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les mangeoient, en exigeant de groffes retributions: & les chrétiens fouffroient tout avec patience, les prenant pour de vrais miniftres de J.C. Ils fe vantoient d'être Ifraëlites, & de la race d'Abraham. Car les Juifs étoient les pires de ces faux docteurs. Ils faifoient valoir leurs travaux & leurs foufrances pour l'évangile, & cherchoient à s'élever en abaiffant les autres. Ils méprifoient faint Paul, comme parlant groffierement, & difoient: Ses lettres, à la vérité, ont de la force, & il cherche à vous étonner par là: mais fa préfence, & fon discours, n'ont rien que de bas & de méprifable. Ils le traitoient, comme fi fa conduite cût été purement humaine.

Se trouvant donc obligé à fe recommander, & à fe louer lui-même: il commence par leur faire remarquer la fincerité parfaite de fon procedé : : prenant leur confcience à témoin de la droiture de fa conduite, & des effets qu'ils ont fentis de fa prédication.Il montre l'excellence de fon miniftere par l'avantage de la nouvelle alliance, écrite dans les cœurs par le S. Efprit; audeffus de l'ancienne, écrite fur des tables de pierre: & il nomme le miniftere de Moïfe, un miniftere de condamnation & de mort; parce que la loi, fans la grace, ne rendoit les hommes que plus coupables. Il dit, que les apôtres font les ambaffadeurs que Dieu à envoyez pour lui reconcilier le monde par J. C. Mais il ménage tellement ce qu'il dit de grand de lui-même, qu'auffitôt il

le corrige, & rapporte tout à Dieu. Faifant une IV. 7: oppofition continuelle de la foibleffe humaine qui est en lui, & dans les autres apôtres, & de la vertu divine qui s'y déclare : en ferte que leurs fou- 17.10.11.12.x.I. frances répréfentent la mort de J.C. & leurs operations furnaturelles, avec les effets qu'elles produifent dans les fideles, font paroître fa vie glorieufe & celefte.

3.4.

XI. 24+

Ce dont il fe vante le plus, c'eft de fes fouf- *.1.16. frances. Encore traite t- il ce difcours de folie & d'extravagance, & n'y vient que par pure neces- v1. 34-fité. Il dit, que les apôtres foufroient tout pour ne choquer perfone, & ne donner aucun prétexte de blâmer leur miniftere, qu'ils gardoient une égalité parfaite dans les mauvais & les bons traitemens, & dans toutes fortes d'états. Venant à fes foufrances en particulier, il dit qu'il a été souvent en prison, souvent battu, fouvent en peril de mort. Que les Juifs lui ont donné par cinq fois trente-neuf coups. C'étoit leur maniere de foüetter. La loi défendoit de donner aux coupables Talm, Macplus de quarante coups. De De peur d'excéder mégarde, ils en donnoient un de moins; & frapoient le patient depuis la ceinture en haut, avec un foüet compofé de quatre couroyes. S. Paul ajoûte, qu'il a été trois fois battu de verges; c'eft à dire par les licteurs des magiftrats Romains qui défioient leurs faiffeaux & donoient plufieurs coups avec les baguettes. Il fut ainfi traité à 48. XVI. 22, Philippi. Il ajoûte, qu'il a été lapidé une fois,c'é. Az.xiv.12.

par

Deut. XX.3.

coth.c.3.n.10.13.

mil.25.

toit à Lyftres,par ceux qui avoient voulu l'adorer. Chryf. hic he- Qu'il a fait naufrage trois fois, & a passé un jour, & une nuit dans la haute mer: fe fauvant à la nage, comme il est à croire. Puis il marque en général les divers perils qu'il avoit courus fur les rivieres, dans les villes, dans la folitude, de la part des voleurs, des gentils, des faux freres. Il ajoûte le travail, la fatigue, les veilles, la faim, la foif, les jeûnes volontaires, le froid, la nudité : & pardeffus tout, comme le plus grand de tous fes travaux, fon aplication continuelle au gouvernement de toutes les églifes.

