INTRODUCTION. 127 tain de la Toscarié, sans en avoir le titre. Les Florentins n'osant plus songer à détruire cette autorité, s'occupoient à la borner , les Médicis travailloient à l'étendre, & il étoit naturel de penser que ceux-ci seroient . portés à embrasser les intérêts du Prince, qui seconderoit le plus utilement leurs vûes. Jules II avoit tiré parti de ses guerres contre la France ; il avoit détaché du Milanés Parme & Plaisance qu'il s'étoit appropriées, il avoit humilié ou dépouillé la plậpart des Feudataires du Saint Siege; il avoit chassé de Bologne les Bentivoglio qui , depuis plus d'un siécle, s'en étoient rendus les maîtres ; il avoit enlevé au Duc de Ferrare , Modene, & Regge , &c. Tous ces petits Souverains étoient sous la protection de la France. On juge bien que Léon X ne leur avoit point rendu ce que Jules II leur avoit enlevé. François I voulant faire la conquête du Milanès avoit à choisir entre deux partis; l’un peut-être plus utile, étoit de s'alsurer l'amitié du Pape , en lui laissant Parme & Plaisance, & en abandonnapt les Feudataires ; l'autre certainement plus honnête , étoit d'avoir te Pape pour ennemi, en revendiquant ces deux Places & en soutenant contre lui les Princes d'Italie. V EN IS E. Les Vénitiens avoient trois grands objets qu'ils ne perdoient jamais de vûe: l'aggrandissement de leurs Etats de terre - ferme l'intérêt de leur commerce, & la balance de l'Italie. Un même principe réunissoit ces trois objets & les faisoit marcher de front. Ces peuples enrichis par un commerce , qui embrassant l'Océan & la Méditerranée, s'étendoit depuis les ports de l'Angleterre jusqu'à ceux de la Mer Noire & del’Egypte, sentoient que pour n'en être jamais privés, il falloit qu'ils dominaffent seuls sur la Mer Adriatique ; il falloit donc empêcher les diverses Puissances d'Italie, celles sur-tout qui avoient des ports sur cette ener, de s'accroître & de devenir formidables; il falloit donc les tenir dans un juste équili bre, les opposer les unes aux autres , Εν Quand Louis XII entreprit la conquéte du Milanès, il crut devoir se fortifier de l'alliance des Vénitiens; ceux-ci ne la lui accorderent qu'au prix d'un nouveau démembrement, il fallut que le Roi leur assurât le (1) Cremonez & tout le Pays situé sur la rive gauche de l'Adda. Lorsque ce même Roi ayant conquis le Milanès, voulut exercer ses droits sur le Royaume de Naples, les Vénitiens , fidéles à leurs maximes, traverserent cette expédition, fournirent secrettement des secours aux Arragonnois, & fans paroître prendre part à cette querelle , ils la déciderent réellement en faveur de Ferdinand le Catholique; quelques autres outrages qu'ils ajouterent à celui-là , irriterent Louis XIL au point de lui faire oublier ses véri- ne de Venise, & qui, par les intri- pereur , les Rois de France & d'Arragon , & quelques petits Souverains de l'Italie , malgré l'incompatibilité des caractères , malgré l'oppofition des intérêts, s'étoient donc unis en 1508 pour arracher la balance des mains de cette fiére République, & pour lui redemander ce qu'elle avoit pris à chacun d'eux. Toute la sagesse des Vénitiens ne put prévenir cet orage , mais il ne leur fut pas difficile de le disiper ; les næuds fragiles de cette union passagere se rompirent presque d'eux - mêmes; Louis XII & fes Confédérés redevinrent ennemis ; ce Roi trop sincere & trop généreux s'étant sacrifié pour la cause commune , n'en recueillit n'en recueillit que des perfidies & des humiliations; il comprit enfin que les Vénitiens étoient les seuls alliés sûrs qu'il pût avoir en Italie , parce qu'ils étoient les seuls qui n'eussent pas trop directement contraires aux fiens. En effet, les Vénitiens habitant le sommet de l'Italie, & la bordant le long de la mer Adriatique, le trouble ou la paix des Etats intérieurs ne les in |