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regnoient le plus fur tout il reprenoit ceux qui obfervoient les augures, qui honoroient des arApp.ferm. bres ou des fontaines, ou gardoient quelque auAng. tre refte de paganisme. On trouve de lui jufApp.ferm. Aug. ques cent deux fermons, dont plufieurs ont été attribuez à d'autres peres, particulierement Lib.1.n.35. à S. Auguftin, qu'il avoit le plus aimé.

Lib.1.7.12.

III.

chaffez.

La tranquillité de fa vie fut troublée par la calomnie d'un de fes Secretaires, qui fit dire au Roi Alaric que l'Evêque Cefaire étant natif de Challon fur Saone, faifoit tous fes efforts pour foûmettre aux Bourguignons la ville & le territoire d'Arles. Cependant le faint Evêque faifoit tout le contraire, & prioit jour & nuit à genoux pour la paix des nations & le repos des villes en general. Le Roi fans examiner l'envoia en exil à Bourdeaux. Le feu prit une nuit dans la ville, & le peuple accourut vers faint Cefaire, lui criant de l'éteindre par fes prieres. Il fe profterna en oraifon devant les flâmes & auffi-tôt elles s'arrêterent ce qui le fit regarder comme un Apôtre dans le lieu de fon exil. Le Roi Alaric aiant re connu fon innocence, ordonna qu'il retournât à fon Eglife, & que fon accufateur fût lapidé. Le peuple accouroit déja avec des pierres; mais faint Cefaire l'aiant appris, alla promptement trouver le Roi & obtint fa grace, pour lui donner le moien de faire penitence. A fon retour tout le peuple vint au-devant de lui avec des cierges & des croix en chantant des Pfeaumes, & crut lui être redevable d'une grande pluie qui tomba alors après une longue fechereffe.

Plufieurs Evêques des Gaules furent chaffez de Evêques leurs fieges par des foupçons femblables, de faGreg.Tur. vorifer une domination étrangere. Ainfi Aprun11.bi.c.23. culus Evêque de Langres, devint fufpect aux Bourguignons parce que la terreur des François étoit répandue dans le païs, & que tous defiroient les

avoir pour maîtres. La haine des Bourguignons contre le faint Evêque alla fi loin qu'il fut ordonné de le tuer fecretement. Ce qu'aiant appris à Dijon qui étoit fa patrie, il fe fit defcendre de nuit par-deffus la muraille & fe fauva en Auvergne, où il fucceda à faint Sidoine, & fut l'onziéme Evêque de Clermont. Son Succeffeur Euphrafius reçut faint Quintien Evêque de Rodés, chaffé fous le même pretexte. Car depuis c. 30 la converfion de Clovis, les François étoient encore plus defirez. Ainfi étant furvenu un differend entre les citoiens de Rodés & leur Evêque, ils lui reprocherent qu'il vouloit fe foumettre aux François. Les Goths qui demeuroient dans la ville fe le perfuaderent, & refolurent de le tuer, Mais il en fut averti, & partit de nuit avec les plus fideles de fes ferviteurs, pour se retirer en Auvergne, où l'Evêque Euphrafius le reçut hu mainement, & lui donna des maisons, des ter res & des vignes, difant : que les biens de cette Eglife étoient fuffifans pour les entretenir tous deux. L'Evêque de Lion lui donna auffi quelque Greg. vit. bien que fon Eglife avoit en Auvergne. Saint PP.c.4. Quintien fut enfuite Evêque de Clermont & vécut jufques à une extrême vieilleffe : l'Eglife honore fa memoire le 14. de Juin. Le même pre- Martyr. texte d'intelligence avec les François, fit auffi R. 14. Fun. chaffer par les Goths Volufien feptiéme Evêque Greg. X. de Tours, fucceffeur de faint Perpete, qui fut hist.c.31. envoié à Toulouse & y mourut. Verus fon Succeffeur fut chaffé pour le même fujet, & mou rut auffi en exil.

Il

IV.

S. Severin

bien parut par la fuite qu'Alaric Roi des Vifigoths avoit raifon de craindre les François: puif- d'Agaune. qu'il perit de la main de Clovis. Mais ayant cet- vita S Sevi te guerre Clovis tomba malade d'une fiévre quar- to. 1. Act. te la vingt-cinquième année de fon regne 505. de JESUS-CHRIST: & en fut affligé pendant

deux

Bened. P.568 Boll 11. Febr. P.547.

deux ans, fans trouver de fecours, ni dans l'art des Medecins, ni dans les prieres des Evêques. Enfin Tranquillin fon Medecin lui confeilla d'envoier au Monastere d'Agaune, où repofoient les Reliques de faint Maurice; & dont l'Abbé Severin gueriffoit grand nombre de maladies. Le Roi y envoia un de fes Chambellans nommé Tranfoaire, qui amena le faint Abbé. Paffant à Nevers il trouva que l'Evêque Eulalius étoit malade depuis un an, & avoit perdu l'ouïe & la parole. Il le guerit par fes prieres; en forte qu'il fe leva le même jour, vint à l'Eglife, offrit le faint facrifice & benit le peuple. Entrant à Paris faint Severin trouva à la porte un lepreux qu'il guerit, le baifant & lui appliquant de fa falive.

