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noit les cérémonies & les ufages de l'églife, que AN. 1530. les Proteftans traitoient d'abus, qui les avoient obligez, difoient-ils, à fe féparer. Elle étoit comprife en sept articles, dont le premier admettoit la néceffité de la communion fous les deux efpeces, & défendoit les proceffions du faint Sacrement, qui étoient, difoit-on, contraires aux deffeins de JesusChrift dans l'inftitution de cet augufte myftere. Le deuxième condamnoit le célibat des prêtres & des autres perfonnes qui en font vou, prétendant que l'homme a été créé pour fe multiplier, qu'il n'y a point d'autorité sur la terre qui puisse changer l'ordre de la création; enforte que quiconque ne fe croit pas affez continent pour garder le célibat, doit en confcience fe marier. Le troifiéme excufoit l'abolition des meffes baffes & privées, prétendant que le facrifice ne devoit point être célébré, fans que quelqu'un communiât avec le prêtre, & ajoutoit que la liberté qu'on avoit prise d'y inferer quelques prieres allemandes, n'étoit que pour inftruire les ignorans. Le quatriéme vouloit, qu'il ne fût pas néceffaire de faire une confeffion exacte de chaque peché dans le facrement de pénitence,& déchargeoit les confciences du foin d'en faire le dénombrement, parce qu'il y en avoit un grand nombre dont les mémoires les plus heureufes ne pouvoient fe reffouvenir. Le cinquiéme ne reconnoiffoit la distinction des viandes, que pour une tradition purement humaine : il ajoutcit, qu'on avoit engagé les hommes dans l'erreur fur la doctrine la plus importante de l'évangile, qui regarde grace, la juftice & la foi, fur l'état monaftique,

la

en faifant accroire qu'il étoit plus agréable à Dieu, AN. 1530. que celui des familles chrétiennes : il difoit encore que le nombre des traditions ayant été multiplié prefque à l'infini, on s'étoit tellement occupé dans les écoles à en faire des recuëils, & à les examiner, qu'on ne cherchoit plus dans l'écriture fainte, la vraie doctrine de la juftice & de la foi; que l'on pouvoit néanmoins obferver certaines traditions dans l'églife, pourvû qu'on avertît le peuple qu'elles ne juftifioient point devant Dieu, & qu'on ne péchoit point en ne les observant pas, pourvû que ce fût fans scandale. Le sixiéme improuvoit les vœux monaftiques, & prétendoit que les monafteres, du tems de faint Auguftin, étoient des congrégations, dont l'entrée & la fortie étoient également libres; mais que la difcipline s'y étant corrompuë, on y avoit introduit les vœux, afin qu'ils ne fuffent pas abandonnez: que depuis on y avoit affujetti les enfans avant qu'ils euffent l'ufage de la raison, & de jeunes filles qui n'avoient pas encore le jugement formé, & qui ne sentoient pas leur foibleffe: que pour y retenir ceux qui n'y étoient pas bien appellez, on les trompoit; en leur enfeignant que les vœux qu'ils avoient faits étoient de même valeur que le baptême, & qu'en les accomplisfant, on méritoit la rémiffion des péchez, & la justification devant Dieu : que l'on n'y gardoit pas feulement les commandemens; mais de plus les confeils de l'évangile ; & que la vie qu'on y menoit étoit beaucoup au-deffus de celle des pafteurs & des magiftrats. Le septiéme enfin diftinguoit la puissance eccléfiaftique de la fecu

liere, en ce que la premiere confiftoit dans le comAN.1530. mandement fait aux Apôtres, & à leurs fuccefleurs de prêcher l'évangile, de pardonner & retenir les péchez & d'adminiftrer les facrements;qu'elle ne regardoit que les chofes éternelles, & ne s'exerçoit que par le miniftere de la parole: que la féculiere au contraire s'employoit uniquement à proteger les corps & les biens contre les injures visibles, à arrêter la malice des hommes par des peines proportionnées, afin de maintenir la juftice & la tranquillité publique. D'où l'on concluoit que la puiffance eccléfiaftique n'empiétoit point fur la féculiere; qu'elle ne tranfportoit pas les roïaumes, qu'elle n'aboliffoit ni les loix, ni les magiftrats, qu'elle n'ôtoit point la fujétion légitime, qu'elle ne s'oppofoit à l'exécution ni des ordonnances, ni des contrats civils, qu'elle ne prescrivoit point de loi au magiftrat pour élever par là fon tribunal au-deflus du féculier. Cet article finiffoit par une fatyre contre le pape & les évêques, dont on attaquoit la jurifdiction.

