Imágenes de páginas
PDF
EPUB

différence n'eft pas auffi confidérable qu'elle paroît au premier coup d'œil, il faut convenir que le tour & la pofition de cette figure fe trouvent plus d'une fois dans l'antique, & femblent particuliérement confacrés à l'Hercule qui foulage Atlas. Je ne connois pas la nature de la pierre que je viens de décrire. Je n'en donne le deffein que d'après une très-belle pâte antique, & parfaitement confervée.

No. III.

CETTE agathe - onyce affez belle quant à la pierre eft plus piquante par rapport à la gravûre. Elle repréfente un Amour dans un char traîné par deux tigres ou deux panthères. Le mouvement & la compofition de ces deux animaux ne peuvent avoir ni plus de graces, ni plus d'élégance. En un mot, tout l'ouvrage eft d'un grand Maître.

[blocks in formation]

Ce morceau de terre cuite, haut de fix pouces deux lignes, peut être regardé comme le fragment d'une espéce d'Ex-voto. Il eft cassé dans toute fa longueur. Le masque eft heureusement confervé prefque dans fon entier ; &il représente une femme qui n'eft plus dans la premiére jeuneffe, mais dont les traits ont encore de la beauté. Elle eft voilée & vêtue : ce qui fembleroit d'abord indiquer une Dame Romaine. L'habitude de les voir ainfi représentées, Liv.xxxiv. c. v. jointe à un passage de Pline, où il eft dit que les ftatues

Grecques étoient toutes nûes, autoriferoit en quelque façon ce fentiment; mais toute opinion exclufive eft communément une erreur. Le témoignage de Pline doit donc être modifié ; & le préjugé auquel il a donné lieu ne fubfiftera plus après les preuves que je vais rapporter. Les Artiftes Grecs aimoient à traiter le nud. Il eft en effet plus

a

[ocr errors]

Voyage d'Atz tiq. c. xvIII. Béot. c. xxxv. Voyage d'Ar◄

C

b Voyage de

cad. c. XXXI.

flatteur de quelque façon qu'on le veuille regarder. Cependant ils s'écartoient quelquefois de cet ufage par des raifons différentes, & plusieurs de leurs ftatues étoient drappées; telle étoit, fuivant Pline lui-même, une des Liv. XXXVI. c. v. deux ftatues de Vénus que Praxitéle avoit faite. Telles étoient aussi, au rapport de Paufanias, celle de Lucine chez les Athéniens, celles des Graces b & de Proferpine * dans d'autres endroits de la Gréce. Je pourrois rapporter plusieurs exemples femblables tirés des Hiftoriens, & un plus grand nombre encore que les monumens antiques me fourniroient, principalement des médailles fur lefquelles Arfinoé & Bérénice, Reines d'Egypte, & Philiftis qui regnoit en Sicile, paroiffent avec un voile fur la tête. Je ne balance donc point à mettre dans la claffe des monumens Grecs la figure gravée dans cette Planche fous ce N°. I. Le goût de fon travail eft si distingué, & elle a tant de nobleffe, de grandeur & de précision, que fi je lui donnois un autre rang, je ne manquerois pas d'être contredit par les Artistes, qui font les meilleurs juges du mérite des Anciens quant au travail, fur-tout quand il s'agit de décider entre les Grecs & les Romains.

No. II.

On voit fur cette cornaline gravée en creux un guerrier ayant fon bouclier à fes pieds, fa lance entre fes mains & le cafque fur la tête. Il préfente quelque chofe, qu'il n'est pas aisé de diftinguer, à une femme vêtue & affife fur un rocher. Rien ne caractérise en particulier ces figures, & le fujet ne me paroît guère fufceptible d'explication. Seroit-ce Ænée qui aborde en Epire, & qui ayant trouvé Andromaque dans un lieu écarté, lui fait le récit de fes aventures? Au refte, le travail de cette pierre eft trèsbeau, & fon antiquité n'eft pas douteufe.

N°. III.

CE bufte n'offre rien qui ait rapport à l'hiftoire. Il fait fimplement fouvenir d'un de ces Héros de la Gréce, qui, peu curieux de conferver les graces que la nature avoit raffemblées fur leurs perfonnes, expofoient leur jeuneffe aux dangers de la guerre, & à la fatigue des exercices publics. C'eft, fans doute, ce que fignifient l'épée, le javelot & l'immense bouclier dont cette figure eft ornée. Sa tête eft d'un caractère & d'une fineffe de profil admirables; &, s'il eft poffible, le travail des cheveux eft encore plus parfait. La cornaline eft d'une extrême beauté. Elle eft aujourd'hui entre les mains de M. Mariette.