Quand il fut chez le Roi, il fe profterna en priere devant fon lit: puis s'étant levé il ôta fa chafuble & en revêtit le Roi, que la fiévre quitta auffi-tôt. Clovis beniffant Dieu, fe jetta aux pieds du faint Abbé, & lui dit : Mon Pere, je vous offre mon tréfor, prenez-en ce qu'il vous plaira pour les pauvres; & je fais grace à tous les criminels arrêtez dans mon royaume. Saint Severin guerit plufieurs autres malades dans la maison du Roi & dans toute la ville de Paris : puis il en partit & arriva à Château-Landon en Gâtinois, où Dieu lui avoit revelé qu'il devoit mourir. Il le declara à deux Prêtres qu'il y trouva, nommez Pascase & Urficin; & leur recommanda le Prêtre Faufte qui l'avoit fervi trente ans. Trois jours après il mourut: les deux Prêtres l'enfevelirent avec honneur, & il fe fit quantité de miracles à fon tombeau : où le Roi Childebert Fils de Clovis fonda depuis une Eglife, aujourd'hui Martyr. R.11 Febr. fervie par des Chanoines reguliers. On honore V. faint Severin l'onziéme de Février.

marche

Clovis Clovis étant gueri, dit aux fiens: Je fouffre avec contre Ala grande peine que ces Ariens occupent une partie

ric.

des

hift.97.

vita S. Re

› mig.

Vita S. Ge

nov.c.ult.

ap.

Boll.

n 26

des Gaules allons avec le fecours de Dieu les Greg. 11. vaincre & conquerir ce païs. Tous approuverent fon deffein, & les troupes marcherent vers Poitiers où Alaric étoit alors. Cependant pour atti- Hincmar. rer les benedictions du ciel fur cette entreprise, Clovis fonda à Paris une grande Eglife en l'honneur de faint Pierre & faint Paul fur le tombeau de fainte Geneviève, decedée quelques années auparavant. Cette fainte fille étoit fi celebre par tout le monde, que faint Simeon Stylite en demandoit des nouvelles aux marchands qui ve- to.1.p.143. noient de Gaule. Elle fit un grand nombre de Ibid. c. 6. miracles & fecourut fouvent la ville de Paris, .7.n.40. particulierement dans une grande famine. Nonobftant fes aufteritez, elle vécut plus de quatrevingt ans, & mourut à Paris vers l'an 5oo. le .. 51. troifiéme de Janvier, jour auquel l'Eglife hono- Martir R. 3. Januar re encore fa memoire. On bâtit d'abord fur fon fepulchre un Oratoire de bois; mais enfuite le Roi Clovis par le confeil de la Reine Clotilde, y fit commencer une grande Eglise que la Reine acheva après fa mort. Il y avoit à l'entrée trois galeries, apparemment pour enfermer la court; & des peintures qui reprefentoient les Patriarches, les Prophetes, les Martyrs & les Confeffeurs. Il s'y fit un grand nombre de miracles, & dès le même fiecle on avoit recours à l'interceffion de fainte Geneviève pour les fiévres, com- Greg. Tur me on fait encore à prefent. Son nom eft de- de glor conf.c.91. meuré à cette Eglife, qui fut d'abord servie par des Moines.

dov. to. 4.

conc.p.1402

Le Roi Clovis avant que d'entrer dans le païs Epift. Cl. des Goths, défendit à toute fon armée de piller les vafes facrez des Eglifes, ni de faire aucune infulte aux vierges ou aux veuves confacrées à Dieu, aux clercs, à leurs enfans, à leurs domeftiques, ou aux ferfs des Eglifes. Et il en avertit les Evêques après la guerre; afin que chacun

pût

put repeter ce qu'il avoit perdu, & même déAN. 507. mander la liberté des captifs. Il fit obferver exaGreg. II. ctement cette ordonnance. Paffant près de Tours hift.c.37. il fit publier un ban, portant défense de rien

40.

Max to. 1.

J

prendre que l'herbe & de l'eau pour le refpect

de faint Martin. Un foldat aiant trouvé du foin, dit: C'eft auffi de l'herbe, & l'enleva de force à un pauvre homme à qui il appartenoit. Le Roi le fit mourir auffi-tôt, & dit: Où sera l'esperance de la victoire, fi on offense faint Martin? Cet exemple retint toute l'armée. Le Roi envoia à l'Eglife de faint Martin des deputez avec des prefens, demandant à Dieu un prefage de fa victoi re. Comme fes ferviteurs entroient dans l'Eglife, le primicier entonna par hazard ce verfet du Pfeaume Vous m'avez donné de la force pour la guerre, vous avez mis mes ennemis fous mes pieds. Les envoiez rendirent graces à Dieu, firent des vœux à faint Martin & porterent au Roi cette agréable nouvelle. Quand il fut près de Poitiers il fit encore conferver avec grand foin les terres de faint Hilaire.

Près de là étoit le Monaftere de faint Maixent Sup. natif d'Agde & difciple de faint Severe. Etant Vita S. venu en Poitou il fe mit fous la conduite d'AAct. Bened. gapit Prêtre & Abbé; & pour se mieux cacher il P. 578. quitta le nom d'Ajutor, qu'il avoit reçu au baptême. Le Roi Clovis aiant appris fon merite lui rendit de grands honneurs, & lui donna une terre nommée Milon, & plufieurs autres choses. Saint Maixent mourut quelque tems après âgé de foixante & huit ans, le 26. de Juin, jour auquel l'Eglife honore fa memoire. Son nom eft demeuré non-feulement au Monaftere, mais à une ville entiere. Clovis vint aux mains avec Alaric; & le défit près de Vouillé en Poitou, Pan 507. vingt-troifiéme du Regne d'Alaric, dont le fils Amalaric fe fauva en Espagne; &

Martyr. R. 26. Jun.

Greg. II. hift.c.37.

fut

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