2. Cor. 12.

Enfin il vient aux révélations, & particulierement à celle qu'il avoit euë quatorze ans auparavant: & toutefois aprés tant d'excufes il ne peut encore le réfoudre à fe nommer: & ne parle qu'en tierce perfone : & auffitôt pour s'humilier il revient à fes foibleffes, & dit : De peur que la grandeur des révelations ne m'éleve, un éguillon de ma chair m'a été donné, un ange de fatan, qui me donne des souflets : par où il fignifie, ou les Tertull. de puo adverfaires qui le perfécutoient, ou quelque inChryf. hic hom commodité corporelle, ou une tentation violente, foit d'orgueil, foit de quelqu'autre vice. Car la chair fignifie les hommes charnels, & en général tous les effets de la concupifcence. Il ajoû

dic. c. 13.

26.

J'ai prié trois fois le Seigneur de m'en délivrer, & il m'a dit : Ma grace te fuffit : car ma puiffance éclate plus dans la foibleffe de la creature. C'est ainsi que S. Paul fe loüe malgré lui lui,

pour

pour fortifier les Corinthiens contre les artifi

ces des faux apôtres.

KI. I.

Il s'excufe d'une chofe: c'eft de les avoir in- x1 7,×11.3. ftruits gratuitement. Ce qu'il ne fait point par ironic. Mais les fideles étoient alors fi charitables, & fi reconnoiffans envers ceux qui les inftruifoient, qu'ils étoient affligez fi l'on ne recevoit rien d'eux,& difpofés à s'en offenfer comme d'une marque de mépris ou d'indignation. S. Paul s'en juftifie donc férieufement: & montre que ce n'est pas manque d'affection, mais pour ne donner aucun prétexte de gloire à quelques uns des faux apôtres, qui affectoient de fe diftinguer en ne prenant rien. Et puis, dit-il, je ne cherche pas vos biens, mais vous-mêmes. Aprés s'être ainsi × 1-14excufé, & recommandé, il les avertit que tout x. 19 ce discours ne tend qu'à leur édification, afin qu'ils fe corrigent des défauts qu'il leur a reprochés par fa premiere lettre : des disputes, des jaloufies, des animofités, des divifions, des médifances, des murmures, de l'enflûre, de la fédition: & que ceux qui avoient auparavant commis des pechés d'impureté, en faffent pénitence. Car, dit il, je viendrai à vous pour la troifiéme fois. On ne voit point quelle a été la feconde : fi ce n'eft qu'au premier voyage il fût allé de Corinthe à quelque ville voifine, & revenu à Corinthe. Il ajoûte, qu'il entendra les témoins, & jugera dans les formes : & qu'il n'ufera plus d'indulgence. Mais auffi-tôt il prie Dieu de n'être 1.7.10.

Tome I.

R

XIII. I.

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point obligé à leur faire de mal, ni à ufer durement de la puiffance qu'il a receuë pour l'édification, & non pour la deftruction. C'est ainfi que la charité ingenieufe de S. Paul lui fait mêler la douceur à la severité, & l'humilité à la hardieffe, dans fa feconde épître aux Corinthiens.

Aprés avoir parcouru la Macedoine, il paffa en Grece, & y demeura trois mois. Il vint à Corinthe pour la troifiéme fois, fuivant fa promeffe. Comme il étoit prêt à en partir pour retourner à Jérufalem, il écrivit aux Romains ; c'est-àdíre principalement aux gentils convertis; car il yen avoit déja un grand nombre, foit que S.Pierre, ou d'autres, les euffent inftruits. Leur foi étoit celebre par tout le monde : par tout on parloit de leur fcience, de leur charité, de leur obéïffance. L'églife de Rome étoit mêlée de plufieurs Juifs, fans compter ceux qui n'étoient pas convertis : & il y avoit de frequentes difputes entr'eux & les Grecs, c'eft-à-dire les gentils. Les Juifs trouvoient mauvais qu'on les admît à la grace de l'évangile, fans les obliger à la circoncifion,ni aux obfervances légales. Car ils les regardoient toûjours comme des nations immondes :: fe glorifiant au contraire d'être la nation choific, à qui Dieu avoit promis fon Christ, & donné sa loi. Il leur fembloit donc que la grace de l'évangile leur étoit dûë, à caufe des promeffes de Dieu, & de leurs bonnes œuvres : & ils ne comprenoient pas qu'ils cuffent befoin d'un rédem

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