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agi defpotiquement en plufieurs rencontres comme s'il avoit été plutôt fouverain que miniftre. Tous les autres articles étoient de la même nature, & rouloient fur l'abus qu'il avoit fait des charges de légat, de chancelier, de premier ministre, & de la faveur dont le roi l'avoit honoré. Enfuite l'accufation fut portée à la chambre baffe, dont le concours étoit néceffaire, & l'on menaçoit de l'y condamner fur le champ comme coupable de haute trahifon; mais Thomas Cromwel domestique du cardinal, & un des membres de cette chambre, foutint les intérêts de fon maître avec tant d'adreffe & de fermeté, qu'il le tira de danger pour cette fois. Cette vigueur de Cromwel plut au roi, qui commença dès-lors à l'eftimer.

AN. 1529

cXVIII.

Louis Berquin

place deGreve.

art. 85.

Crefp. in act.

Louis Berquin, dont les écrits avoient été cenfurez en partie en l'année 1526. s'étant vû hors de pri- eft condamné à fon par la faveur de François I. qui l'aimoit malgré ètre brûlé en les égaremens de fon efprit, loin de profiter de fa li. Supra lib. 130. berté, pour , pour édifier ceux que fes écrits avoient fcan-Bee hist. Eccl. dalisez, eut la hardieffe d'accufer les propres accula-P 70 teurs Beda & Duchefne, les fit paffer pour des gens Mart. fans religion, & déféra douze articles tirez des livres de Beda. Il écrivit alors à Erafme qu'il ne falloit plus tarder, qu'il devoit se joindre à lui, qu'il étoit tems de faire perdre aux docteurs toute l'autorité qu'ils avoient dans l'églife, & de les décrier tout-à-fait, l'occafion étant favorable. S'il avoit fuivi alors les confeils judicieux d'Erasme, il n'auroit pas été opprimé. Son avis étoit que Berquin devoit quitter fon entreprise & fortir du royaume, mais un avis si sage ne fit aucune impreffion fur fon efprit, ce qui réveilla fes ennemis, qui firent nommer douze commiffai

AN. 1529.

CXIX. Cenfure con

tre un Breviai

res, pour le juger & lui faire fon procès. Il fut donc mis pour la troifiéme fois en prison, & l'arrêt rendu contre lui portoit que fes livres feroient brûlez, & qu'après avoir fait abjuration des erreurs qu'on en avoit tirées; il auroit la langue percée, & feroit enfermé dans une prifon perpétuelle. Cette fentence lui ayant été prononcée, il en appella au pape & au roi, Le fçavant Guillaume Budé, qui fut un de fes juges, fit tout ce qu'il put pendant trois jours pour lui perfuader de fauver la vie, par la rétractation de fes erreurs : mais n'ayant pû vaincre fon opiniâtreté, fes juges fe raffemblerent & le condamnerent au feu. La fentence fut exécutée à Paris dans la place de Greve le vingt-deuxième d'Avril de cette année 1529.

La faculté de théologie de Paris, fit encore dans cette même année 1529. une autre cenfure de quelre du diocefe ques changemens inférez dans le texte de plufieurs D'Argentré in pleaumes d'un breviaire du diocéfe de Soiffons: deux collect judic, chanoines de l'églife cathédrale lui déférerent ce bretom. 2. p. 77. viaire, & après une mûre délibération, la faculté dé.

de Soiffons.

de novis error.

cida le vinge quatriéme de Juillet, que cette entreprise étoit dangereufe, & qu'on ne devoit point la fouffrir; dans le même tems elle écrivit à l'évêque de Soiffons & au chapitre deux lettres dattées du même jour, dans lesquelles elle marque au premier, qu'on lui avoit envoyé un breviaire de fon diocefe, publié depuis peu fous fon nom, mais qui contenoit plufieurs chofes odieufes pour leur nouveauté, contraires à l'ufage commun de l'églife, & qui pourroient caufer un fchifme dans celle de France, fi on n'y apportoit pas un prompt remede; qu'elle le prioit d'étouffer ces femences de divifion, avant que le mal devienne

plus grand, & que ces conteftations augmentent : elle écrivit dans les mêmes termes au chapitre.

AN. 1529%

CXX.

Erafme quitte

Fribourg.

comment. lib.

201.

Inter epift.

ep. 31.

in 12. ann.

Erafme voyant qu'on le foupçonnoit toujours. d'embraffer les nouvelles opinions, fe réfolut de quit- la ville de Bafle ter la ville de Bafle qui en étoit infectée & fe retira à & fe retire à Fribourg en Brifgaw, qui appartenoit à Ferdinand. Sleidan. in Quelques mois après qu'il fut arrivé dans cette ville, 6. fub fin. pag. c'eft-à-dire, dans le mois de Novembre, il publia un ouvrage contre ceux qui prenoient fauffement Erafm.lib.19. le nom d'évangéliques: ces gens.là, dit-il, font des InvitaErafm. orgueilleux qui voudroient mettre Dieu même dans 1642. p. 53leur parti, s'il étoit poffible: pour moi je n'en connois". 19 point qui ne foit devenu plus méchant depuis qu'il a commencé à profeifer ce nouvel évangile, qui n'est pas affurément celui de JESUS-CHRIST. Les théolo- Adverfus giens de Strasbourg répondirent à cet écrit, parce gelicos epiftola. qu'Erafme ne les y avoit pas épargnez, non plus que ceux de Bafle, & particulierement Martin Bucer qui avoit été religieux dominiquain, & qui fut un des premiers auteurs de la réforme à Strasbourg où il étoit miniftre.

