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PLANCHE XLVI.

N°. I.

CE bufte de marbre blanc de grandeur naturelle est de la plus grande beauté pour la diftribution des maffes, & la fineffe de l'ensemble. C'eft un fragment, & l'on pourroit croire que c'eft la tête d'une ftatue qui représentoit Vénus; y découvre le caractère que l'antique donne à cette Divinité. Mais fans infifter fur cette conjecture, je me contenterai de dire que ce monument, peu capable de piquer la curiofité de ceux qui ne font que fçavans, peut être d'un très-grand fecours aux Artiftes. Les injures de l'air ont altéré fa fuperficie, & abattu les vives-arêtes qui donnent la vie à un ouvrage de sculpture. Il ne faut donc pas regarder cette belle tête de trop près. L'effet en est grand, & pour en être frappé, il faut s'en tenir un peu éloigné.

No. II.

CETTE pierre gravée fur une très-belle cornaline eft recommandable par l'élégance de fon travail, & par la grandeur qu'il indique, malgré la petiteffe de l'efpace occupé par le fujet. Ces raifons m'ont convaincu nonfeulement que c'étoit l'ouvrage d'un homme qui excelloit dans fon Art, mais qu'il avoit fervi d'original à toutes les copies antiques, & faites en creux; car ce sujet eft un des plus répétés. L'examen de ces copies n'a pû m'apprendre d'après laquelle des ftatues de Jupiter cette pierre ellemême a été gravée. La defcription que Paufanias nous a laissée de la statue de Phidias ne s'accorde point avec la pierre que nous voyons ici. La beauté de fa compofition & le nombre de fes copies ne permettent pas de douter que cette figure en particulier ne fût célébre dans la Gréce; & M. Mariette a suffisamment prouvé dans son

Voyag. de l'Elide,

liv. v. ch. xi.

Traité des pierres gravées, que les Graveurs en ce genre copioient ordinairement les meilleures ftatues. Ainfi je n'en dirai pas davantage. Mais quand cette pierre n'auroit pas été copiée d'après un monument fameux, je ne la regarderois pas moins comme un des plus beaux ouvrages qui nous foit parvenu, malgré le peu d'étendue dont j'ai parlé, & dont on peut juger par la mesure de la pierre. Il eft un des plus terminés dans tous fes détails. Il exprime enfin toute la majefté convenable à fon fujet, par la pofition générale de la figure, & par toute la finesse de l'outil l'agencement des cheveux & de la barbe.

N°. III.

pour

CETTE pierre gravée est d'un travail tendre & léger ce qu'en terme de l'art on nomme flou, d'une maniére coulante & très-peu enfoncée sur un cabochon de la plus brillante couleur que la cornaline puiffe avoir. Son éclat eft fi grand, que je n'en ai jamais vû de pareil dans cette efpéce de pierre. Je crois que cette belle figure de femme nue qui tient un oiseau fur fa main, représente la Piété; mais l'effentiel & le plus intéreffant pour les Curieux, c'eft la noblesse & la simplicité de fon attitude. L'une & l'autre ne peuvent aller plus loin, elles égalent la jufteffe, la précision & la légéreté du travail.Toutes ces parties font de fürs garans du profond fçavoir de l'Artifte. En un mot, cet ouvrage eft dans fon genre un des plus recommandables que la Gréce nous ait laiffé.

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CE buste d'homme eft de marbre blanc, & de grandeur naturelle. Le travail en eft grand & beau, & ne peut être que l'ouvrage d'un Grec. J'ai affez parlé ci-dessus du mérite de ces Artistes fameux, & je veux éviter les redites. Il faut mettre cette tête au rang des inconnues.

No. II.

La pierre de ce numéro repréfente Hercule Mufagétes, ou ce Dieu jouant de la lyre. Elle eft gravée en creux fur un très-beau cabochon d'améthyste, dont la couleur est d'une grande beauté & extrêmement foncée. M. Mariette a rapporté une pierre du cabinet du Roi où le même fujet fe trouve traité, & l'a fi bien expliqué, que l'on ne peut rien ajoûter à ce qu'il en a dit. Celle que je préfente diffère affez de celle du Roi, pour que pour que l'une ne foit pas la copie de l'autre ; & ces variétés confirment le fentiment de M. Mariette fur la façon dont ce sujet étoit répandu dans la Gréce. Je renvoie le Lecteur à l'excellent Traité des pierres gravées.

No. III.

LE fujet de cette magnifique cornaline gravée en creux eft très-difficile à expliquer. Je vais rapporter quelques conjectures, & je dirai enfuite ce que fon travail me fait penser, mais fans aucune prévention; car je voudrois que l'on fût perfuadé de la difpofition où je fuis de n'être attaché à mon fentiment, qu'autant que des Critiques éclairés ne me feront pas connoître les erreurs où je pourrois être tombé.

