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s'agit ici.comme le premier fondateus de l'Eglife de S. Cyr de Nantes, dite aujourd'hui Saint Leonar, rebâtie longtems après par un Comte de cette Ville, qui porta auffi le même nom. Je n'ai rien vu jufqu'ici, qui puiffe nous empêcher de dire avec ces Modernes, que ce fût en effet le Roi Budic, qui fit le premier bâtir cette Eglife. C'est encore lui, dont il eft fait mention dans les Actes de Saint Ninnoch, ou du moins dans celui de la fondation de l'Eglife, qui porte fon nom. Ces Actes l'appellent Bodoix, & lui donnent le titre de Roi, Or Bodoix n'eft pas affez différent de Budic ou Biudic, pour impofer l'obligation, ni même laiffer la liberté, d'en faire deux différens perfonnages. Tant de preuves doivent déformais effacer les préjugés, qu'on pourroit avoir contre le Manuscrit Breton, contre Geffroi de Monmouth qui l'a traduit, & contre Gautier Archidiacre d'Oxford, qui n'eft que l'interpolateur de cet Ouvrage, & qu'il a mis dans l'état où nous l'avons préfentement. On trouve dans ces Auteurs quelques circonftances de fon regne, fous le nom tantôt de Budic, quelquefois de Budec ou Budecius, &

même de Dubric, ou Dubricus. Ces différens Auteurs ne nous apprennent point les mêmes faits; enforte qu'il paroît affez qu'ils ne fe font point copiez les uns les autres, & néanmoins ils ne fe contredisent en rien: au contraire, ils s'accordent en tout; ou pour mieux dire, ce que l'un nous apprend nous conduit fi naturellement à ce que l'autre rapporte, qu'en recueillant de chacun les faits qu'il a pris foin d'écri

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on trouve une vie fort fuivie, & les circonstances d'un regne affez rempli. Car fi Geffroi de Monmouth dit

Budic étoit fils d'Audren & pere de Hoël, la Chronique des Roys Bretons Armoriquains s'en explique de la même maniere. Si les Actes de Saint Ninnoch parlent de Bodoix comme d'un Comte de Cornuaille, les Catalogues de ces Comtes mettent Budic de ce nombre. Ces derniers monumens prouvent qu'il fut abfent de fon païs, qu'il y retourna dans la fuire, & qu'il recouvra l'héritage de fes peres. L'Auteur de la vie de Saint Oudocée dit tout cela de Budic, & même dans un plus grand détail. Et comme cet Auteur nous fait affez connoître qu'il étoit dans l'Ifle de Bretagne du tems d'Aurele Am

broife, de même Geffroi de Monmouth dit qu'ils vivoient dans le même tems, & il fournit une preuve de l'union qui étoit entre ces deux Princes, quoiqu'il outre un peu ce fait dans certaines circonftances. Cette unifor. mité, qui fe trouve entre tant de différens Auteurs, doit contribuer beaucoup à les rendre plus croyables. Enfin on trouve auffi le nom de Budic, & la preuve de fon regne dans la chartre d'Alain Sergent. Mais qu'on juge ce qu'on voudra de cette piéce; qu'on la reçoive, ou qu'on la rejette, il m'importe peu,puifque fans ce secours on voit qu'il me refte encore affez d'autres preuves.

V.

Ce Budic n'eft pas le même que le Bodic, dont il eft parlé dans Grégoire de Tours.

Il faut feulement prendre garde de confondre le Budic, dont tous ces Auteurs parlent, & le Bodic qualifié par Grégoire de Tours Comte des Bretons. Quelque reffemblance qu'il y ait entre ces deux noms, les caractéres de Fun & de l'autre de ces deux Princes

leurs qualités, le tems dans lequel ils vivoient, font fi différens, qu'un pen. d'attention fuffit, pour empêcher de s'y méprendre. Bodic n'étoit que Comte; le Budic dont je parle, étoit Roi. Le premier n'étoit Seigneur que d'une très-petite partie de la Bretagne, puif que felon Grégoire de Tours, elle étoit alors partagée entre cinq freres, fans compter Conomer autre Comte des Bretons; au lieu que celui, dont il s'agit, étoit Roi de toute l'Armorique, comme on le voit dans la Chronique des Rois Bretons Armoriquains, & dans la vie de Saint Oudocée. Du tems. du Roi Budic, ce Royaume s'étendoit encore ju'fqu'aux Montagnes appellées Alpes; au lieu que du tems de Bodic, il n'y avoit plus de Montagnes qui fiffent les limites de cette partie de l'Armorique occupée par les Bretons. Ce que Grégoire de Tours dit du Comte Bodic, n'eft arrivé qu'après la mort de Rioval, comme je le ferai voir dans la fuite, & tout ce qu'on, dit de Budic s'eft fait avant le paffage de Rioval, c'est-à-dire, avant l'an cinq cens treize. Pour en convenir, il suffic préfentement d'obferver qu'Oudocée, né depuis que Budic fut élû Roi des

Armoriquains, eut le tems de devenir affez grand, pour être fous la difcipline de Saint Dubricius mort au plûtard en 522. ou felon quelques uns l'an512. Son pere fut donc élevé fur le Trône au moins douze ou quinze ans. plûtôt; c'est-à-dire, avant l'an soo. & même avant l'an 497. c'est-à-dire, quinze ou dix-huit ans avant le paffage de Rioval. Les principes, fur lefquels je fonde cette Chronologie, font bien plus clairs, que ceux que Bollandus a employés, & qu'il tire du regne d'Aircol Lauhir, dont on ne connoît pas affez les commencemens; d'ailleurs la raison pour laquelle les Armoriquains vouloient avoir pour leur fouverain le Budic, dont je parle, eft qu'il étoit de la famille Royale, & fans doute unt des plus proches à fuccéder au dernier Roi. Or dans le tems dans lequel Bodic vivoit, c'eft-à dire, après l'an $13. & même après la mort de Rioval en 553. il y avoit d'autres Princes très proches parens du feu Roi, puifqu'ils étoient fes fils, plus à portée de faire tomber le choix fur eux, & de faire valoir, ou leur élection, ou leurs droits fur le Royaume; puifqu'il étoient actuellement dans ce Païs: au

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