1542. levard qui devoit être livré; du Pexécutât lui-même, & il eft affez fingulier que du Bellay expofe fi naturellement fa conduite dans cette occafion, fans s'apperçevoir qu'elle a befoin d'apologie. Avant de partir, ii fit arrêter les trois foldats Efpagnols qui étoient fecretement à Turin, & fous prétexte qu'il n'avoient point de faufconduit, il les traita en criminels, ils furent confrontés aux deux foldats François, ils avouerent l'objet de leur féjour à Turin, & ils eurent la tête tranchée. Il paroît qu'on pouvoit leur épargner un fupplice fi noble & les renvoyer à Ulpiano, ou les tenir étroitement renfermés, fi l'on craignoit les avis qu'ils pour roient donner à Céfar de Naples. Du Bellay pour prévenir le fuccès de l'entreprise formée fur Turin, fe contenta d'avertir Boutieres de fe défier de toutes les voitures de. foin qu'on pourroit introduire dans la ville, parce que c'étoit par le moyen de ces fortes de voitures que les Impériaux fe propofoient d'y faire entrer des foldats & des 1542. 1543. armes. On avoit envoyé Alexandre de Cavara à Grouillan pour obferver les mouvemens des ennemis. Le 8 Février Boutieres en reçut une lettre par laquelle il lui donnoit avis d'une marche des Impériaux Mém. de du vers Turin, Boutières fe mit en Dellay, 1. défenfe, & les Impériaux fe voyant Belcar, 1. 2:. découverts, prirent le parti de fe n. 21. retirer. Le douze du même mois, Cavara écrivit encore à Boutieres pour l'avertir d'un nouveau mouvement des ennemis, Boutieres par une diftraction inexcufable mit la lettre dans fa poche fans l'ouvrir. Les Impériaux à la faveur d'un brouillard épais, difpoferent le lendemain divers corps de troupes autour de Turin, & cependant cinq voitures à foin s'avançoient vers la Ville. La premiere étant arrivée à la premiere barriere, on demanda au voiturier d'où venoit ce foin? il répondit, de Ligny, & il montra un fauf-conduit figné de Boutieres ; on le laiffa paffer. A la feconde barriere, il prit fantaisie au Capitaine Raimonet qui y commandoit de marchander ce foin, on lui en 1543 543. foutenir; cependant le Capitaine d'Aguerre, qui faifoit la garde dans la place, chargea vigoureusement les foldats qui y étoient entrés mais ce n'étoit rien faire ; il falloit fur-tout empêcher leur jonction avec les corps, qui du dehors de la place, s'avançoient à leurs fecours, ce fut un maréchal ferrant qui eut cet honneur, il monta fur la porte, rompit à coups de marteau une groffe chaîne de fer, & fit tomber la herfe qu'elle retenoit. Boutieres & Monneins arrivant au bruit acheverent de faire fermer les Mém. de du portes. C'eft ainfi que Turin fut Bellay, 1. 9. délivré du preffant danger où l'avoit expofé la négligence de Boutieres, qui fe reflouvint alors de n'avoir pas lu fa lettre. |