Le logis eft tout plein de ce qu'il imagine; GERONTE. CRISPIN. Fort bien. Elle s'ouvre en machine, & fi cela n'eft rien. prie, Changer en un clin d'œil la maison en prairie, Hé, d'où lui peut venir une telle chimere? CRISPIN. Oh non, je ne croi pas qu'il en ait pour long-temps. Le prodigue! Eft-ce ainfi que mon neveu profite De quel œil verra-t'il ce prodigue entêté D'un art où la débauche & l'amour l'ont porté, Poffédant pour tout fruit du bien qu'il lui deftine, Des lettres du grand sceau de docteur en machine? CRISPI N. Si fon pere revient, il nous trompera fort. Pourquoi ? GERONT E. CRISPI N. Pour parler franc, Monfieur,on le croit mort. On n'a depuis trois ans point eu de fes nouvelles, Et fans doute... GERONT E. Ah! Ce mot rend mes douleurs mortelles, Pour le malheur du fils, le pere aura péri Mais je le verrai gueux, fans en être attendri, Puifqu'il fait de fon bien un fi mauvaise usage, Dis-lui que je renonce à le voir davantage; Que jamais de mon bien il n'attende un denier, Que je fais fon coufin mon unique héritier; Et que pour ne pas voir des malheurs que je pleure, A ma maison des champs je retourne fur l'heure. I SCENE II. CRISPIN feul. L n'a pas tout le tort, Depuis un an au plus, Mon maître a dépenfé plus de vingt mille écus; Il a mis fans façon, pour faire fes largelles, Et beaux meubles en gage,& coffres forts en pièces, Le tout pour régaler la galante Lays, Juftine, Polemon, Lucinde, Alcidamis, Le baron d'Argentbref, Polexandre, Lucrèce, Et d'autres débauchés prefque de même espéce. Mais dépêchons d'aller où mon maître m'a dit, Il vient, & le baron d'Argentbref qui le fuit. SCENE III DAMON, D'ARGENTBREF. DAMON. TE moques-tu de moi ? D'ARGENT BRE F. Veux-tu que je te die ? J'admire ton adreffe, & je plains ta folie. Quoi, toujours à la bouche optique, ailes, chaffis, Cintres, vols, contrepoids, couliffes, chars, habits? Rens à te divertir tes peines plus utiles, Et choifis à tes fens des plaifirs plus tranquilles. Ouais. DAMO N. D'ARGENTBRE F. Outre l'embarras qui pour toi me fait peur, Ce fracas, entre nous, fent trop fon grand feigneur, Cela fiéd bien à ceux dont la magnificence Mefurent leurs plaifirs par la grande dépense, Qui nés dedans un rang à tout facrifier A des plaifirs que l'art peut diverfifier, Peuvent avec éclat toujours le fatisfaire, Et donner à leurs fens tout ce qui peut leur plaire. Mais un homme, entre nous, bercé fur un comptoir, Ne doit pas fe regler (ur tout ce qu'il peut voir : T'y vouloir abftiner. c'eft, croyant qu'on t'admire, Jufqu'au bout de la plume affionter la fatire. Croi-moi, pour voir tes foins fuivis de tant de frais, Et les grands, dont l'exemple a brouillé ta cervelle, Pour le fils d'un marchand ne font pas un modéle. DAMON. Oh, oh ! Vous raifonnez, parbleu, comme un doc teur Notre ami Je favois que votre fombre humeur, Mais... DAMON. Votre bel efprit, brillant par intervalle, Près de moi vainement fait dépenfe en morale.." Si je perdois au jeu mon argent & mes foins, Vous m'en aimeriez mieux,je m'en aimerois moins; Et n'étant fcrupuleux que de bonne maniére, Vous pourriez fans façon..... D'ARGENT BREF. Laiffons cette matiére, DAMON. Vois-je pas... Non... Si fait... D'ARGENT BRE F. Qui te rend transporté ! DAMON. Je croiois voir là-bas mon carrofle arrêté. Ils doivent... DAMON. Tu verras s'ils font imaginés. Moi-même, par plaifir, je les ai deffinés; Je ne m'y connois pas, fi je ne les DAMO N. approuve ? Non, morbleu, je foutiens qu'un homme... D'ARGENT BRE F. DAMO N. Je te trouve... Mais outre les habits, ce qu'il faut admirer, Elle fort en dansant, d'un air délibéré, |