XIX.
Vain triomphe

cette confeffion.

Telle étoit la fameufe confeffion de foi des Ludes Proteftans fur theriens, fi enveloppée de termes obfcurs & équiCochlée in act. & Voques, que fous une belle apparence de catholiciJeript. Lutheri hoc té en plufieurs articles, elle ne laiffe pas de ren

ann. p. 209.

fermer tout le venin de l'héréfie. Les Proteftans en triompherent & ne manquerent pas d'écrire en France, en Angleterre & dans prefque toutes les contrées de l'Europe, que leur nouvelle doctrine avoit été reçue dans l'affemblée la plus follemnelle & la plus augufte du corps germanique, & que rien n'empêchoit maintenant les princes, qui l'avoient

souscrite, de traiter pour leur propre conservation avec les étrangers, en cas que l'empereur ou les Ca- A N. 1530. tholiques les attaquaffent fur le fait de la religion; mais ils en impofoient au public, leur confeffion ne fut pas reçuë. Après qu'on en eut fait la lecture, sa majesté impériale congédia l'assemblée pour déliberer enfuite fur le parti qu'on devoit prendre dans cette affaire. Les avis fe trouverent partagez; le légat Campege qui ne s'étoit point trouvé à cette lecture, dans la crainte d'y entendre quelque chofe qui portât préjudice à la foi catholique & au pape, étoit fur le point de publier une cenfure de cette confeffion pour oppofer l'antidote au poison; il s'en abstint néanmoins de peur d'exciter du tumulte. Quelques-uns des plus ardens vouloient qu'on ordonnât l'exécution de l'édit de Wormes, & qu'on le fervît de la voie des armes contre ceux qui ne voudroient pas obéir. D'autres propoferent de nommer des gens de probité, habiles & defintereffez, fuivant le jugement defquels l'empereur prononceroit dans cette affaire. Enfin le dernier avis fut, qu'il falloit mettre cette confeffion de foi entre les mains de quelques théologiens catholiques, pour la réfuter & faire lire cette réfutation en pleine diéte en présence des Proteftans, & cet avis fut fuivi. L'écrit fut mis entre les mains de Jean Faber, d'Ekius, de Jean Cochlée, de Conrad Coëlin, & de quelques autres qui étoient venus à Ausbourg, & qui travaillerent auffi-tôt à cette réfutation.

XX.

On théologiens pour confeffion des Protef

nomme des

réfuter la route

Caleftin. de conf. Aug. 3. fol. 43′′

Sleidan in comm

Ces théologiens n'eurent pas de peine à s'acquitter de cette commiffion. Ils y employerent 67.p.213.

ann, p. 208.

22 5.

Trid.lib. 3.c. 3.

&

peu de jours, & firent une réponse solide, dans AN. 1530. jaquelle ils réfutoient par l'écriture fainte, & par Cochlée in at de bonnes preuves ce qu'il y avoit d'erronné, Script. Lutheri bee faifoient voir de plus les endroits, dans lesquels les Spond. hoc ann. Luthériens s'écartoient de ce que Luther leur maîPallav. hift. conc. tre & Melanchton avoient enfeigné au commencement. Toutefois avant que d'y travailler, ils demanderent aux Proteftans fi leur confeffion contenoit tout ce qu'ils vouloient propofer, & s'ils n'avoient rien à y ajouter. Ils répondirent après une affez longue délibération, que pour le présent ils la croyoient en l'état où elle devoit être. Ils avoient raifon de parler ainfi, puisque dans la suite ils y firent de grands changemens, comme on le verra bientôt, principalement Mélanchton, fi inconstant dans fes opinions, qu'à peine peut-on sçavoir ce qu'il croyoit. La réfutation faite, on la présenta à l'empereur, qui la fit lire aux princes catholiques, avant que de la produire devant les Proteftans ; & l'on trouva qu'il en falloit retrancher les expreffions un peu trop fortes, & traiter les matières d'un ftile plus modéré, qu'il ne falloit non plus rien dire des variations des Proteftans, dont les prédicateurs avoient autrefois écrit & enseigné tout le contraire de ce qui étoit marqué dans leur confesfion. Quelques jours fe pafferent pendant qu'on réformoit la réfutation, & l'on employa jufqu'au troifiéme du mois d'Août, ou à la changer, ou à l'examiner. Dans ce même jour l'empereur ayant mandé les Proteftans, leur dit qu'il avoit communiqué leur confeffion de foi à des Catholiques ha

biles

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