Danemarc & le reconnoître pour fon fouverain : ce que le roi ne put éviter de faire à certaines conditions. AN. 1162. Enfuite Octavien, tint un concile, où il s'effor- saxo. p. 271. ça de montrer par de grands difcours la validité de fon élection, & pour le rendre les évêques favorables, il ordonna que l'on n'appelleroit au S. fiége, qu'en cas que l'affaire ne pût être décidée à leur tribunal. Aprés qu'il eut parlé, l'empereur dit qu'il avoit invité les rois à la conference, pour finir la question du fchifme, étant réfolu de s'en tenir à leur avis, & qu'ils n'y étoient pas venus, parce qu'ils prétendoient au mépris de l'empereur créer un pape, quoi qu'ils n'euffent aucun droit fur Rome. Enfuite Rainold archevêque de Cologne s'efforça de montrer auffi l'injuftice des rois. Čar, disoitil, fi l'empereur vouloit juger un differend touchant l'évêché de quelque ville de leur obéïssance, ils le trouveroient très-mauvais ; & cependant ils veulent faire la même chofe à Rome. L'archevêque crut cette preuve si convaincante, qu'il l'a propofa en latin, en François & en Allemand. Mais autant qu'elle fut applaudie des Allemans, autant déplut-elle aux Danois; & à la fin quand on eut allumé les cierges pour prononcer l'excommunication contre le pape Alexandre le roi Valdemar fuivant le confeil de l'évêque Abfalom fortit du concile. Abfalom le fuivit, & comme Octavien le prioit de demeurer, il dit qu'il ne pouvoit quitter le roi à la fuite duquel il étoit venu. Ainfi ils ne prirent point de part à cette action schismatique. Le : AN. 1162. 163. lendemain Octavien facra Livon élu évêque d'Oldensée capitale de l'Ifle de Funen, au facre duquel Hift. gent. Dan. Abfalom s'étoit vigoureufement oppofe. Le roi Valdemar ne revint en Danemarc que l'année fuivante 1163. Cependant Octavien ne laissa pas de fe .prévaloir de la négociation du comte de Champagne avec l'empereur, & écrivit à Rome, que le roi de France avoit embraffé fon parti, & l'avoit déclaré à l'empereur avec ferment par le moïen de ce Comte. C'eft ce qui paroît par la lettre que les Frangipanes confuls des Romains en écrivirent au roi, le priant de diffiper cette calomnie. Tandis étoit à l'abbaïe du Bourgpar les rois de Dicu, il fut vifité par le roi d'Angleterre, qui, après lui avoir baifé les pieds, lui offrit des prefens Acta. ap. Bar. d'or & le baifa à la bouche ; & aïant refufé le fautcüil qu'on lui avoit preparé, s'affit à terre aux pieds du pape avec les barons. Il fe retira trois jours après fort content, aïant fait encore de grands prefens au pape & aux cardinaux. Quelque temps après la Rob. de Monte. conference de faint Jean de Laune, le roi de France & le roi d'Angleterre, fe trouverent ensemble à Couci fur Loire & y recurent le pape Alexandre LXII. le France & d'An- 1162. avec l'honcur convenable: ils le conduifirent à fa Duchen. to. 4.p· 745. ep. 418. Au carême de l'année fuivante 1163. Il vint à Paris, pour conferer avec le roi Loüis, qui alla deux lieuës au devant avec ses barons & fes cheva- AN. 1163. liers ; & dés qu'il le vit il defcendit de cheval, & courut lui tenir l'eftrier & lui baiser les pieds, après quoi ils s'embrafferent. Ils entrerent dans la ville marchant ensemble, le clergé vint au devant, & mena le pape & les cardinaux à l'église cathedrale, Le pape demeura demeura à Paris pendant le carême & y celebra la fête de Pâques, qui fut le vingt-quatriéme de Mars. Il en partit peu de tems après, & passant par Chartres retourna à Tours où il avoit convoqué un concile pour l'octave de la Pentecôte, c'est-à-dire le dix-neuvième de Mai, LXIII. to. x. p. 1424. Le concile commença en effet ce jour-là & fe tint dans l'église de S. Maurice, qui eft la métro-Tours. politaine. Il s'y trouva avec le pape dix-sept cardinaux, cent vingt-quatre évêques, quatre cens quatorze abbez; & une grande multitude d'autres perfonnes tant ccclefiaftiques