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par fon miniftere. Ils en loüerent Dieu, & lui dirent: Vous voyez, mon frere, combien il y a de milliers de Juifs convertis. Ils font tous zelez pour la loi, & ont oui dire que vous enseignez aux Juifs répandus entre les gentils, de la quitter entierement, & de ne point circoncire leurs enfans. Ils favent vôtre arrivée. Voici donc ce que nous vous confeillons. Nous avons quatre hommes qui ont accompli leur vœu de Nazaréens,préparez vous pour facrifier avec eux, afin que tous fachent, que ce qu'ils ont oui dire de vous eft faux, & que vous observez la loi comme les autres. Quant aux gentils convertis, nous nous en tenons à ce que nous leur en avons écrit: de s'abftenir de l'idolatrie, des viandes immolées & étoufées, du fang, & de la fornication, S. Paul fuivit ce confeil; il fe purifia, & entra le lendemain dans le temple avec les Nazaréens, déclara l'accompliffement de leur vou, & affista aux facrifices qui furent offerts par cha

cun d'eux.

Num.vi 9.

La ceremonie de la purification des Nazaréens duroit fept jours. Ils alloient finir, quand les Juifs d'Afic voyant S. Paul dans le temple, mirent la Ac.xxx. 27. main fur lui, & exciterent tout le peuple, en criant: Au fecours. Voici cet homme qui prêche par tout contre le peuple, la loi, & le temple; & qui l'a même profané, y faifant entrer des gentils. Ils avoient vû Trophime d'Ephese dans Jerufalem avec S. Paul, & croyoient qu'il

C. 14. p. 544. C.

P.919.D,

l'eût fait entrer au temple. Le concours du peuple fut grand. On tira S. Paul hors du temple, dont on ferma auffitôt les portes. Le tribun de la cohorte Romaine qui faifoit garde auprés du temple, averti que toute la ville étoit en tumulte, accourut avec des foldats & des centurions. Quand les Juifs le virent, ils cefferent de battre S. Paul, qu'ils alloient tuer.

Le tribun le fit d'abord charger de deux chaînes : & ne pouvant favoir de quoi il s'agiffoit, à cause du tumulte, & des voix confufes : il le fit mener à la citadelle, c'est-à-dire à la fortereffe Jof xv Antiq. Antonia, qui étoit à Jerusalem le logement de la VI. Bell... garnifon Romaine. Elle joignoit le temple, au coin du feptentrion au couchant: & l'on y montoit par plufieurs degrés. Les princes Assamonéens l'avoient bâtie,& nommée Baris: mais Herode la réparant lui avoit changé de nom en l'honneur de Marc Antoine. Au dedans elle avoit la magnificence d'un Palais, & les commodités d'une ville: au dehors elle étoit fortifiéc & flanquée de quatre tours. Par fa hauteur elle commandoit le temple, comme le temple commandoit la ville. En y arrivant, les foldats portoient S. Paul fur les degrés tant la foule du peuple étoit grande. Il demanda au tribun: Puisje vous parler? Le tribun lui demanda, s'il favoit le grec. Car c'étoit la langue commune des orientaux, avec les Romains. Puis il lui dit: N'cs s-tu pas cet Egyptien qui as excité du tu

multe ces jours paffez, & as mené au defert qua

tre mille Sicaires?

LIV. Seditions en

Judée. Sicaires.

c. 6. II.

Bell .22.p.

796. E.

En effet peu de temps auparavant un impofteur venu d'Egypte à Jerufalem, & faifant le prophete, perfuada au peuple de le fuivre au mont of xx. Antiq. des olives, à un quart de lieuë de la ville, où ils devoient en voir tomber les murailles à fon commandement : enforte qu'ils entroient par les bréches. Felix,gouverneur de Judée, l'ayant apris, fit armer de la cavalerie & de l'infanterie, & marcha à leur tête contre ce peuple, que l'Egyptien avoit féduit. Il y en eut quatre cens de tués,& deux cens de pris: l'Egyptien s'enfuit dans le combat, & ne parut plus. Dans le même tems s'éleverent plufieurs autres impofteurs, qui attirerent dans les deferts le peuple crédule; promettant de leur faire voir de grands miracles. Felix en diffipa plufieurs. Il fit auffi punir plufieurs voleurs, entr'autres Eleazar fils de Dinée, qu'il prit en trahifon, aprés lui avoir promis de ne lui point faire de mal: mais l'ayant en fon pouvoir, il le mit aux fers, & l'envoyaà Rome, avec plusieurs autres. Il y en avoit un grand nombre qu'il fit crucifier en Judée.