Pfeudo-Evan

CXXI. Lettre d'Eraf

Je trouve encore une lettre d'Erafme du neuvié. me Juin 1529 à Jacques Lopez Stunica, docteur me à Stunica. en théologie de l'univerfité d'Alcala, qui avoit écrit contre les notes de ce fçavant homme, fur le nouveau teftament, outre un autre ouvrage intitu ké: Blasphemes & impiétez d'Erafme, &c. dans lequel il avoit recueilli les paffages les plus libres des ouvrages: qui pouvoient le rendre odieux aux puiffances ecclefiaftiques: & ce livre fut long-tems après imprimé fecrettement, & publié malgré les défenfes faites à l'auteur par Leon X. & renouvellées par

AN. 1529.

ges d'Erafme

fon fucceffeur Adrien VI. Erafme fut obligé d'y ré. pondre, & de faire voir dans une apologie, que Stunica lui en avoit impofé ou avoit mal interprété fes fentimens. Stunica fit paroître quelque tems après un écrit intitulé le Prodrome, & deux autres petits ouvrages, l'un fous le titre des Principales conclufions fufpectes & fcandaleufes qui fe trouvent dans les livres d'Erafme, & un autre, pour prouver que l'ancien interpréte de l'écriture fainte n'avoit point fait les folicifmes qu'Erafme avoit remarquez. Il y eut une réponse aux conclufions de la part d'Erasme, qui écrivit en même-tems la lettre apologétique dont nous parlons ici, pour fervir de replique au dernier traiCXXII. té de Stunica. Caranza ayant prétendu qu'Erafme aAutres ouvra voit diminué dans fa réponse la force des paffages qui prouvent la divinité de JESUS-CHRIST, Erafme ne manqua pas de répondre & de composer une apologie qu'on trouve dans fes œuvres au neuvième tome. Il fut auffi attaqué fur l'interprétation d'un paffage de faint Paul, par Staudicius évêque Anglois, & à Louvain, par Nicolas Egmond, carme & profffeur. Ce paffige regardoit la réfurrection; il y a 1. Corinth, c, dans le Grec: Nous ne dormirons pas tous du fommeil de la Erafinus in mort, mais nous ferons tous changez; dans la Vulgate : bune locum, Nous reffufciterons tous, mais nous ne ferons pas tous chanomnes quidem refurgemus, t. Eraime avoit fuivi dans la verfion le lens du Grec. gez; 9. operum. 1 Ses adverfaires prirent de-là occafion de l'accufer de plufieurs héréfies, & en particulier de nier la réfurrection. Erafme fait voir dans fa réponse que cette accufation eft fans fondement, & que le fens du Grec eft très-foutenable.

& Staudicius.

15. v. 51.

CXXIII. Ouvrages de

Luther fit auffi paroître quelques ouvrages dans

AN. 1529.

Spond.ad hunc

ann. n. 11.

12.

Cochleus. in

. fcript.

Lutheri

cette année: il écrivit en peu de mots au prevôt de Bresme, ce qui s'étoit passé dans les conférences de Luther dans Marpurg entre lui & Zuingle, l'affurant que les Sa- cette année. cramentaires avoient révoqué plufieurs articles de leur doctrine, ce qu'on ne pouvoit pas reprocher aux Luthériens, & qu'il leur avoit accordé, qu'encore qu'il ne pût les regarder comme freres, il ne ann. pag. 200. vouloit pas cependant les priver de la charité que nous devons même à nos ennemis. Il écrivit encore de la guerre contre les Turcs, & il s'exprimoit de telle forte qu'il paroiffoit plutôt détourner les Chrétiens de cette guerre, qu'il ne les y portoit; il s'y plaint de la condamnation que Leon X. avoit faite de fa propofition, dans laquelle il avoit enseigné autrefois, que combattre contre les Turcs, étoit réfifter à la volonté de Dieu qui nous vouloit vifiter; parce qu'il falloit vouloir non-feulement tout ce que Dieu veut que nous voulions, mais abfolument tout ce que Dieu veut. « Qu'on confulte, dit-il, l'expérien»ce, & l'on verra quel avantage nous avons tiré d'une pareille guerre, qui a fait perdre aux Chrétiens l'ile de Rhodes, prefque toute la Hongrie » & une bonne partie de l'Allemagne, ce qui montre que Dieu n'eft point avec nous quand nous combattons contre le Turc». Il y répand un grand nom bre de calomnies contre le pape, l'empereur, les rois, les princes, les évêques, & principalement la cour Romaine. Cochlée réfuta cet ouvrage, & en tira cent trente-fix propofitions: fon ouvrage eft en forme de dialogue.

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CXXIV.

Hérétiques

On ne laiffa pas de punir les fectateurs de cet héréfiarque, en quelques villes d'Allemagne. A Colo- brulez à Cole

gne.

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