant de maux dont le peuple fe plaignoit; chacun s'empreffoit de citer des exemples de la dureté des Patriciens. Les uns avoient perdu leurs biens, d'autres fe plaignoient d'avoir gémi longtemps dans les prifons de leurs creanciers, plufieurs montroient encore les veltiges des coups qu'ils avoient reçus, & il n'y en avoit aucun qui dans l'interêt general ne trouvât encore une injure particuliere à venger.

1d. ibidem. T. Largius Chef de la députation, crut devoir répondre à tant de plaintes, & il le fit avec cette exacte équité, & la droiture qui lui étoit fi naturelle. Il dit qu'on n'avoit pû empêcher des gens qui a voient prêté leur bien debonne foi, d'en exiger le payement; & qu'il étoit fans exemple dans tout Etat bien policé, que le Magiftrat refufât le fecours des loix à ceux qui le re

clamoient, tant que ces Loix & la Coutume fervoient de regle dans le Gouvernement. Que cependant le Sénat vouloit bien entrer en connoiffance des befoins du peuple, & y remedier par de nouveaux reglemens; mais auffi qu'il étoit de fa juftice de diftinguer ceux qui par une fage conduite meritoient les fecours de la République, do certaines gens qui n'étoient tombez dans la pauvreté que par la pareffe & l'intemperance ; que des féditieux qui ne paroiffoient occupez que du foin d'entretenir la divifion entre le Sénat & le Peuple, ne meritoient pas plus de grace, & que la République gagneroit beaucoup en perdant de tels ci

toyens.

T. Largius alloit continuer un difcours plus fincere que convenable à la conjoncture préfente, lorfque Sicinius irrité de ce qu'il venoit de dire au fujet des chefs de la fédition, l'interrompit brufquement, & adreffant la parole à l'Af femblée: » Vous voyez,mes Compagnons, leur dit-il, par le dif- « cours fuperbe de ce Patricien, «

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