Ce fut le même Felix: qui, fans y penfer introduifit les Sicaires, ou affaffins. Il haïffoit le fouverain Pontife Jonathas, qui l'avertiffoit souvent de fes fautes, voyant qu'elles retomboient fur lui-même : car c'étoit Jonathas qui l'avoit demandé à l'empereur, pour gouver

ner la Judée. Ces avis l'avoient rendu infuportable à Felix. Il promit de l'argent à un nommé Dores de Jerufalem, qui paroiffoit le plus fidele ami de Jonathas, & lui perfuada de le faire affaffiner. Celui-ci employà pour ce deffein, quelques-uns de ces voleurs, dont le païs étoit plein. Ils vinrent à Jerufalem fous pretexte de religion, avec des poignards cachés fous leurs habits, & s'étant aprochés de Jonathas, ils le tuerent. Ce crime étant demeuré impuni, ils y prirent goût. Ainfi à toutes les fêtes il le trouvoit de ces voleurs, qui fe mêloient dans la foule, & commettoient des meurtres, dont enfuite ils feignoient d'être les plus indignés: enforte qu'il étoit impoffible de les reconnoître : & perfonne n'étoit en fûreté, même dans le temple. Les uns commettoient ces crimes, pour exercer leurs vengeances particulieres, les autres pour gagner de Jof. xx. Antiq. l'argent. Leurs uniques armes étoient de petits poignards courbés comme les cimeterres des Perfes; & parce qu'en latin fica fignifie un poignard, ils furent nommés par les Romains Sicarii, & ce nom leur demeura. Ces voleurs répandus par tout le païs, excitoient le peuple à la révolte, & pilloient les maifons de ceux qui demeuroient dans l'obéïffance des Romains. A Jerufalem même ce. n'étoit que des féditions.

c.7.

Jof. xx. Antiq.

c. 6.

Le roi Agrippa ayant donné le fouverain facerdoce à Ifmael fils de Phabee: la divifion fe mit entre les pontifes & les moindres facrificateurs,

à qui les principaux citoyens fe joignirent. Ils marchoient accompagnez d'hommes infolens & féditieux: ils fe difoient des injures, & fe jettoient des pierres, fans que perfonne les retînt: comme s'il n'y avoit point de gouvernement dans la ville. Les pontifes en vinrent jufques à envoyer leurs gens dans les aires, où les grains étoient entaffez, pour enlever les décimes des prêtres : en forte que quelques-uns des plus pauvres qui n'avoient que ces décimes pour vivre, mouroient de mifere. Jerufalem fe trouvoit en cet état, quand S. Paul fut pris.

LV.

S.Paul prifon8.xx1.39.

nier à Jérufalem.

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Le tribun lui ayant demandé s'il étoit l'Egyptien féditieux; il répondit fimplement ce qu'il étoit: & demanda permiflion de parler au peuple. L'ayant obtenue, il fe tint debout fur les degrez qui menoient à la citadelle, & fit figne de la main. On fit un grand filence, & il commença à parler en hebreu vulgaire, c'est à dire en fyriaque : ce qui redoubla l'attention. Mes freres, dit-il, & mes peres, écoutez ma défense. Je fuis un homme Juif né à Tarfe en Cilicic, nourri en cette ville aux pieds de Gamaliel, felon la verité de la loi de nos peres, pour laquelle j'étois zelé, comme vous l'êtes tous aujourd'hui. J'ai perfecuté cette fecte jusques à la mort, comme le fouverain pontife & les Senateurs peuvent le témoigner. Enfuite il leur raconta fon voyage à Damas, la vifion qu'il eut en chemin, fa con- Monsta.V verfion, fon baptême : fon retour à Jerufalem,

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