Malgré la petiteffe des objets, on croit démêler dans la tête de la femme, qui s'entretient avec un beau jeune homme, les mêmes traits que dans une tête que nous préfentent quelques pierres gravées, & qu'on dit être celle de Sapho. Celle-ci eft du moins coëffée de la même maniére; un bonnet uni en forme de cafque raffemble fes cheveux, & couvre tout le derriére de la tête; & fi l'on peut fonder là-deffus quelque chofe de certain, le fujet de cette gravûre fera la malheureuse Sapho, qui fait l'aveu de fa pallion à l'infenfible Phaon. Elle eft aliife vis-à-vis de lui. Ses geftes expriment fon envie de perfuader: on voit

Voyez Gem. Antich. de Mattei,

tom. 1. pl. 10.

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à terre un miroir : elle paroît fortir du lit ou du bain, & fon ajustement n'eft pas même fort avancé; elle eft affife fur une ample drapperie dont elle eft peu couverte. Une chaussure finguliére, & que je n'ai obfervée dans aucun autre monument antique, couvre fon pied gauche : cette chauffure eft d'une piéce, & c'eft apparemment le calceus dont les femmes Grecques faifoient ufage. Le jeune homme eft dans l'attitude d'une personne qui écoute fort tranquillement. Il eft nud, & n'a qu'une très-petite drapperie fur l'épaule gauche. Le Graveur n'a pas fait de grands efforts pour imaginer cette figure. Il n'a eû que la peine d'imiter une admirable ftatue que le temps nous a confervée, & qui représente Méléagre ou Adonis. Il fe peut auffi que quelqu'autre ftatue auffi recommandable, & que nous n'avons plus, lui ait fourni la pensée de la figure de la femme; car cette derniére se trouve répétée fur quelques autres pierres gravées. Mais en quelqu'endroit que l'une ou l'autre de ces figures aient été prises, l'Artifte s'en eft fervi avec bien du fçavoir, & ne leur a rien fait perdre de leur beauté. Il en a fait ufage pour faire un morceau de gravûre accompli, & tel qu'on peut le foupçonner être un ouvrage de Diofcoride. Ce qu'il y a de certain, c'eft qu'il eft exécuté dans fes principes; on y admire la même finesse de touche que dans les gravûres qui portent le nom de cet excellent Artiste; ce font les mêmes méplats, les mêmes laiffés, le même coulant dans les contours; & tout cela affujetti à un terminé qui n'appartient en quelque façon qu'à lui feul. Cette pierre gravée eft la même que celle qu'avoit M.Mahudel, & dont M.de Gravelle nous a donné un trait, fans avoir ofé prononcer fur la représentation du fujet. La faute de celui qui a marqué la grandeur de la pierre dans fon Recueil pourroit faire croire que celle-ci n'est pas la même, puifqu'elle fe trouve rapportée d'un tiers plus grande que je ne la préfente. Mais il n'y a point d'ouvrages où il n'échappe quelque chofe, & j'aurai fans

doute

'doute befoin d'une plus grande indulgence pour celui-ci. Ce beau morceau appartient aujourd'hui à M. Mariette.

PLANCHE XLVIII.

N. I.

que

CE bufte de marbre blanc eft d'une très-belle confervation; le nez même ordinairement mutilé dans les plus belles ftatues antiques, n'a effuyé qu'une médiocre altération. Enfin ce morceau, pour comble d'heureuses fingularités, n'a jamais été disposé d'une façon différente de l'Artiste celle où la gravûre le préfente, c'est-à-dire, que ne l'a jamais fait que pour être un bufte fimplement pofé c'eft le fur un piédouche. Je puis même affûrer portrait de Julie, fille d'Augufte, & dire encore plus la certainement qu'il eft d'un des meilleurs Sculpteurs que magnificence de ce Prince ait attiré dans Rome. Ce morceau a en tout quatorze pouces & demi de hauteur. Le hazard me l'avoit fait trouver autrefois dans Paris, & il étoit depuis long-temps un des ornemens du cabinet de M. Coypel, premier Peintre du Roi, qui eft aujourd'hui l'objet de nos regrets. Il poffédoit plufieurs autres belles chofes en différens genres de curiofité, & il n'y avoit point de Particulier en Europe qui eût raffemblé autant de beaux fragmens du Corrége. Je m'étois privé du beau buste dont il s'agit en faveur de cet ami, & je l'ai racheté à fon inventaire.

N°. II.

J'AI rapporté à la Planche XLII. un beau camée qui représente Dioméde enlevant le Palladium : le même fujet eft traité d'une autre maniére fur cette pierre gravée en creux. Cette variété peu ordinaire aux Anciens ne détruit pas ce que j'ai dit plus haut fur l'usage où ils étoient de répéter les mêmes compofitions: car outre que la

S

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