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fut depuis reconnu Roi des Vifigots, qui en tenoient la plus grande partie. Cependant Clovis AN. 507. conquit prefque toute l'Aquitaine, & l'année fuivante 508. il s'avança jufqu'à Toulouse, d'où il enleva tous les trefors d'Alaric car c'étoit fa refidence. De-là Clovis vint à Angoulême, puis Greg. II à Tours, où il fit de grands prefens à l'Eglife de . 38. faint Martin. Enfin il vint à Paris, & y établit fa demeure, fe logeant au Palais que l'Empereur Sup.live Julien avoit fait faire hors de la ville au midy, & près duquel Clovis faifoit bâtir l'Eglife des faints Apôtres.

XIV.n.34

VI.

Saint Ce faire ca

lib. 1.6.1-5.

Cependant la guerre continuoit dans la Gaule Narbonnoife. Les François aidez par les Bourguignons vouloient achever d'en chaffer les lomaié. Goths, foutenus par Theodoric Roi d'Italie, qui prenoit les interêts du jeune Amalaric leur Roi, fils de fa fille. Les François & les Bourguignons Vita S. Cef. affiegeoient Arles, quand un jeune Clerc parent de l'Evêque faint Cefaire, craignant d'être pris avec la ville, defcendit de nuit par le mur avec une corde, & fe rendit aux ennemis. Les Goths qui eftoient dedans l'aiant appris, fe jetterent fur le faint Evêque, avec le peuple feditieux & les Juifs, qui crioient le plus haut de tous : difant qu'il avoit envoié fon parent pour livrer la ville. On n'écouta point fes défenses, on le tira de la maifon de l'Eglife, & on le garda étroitement dans le Palais, à deffein de le jetter la nuit dans le Rône, ou l'enfermer dans le Château d'Ugerne, qui eft à present la ville de Beaucaire. Mais les affiegeans empêcherent les Goths de faire paffer la barque où ils avoient mis le faint Evêque ainfi les Goths le ramenerent, & le cacherent fi bien dans le Palais, qu'aucun Catholique ne pouvoit fçavoir s'il étoit en vie.

Une nuit un Juifqui étoit de garde fur la mu- . 16. raille, jetta du côté des ennemis une lettre attachée

tachée à une pierre. Mais le lendemain l'attaque aiant ceffé, quelques habitans qui fortirent trouverent la lettre & la porterent dans la ville. Elle fut lue publiquement dans la place; & on vit que les Juifs invitoient les affiegeans à planter leurs échelles de nuit au lieu où ils feroient de garde, à la charge de les garantir de la captivité & du pillage. Le Juif qui avoit écrit la lettre fut convaincu & puni, & faint Cefaire justifié & *.17. mis en liberté. Toutefois les François & les Bourguignons furent obligez de lever le fiege, & Arles fut délivrée. Les Goths y amenerent un grand nombre de captifs, dont on remplit jusques aux Eglifes; & comme ils manquoient de vivres & d'habits, faint Cefaire leur en fournit abondamment, y emploiant l'argent que fon Prédeceffeur. Eonius avoit laiffé au tréfor de l'Eglife. Il ôta même celui dont les colomnes & les baluftrades étoient ornées, & donna jufques aux encensoirs, aux calices & aux patenes, difant: Nôtre-Seigneur a fait la cene dans un plat de terre, & non en vaiffelle d'argent on peut bien donner fes vafes pour racheter ceux qu'il a rachetez par fa propre vie. Je voudrois bien fçavoir, fi ceux qui trouvent mauvais que l'on rachete les ferviteurs de JESUS-CHRIST aux dépens de fes vafes, ne voudroient pas eux-mêmes être rachetez à ce prix, fi le même malheur leur arrivoit? *.11] Saint Cefaire avoit grand foin des malades, il leur destina une maison très-spatieuse où ils poùvoient entendre l'office en repos, & où ils étoient bien fervis. Il donnoit accès facile aux pauvres, & ordonnoit toûjours à celui qui le fervoit, de voir s'il n'y avoit point à la porte quelque pauvre qui n'osât entrer.

VII.

Quand la ville d'Arles fut affiegée, il comRegle de mençoit à bâtir un Monastere de filles; & il y travailloit même de fa main: mais les barbares

6. Cefaire.

n.15.

en

en ruinerent une grande partie, pour prendre le bois. Il l'acheva quand le fiege fut levé, & y fit une grande Eglife partagée en trois le milieu n. 31. dedié à la fainte Vierge, un des côtez à faint Jean, l'autre à faint Martin. On donna toutefois au Monaftere le nom de faint Jean; mais enfin celui de faint Cefaire lui eft demeuré. Toute l'Eglife fut pavée de grands cofres de pierre, taillez exprès pour la fepulture des Religieufes. Pour gouverner ce Monaftere, faint Cefaire fit revenir fa fœur Cefarie de Marfeille, où il l'avoit n. 18. envoiée s'inftruire de la vie monaftique : appa- Sup. liv. remment dans le Monaftere de filles, fondé par XXIV. Caffien. Cefarie entra dans le nouveau Monafte- n. 56. re avec deux ou trois compagnes; mais elle eut bien-tôt une grande communauté.

Cod. Reg.

to. 3. p. 18.