[blocks in formation]

CETTE tête de bois de fycomore ou de figuier d'Egypte, à laquelle l'Artiste a confervé fa couleur naturelle, eft prefque noire; ce qui convient à une Africaine dont on a fait le portrait au naturel. Ce petit ouvrage de sculpture n'a que quatorze lignes de hauteur, mesure qui paroîtra bien médiocre pour un morceau de fculpture: mais on fait tous les jours l'éloge d'une pierre gravée qui n'a pas même un fi grand volume, parce que le mérite n'a jamais confisté dans l'étendue; autrement il n'y auroit que les coloffes de beaux. Il a été trouvé en Egypté. Je le fçais à n'en pouvoir douter, mais il a trop d'élégance & de correction pour l'attribuer à aucun Artifte de ce pays. Je le crois de la main d'un Grec habile, qui a fort bien faifi l'air fauvage & Africain de cette jeune perfonne. Toutes les têtes Egyptiennes que j'ai vûes me paroiffent différer de celle-ci par un air national qui trompe rarement, & moins encore ceux en qui le deffein fixe les phyfionomies. De plus, je n'ai jamais vû aucune repréfentation d'Egyptienne chargée

de ces énormes pendans d'oreilles dont celle-ci paroît
ornée; ils font les mêmes dont Plaute difoit en parlant Penul. Act. v.
d'un Carthaginois :

Mr. Viden' homines farcinatos confequi ?
Atque, ut opinor, digitos in manibus non habent.

AG. Quid jam? MI. Quia incedunt cum annulatis auribus.

Il faut convenir que jamais un Auteur n'a eu plus beau jeu pour tourner en ridicule une mode d'Afrique, qui n'étoit point reçûe dans le pays qu'il habitoit.

Après avoir remarqué la fingularité de la coëffure, il faut admirer l'élégance, la justesse de l'ensemble, & les fineffes de l'art que préfente ce monument. On l'a deffiné fous deux afpects, pour faire mieux fentir fon mérite, & juftifier un éloge qui pourroit être foupçonné d'exagération.

No. II.

La pierre indiquée fous ce numéro eft une cornaline gravée en creux, dans laquelle on doit admirer principalement les détails. Je n'ai jamais vû de figures dont les extrémités foient plus correctement rendues, ni travaillées avec plus de goût & de précision. J'avois d'abord penfé que celle-ci repréfentoit Mercure, & je m'étois fondé fur ce paffage de Paufanias. (a) « En entrant dans la rue qui va droit au Lechaum, vous voyez un Mercure affis qui eft de bronze, & un bélier à côté de lui, pour marquer » que les troupeaux font particuliérement sous la pro

Scen. 2. V. 19.

»tection de ce Dieu : comme le témoigne Homère, lorf- Iliad. xiv.V.410, qu'en parlant de Phorbas, il dit que c'eft un riche Troyen,

כפ

Qui chéri de Mercure,

Voyoit depuis long-temps profpérer ses troupeaux. >>

J'avois été frappé des rapports que je voyois entre ce

(a) Voy. de Cor. c. 3. Trad. de M. l'Abbé Gedoyn, p. 148.

témoignage & la figure qui donne lieu à cet article ; mais je m'oppofois à moi-même que Mercure n'a jamais été représenté avec de la barbe, que le bélier n'eft pas le feul des fymboles qui le caractérisent, qu'on le reconnoissoit de plus au caducée & à la bourse qu'il tenoit dans ses mains, au pétase ou chapeau aîlé qui couvroit fa tête, aux talonniéres qu'il avoit aux pieds, enfin à la tortue qu'on plaçoit auprès de lui. J'ai approfondi ces difficultés ; & peutêtre qu'en me défabufant de mon premier fentiment elles m'ont conduit à la véritable explication de la pierre.

[ocr errors]

On conferve au cabinet du Roi deux médaillons d'argent, qui, à l'exception du bélier, représentent le fujet traité fur la cornaline. Par le goût de la fabrique & du travail, on juge qu'ils ont été frappés dans le Péloponèfe. Ils ont outre cela dans le champ un monogramme qui défigne les Arcadiens; & fur l'un de ces médaillons le rocher qui fert de fiége à la figure, préfente le nom du mont Olympe. C'eft donc en Arcadie qu'il faut trouver le culte d'une Divinité à laquelle puiffent convenir les attributs qui paroiffent fur les médaillons & fur la pierre. Le Dieu Pan étoit particuliérement adoré des peuples de ce canton; ils lui avoient élevé en plufieurs endroits des ftatues & des temples; &, ce qui eft encore plus favorable à mon objet, un de ces temples avoit été conftruit fur le mont Lycae, appellé quelquefois Olympe. (a) Cet éclairciffement étoit néceffaire pour faifir l'efprit & l'intention du Graveur à qui nous devons cette belle cornaline. On y voit le Dieu des bergers affis fur un rocher, la tête penchée, & appuyée fur fon bâton : il eft plongé dans cette aimable rêverie que le calme de la folitude, & la vûe des troupeaux occafionnent également; une brebis placée à la droite femble partager avec lui les douceurs du repos ; & la flûte à plufieurs tuyaux qu'il retient négligemment par un cordon, défigne qu'il faifoit fouvent retentir les montagnes de

(a) Pauf. Voyage d'Arcad. c. xxxvIII.

« AnteriorContinuar »