que laïques Les prelats étoient raffemblez de toutes les provinces de l'obéïssance des deux rois de France & d'Angleterre; & quelques-uns d'Italie. Arnoul évêque de Li- Conc. p. 141. feux fit ordre du pape un fermon l'oupar pour verture du concile, où il exhorte les évêques à combattre courageusement pour l'unité de l'église contre les fchifmatiques, & pour fa liberté contre les tyrans, qui la pillent & l'oppriment. Quoique les premiers, dit-il, s'efforcent de la déchirer, elle n'en est pas moins une, puifqu'ils fortent de son fein & demeurent dehors ; & quoi que les autres veüillent l'affervir, elle n'eft pas moins libre en en effet, puisqu'elle les pùnit par sa puissance spi Arn.p.61. Tome XV. T de : rituelle. Il predit que l'empereur fe convertira & confeffera que la principauté de l'églife eft au deflus de la ficne; & en particulier qu'il reconoîtra la feigneurie de l'églife Romaine puifque l'histoire nous apprend, que fes predeceffeurs n'ont reçû p. 68. l'empire que par la feule grace de cette églife. Il conclut en exhortant les évêques à faire un bon usagc de leurs richeffes temporelles, les emploïant au fecours de l'églife exilée, & de ceux qui ont perdu leurs biens & leur repos pour la cause de J.C. c'est le pape & les cardinaux qu'il veut dire. P. Le concile de Tours fit dix canons, la plûpart répetez des conciles precedens : en voici les difpofitions les plus notables. Défense de divifer les prebendes & les dignitez ecclefiaftiques, particulierement les moindres benefices: Défense aux AN. 1163. P. 71. Can. 1. évêques, & aux autres prelats fous peine de dépoc.s. fition de donner à aucun laïque ni église, ni dîme, ni oblation. Défense de donner à ferme pour un prix annucl le gouvernement des églifes; comme la mauvaise coûtume s'en étoit introduite en certains lieux. On défend auffi de vendre les pricurez ou les chapelles des moines ou des clercs : de rien demander pour l'entrée en religion : de rien exiger pour la fepulture, l'onction des malades ou le faint crême, fous pretexte même d'ancienne coûtume: puifque la longueur de l'abus ne le rend que plus criminel. On defend aux clercs & aux religieux toute forte d'ufure: même le contrat pignoratif, par lequel on reçoit en gage un fonds pour pour profiter des revenus fans les imputer für le C.6. C. 2. C. 7. fort principal de l'argent prêté. En quelques diocé- AN 1163. fes les évêques & les archidiacres mettoient à leur place des doïens ou des archiprêtres pour juger les causes ecclefiaftiques, moïennant un certain prix annuel. Le concile condamne cet abus, comme tendant à la charge des curez, & au renversement des jugemens. Quelques religieux fortoient de leurs cloîtres fous pretexte de charité de charité, pour exercer la medecine, étudier les loix civiles & pourfuivre des affaires, pretendans s'en aquiter plus fidelement que les feculiers. Le concile défend abfolument à aucun religieux profés de fortir pour ce fujet ; & ordonne que s'il ne rentre dans deux mois, il foit évité de tout le monde comme excommunié ; & que s'il fe prefente pour faire fonction d'avocat, toute audiance lui foit deniée. Etant rentré dans fon cloître il aura le dernier rang, & ne pourra efperer de promotion. Cet abus etoit ancien, comme on voit entre autres par une lettre de S. Bernard aux moines de S. Germer. ; & il avoit déja été condamné par Innocent II. au concile de Rheims en 1131. & en celui de Latran l'an 1139. Or il est remarquable qu'on ne défend qu'aux reli- “. gieux les profeffions de medecin & d'avocat, & non aux clercs feculiers, parce que les laïques étant fans lettres en étoient incapables. Remarquez encore qu'on ne défend pas aux religieux de faire ces fonctions, pourvû qu'elles ne les tirent pas de leurs cloîtres. Le concile ordonne aux chapelains des châteaux c.1. C. 8. Bern. ep. 69% Ibid. Mabill. &c. sup. liv. LXVII. n. 9. Conc. Rem. c. |