La clôture y étoit exacte, & c'est le premier article de la regle, que faint Cefaire donna à cette maison, & qui fut depuis reçue en plufieurs autres. Non feulement les Religieufes ne fortoient jamais; mais perfonne n'entroit dans l'interieur Reg. n. 33. du Monaftere, ni homme ni femme; non pas 34. 35. même dans l'Eglife. Si ce n'étoit des Evêques, des Abbez ou des Religieux de vertu connue, pour y faire leurs prieres un Prêtre, un Diacre, un Soûdiacre avec un ou deux Lecteurs, pour celebrer quelque fois la Meffe. Au dedans pouvoient entrer en cas de neceffité, les Evêques, le Provifeur & les ouvriers, pour les reparations des bâtimens. Le Proviseur étoit comme un Intendant pour les affaires du dehors. Il y avoit un parloir pour recevoir les visites: n. 35. mais l'Abbeffe n'y devoit aller qu'accompagnée de deux ou trois fœurs : les autres avec une ancienne. Il étoit défendu de donner à manger à n. 37. perfonne, pas même à l'Evêque. n. 36. On éprouvoit les Religieufes pendant un an, n. 3. 4. avant que de leur donner l'habit : on recevoit

des

33.7.

tan. 19. des veuves & des filles mineures; ce qui montre que le canon du concile d'Agde, de ne donner le voile qu'à quarante ans, ne regardoit pas le com7.5. mun des Religieufes. On pouvoit recevoir des petites filles de fix ou fept ans; mais on ne pre noit point de penfionaires. Il étoit fur tout défendu d'avoir rien en propre, & l'Abbeffe mê1.4.15. me ne pouvoit avoir de fervante. On ne pouvoit 2.2. 3. rien recevoir de dehors ni rien donner. Aucune Religieufe n'avoit ni chambre ni armoire, ni rien qui fermât. Elles couchoient en differens lits, mais dans une même chambre. Les vieilles & les infirmes avoient une autre chambre commune. Les lits étoient fimples, fans aucun orne41.42. ment aux couvertures: leurs habits blancs; leur coëfure ne pouvoit exceder en hauteur la mesure marquée dans la regle, qui eft d'un pouce & Recap.n.7. deux lignes. Elles faifoient elles mêmes leurs habits & s'occupoient ordinairement à travailler Regn.14. en laine. On leur donnoit chaque jour la tâche

41.43.

21.

qu'elles devoient remplir: mais il ne leur étoit Reg.n.3. point permis de travailler en broderie, ni de blanchir ou raccommoder des habits pour des perfonnes de dehors. Les ornemens mêmes de leur Eglife n'étoient que de laine ou de toile, & Vitalib. 1. fans broderie ni fleurs. Il y avoit de ces Religieufes qui s'occupoient à écrire en belle lettre Reg. n. 17. les livres faints. Elles apprenoient toutes à lire, & faifoient tous les jours deux heures de lecture, depuis fix heures du matin jufques à huit: on lifoit encore pendant une partie du travail.

3.33.

18.

Reg. n. 15.

Elles jeûnoient pendant le mois de Septembre & d'Octobre, le lundi, le mercredi & le vendredi. Depuis le premier de Novembre jufques à Noël, tous les jours; hors les fêtes & le famedi: avant l'Epiphanie, fept jours: depuis l'Epiphanie 7. 16 ̧ jusques au Carême, le lundi, le mercredi & le 7.17. vendredi. On leur donnoit deux portions à dîner,

trois à fouper: jamais de groffe viande, mais de

la volaille aux infirmes. Elles n'ufoient de bain, Reg. n. 19. que par l'ordonnance du medecin. Les corrections Reg. n. 1 1. étoient les reprimandes,l'excommunication : c'est- ".31. à-dire, la feparation de la priere ou de la table commune; & enfin la difcipline; c'est-à-dire, la n. 24. flagellation. Les Evêques ufoient de cette efpe- Vita lib. 1. ce de correction, non feulement fur leurs efclaves, mais fur les hommes libres de leur dépendance; & on remarque comme une preuve finguliere de la douceur de faint Cefaire, qu'il ne faifoit jamais donner plus de trente-neuf coups de fouet, fuivant la loi de Moïfe.

7.139

Deuter
XXV. 2.

VIII.
Premier

d'Orleans.

AN.

511.

to.4. concil.

On fit quelques reglemens touchant la difcipline monaftique dans le premier concile d'Or- concile leans, tenu l'an 511. fous le confulat de Felix, le dixiéme de Juillet. C'étoit le Roi Clovis qui avoit ordonné aux Evêques de s'affembler, les ajant confultez fur divers articles. Ils firent trente-un canons, qu'ils envoierent au Roi, le priant de les appuier de fon autorité. Le pre- p. mier eft pour la confirmation des afiles, fuivant p. 1403. les canons & la loi Romaine. Il eft défendu d'enlever les criminels, non feulement de l'Eglife, mais du Parvis & de la maifon de l'Evêque; ni de les rendre, qu'après avoir pris ferment de ne leur faire fouffrir ni mutilation ni autre peine; mais à la charge auffi que le coupable fatisfera à la partie; & que celui qui aura violé fon ferment fera excommunié. Que fi la partie intereffée ne veut pas recevoir la compofition, & que le coupable s'enfuie: les Clercs ne font pas obligez à le representer. Il étoit ordinaire aux barbares de couper les pieds, les mains, ou quelque autre partie du corps, à ceux qu'ils vouloient punir; c'eft pourquoi il eft fouvent parlé depuis ce tems, de mutilation de membres. Il étoit auffi de leur ufage de compofer de tous les crimes, pour cer

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