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Naples de pareils monumens. On ne s'y contente pas d'ôter aux étrangers tous les moyens d'acquifition, on leur interdit encore toutes les études & toutes les copies : en forte que les Sçavans & les Deffinateurs font à cet égard renfermés dans une feule ville.

Plufieurs Artistes Penfionnaires de l'Académie de France à Rome, & que la curiofité a conduit à Portici, m'ont affûré que de tous les morceaux de frefque que l'on y a découvert, celui-ci n'étoit ni des plus foibles, ni des plus beaux pour le deffein & la couleur. C'eft le fragment d'une plus longue frife, dont la hauteur eft d'un pied fix lignes, & la largeur de huit pouces onze lignes. On remarque dans ce qui en refte plus de liberté d'outil & de pratique, que de science & de correction. Les détails, & fur-tout les extrémités, y font fort négligés. Cet ouvrage, en un mot, m'a rappellé tout ce que je connoiffois des peintures Romaines ou trouvées à Rome; cependant il eft inférieur pour le deffein à la noce Aldobrandine, qui par cette partie autant que par la composition, tiendra long-temps le premier rang dans ce qui nous eft refté de peintures antiques. La couleur qui fert de fond à la peinture que je rapporte, eft prefque noire ; & les remarques que j'ai faites fur l'emploi que les Anciens ont fait des couleurs, m'ont perfuadé qu'ils n'aimoient pas les couleurs claires, principalement dans les décorations de leurs maisons. J'ai vû une trèsgrande quantité de débris de murailles tirés d'Herculanum, dont les enduits ont été peints d'arabesques & d'ornemens très-groffiers. Prefque toutes les couleurs en étoient crûes & entiéres; mais le plus grand nombre des fonds étoit d'une dureté extraordinaire: car le rouge foncé contrastoit tout fimplement avec le noir; & ceux qui ont vifité les foûterrains, affûrent que l'extérieur des maisons de cette ville étoit peint généralement de gros jaune, de noir ou de rouge-brun. Les vafes Etrufques font encore une preuve plus conftante & plus étendue du goût que les Anciens

avoient pour les couleurs fortes. Il falloit donc qu'ils euffent tous, & principalement les habitans d'Herculanum, la vûe plus délicate que nous; car, outre une autre preuve que j'en donnerai dans la fuite, la réverbération du Soleil fur les couleurs blanches ou qui participent du blanc eft affûrément plus fenfible. Mais fans tirer des raisons de la mode & de l'usage, dont on ne rendra jamais un compte exact, leur goût pour ces couleurs étoit peut-être fondé feulement fur leur plus longue durée, & fur le peu d'altération qu'elles éprouvoient.

Comme les deux figures de ce numéro ne font point le fujet dominant de la frife, & ne paroiffent que des acceffoires placés fans doute à une des extrémités de la compofition, il n'eft pas néceffaire d'en donner la description, & ce qu'on vient de lire renferme tout ce que j'en fçai.

N°. II.

CE vafe eft Etrufque, du même travail que ceux qui font rapportés plus haut. Il n'eft réveillé par aucune couleur blanche, & je ne l'ai joint à cette peinture, que par la raison qu'il a été conftainment trouvé dans les ruines de la même ville. Il me donne deux preuves de ce que j'ai dit fur le commerce des Etrufques & le travail de leurs manufactures qui fourniffoient, felon moi, dans ce temps, finon tout le monde connu, du moins une grande partie des Côtes de la Méditerranée. En effet, on ne peut douter que ce vafe n'ait été porté à Herculanum avec une trèsgrande quantité de vafes pareils que l'on y a découverts. De plus, il paroît avoir été fait pour la ville d'Athènes, ou pour quelque Athénien. La chouette que l'on y voit des deux côtés entre deux branches d'olivier, femble le prouver, cet animal n'étant pas affez agréable par fa forme, ni par les idées qu'il rappelle, pour être représenté fans objet, & les branches d'olivier confirment ce que j'ai avancé. Ce monument très-bien confervé n'est pas d'une

Muf. Florent. tom. 1. pl. 88.

Traité des pierres
gravées, t.2.pl.41.

Matf. Gem. Anti.
Lom. 3. pl. 56.

forme des plus heureuses. Il a trois pouces deux lignes de hauteur, fix pouces de largeur de l'extrémité d'une anfe à l'autre ; & quoiqu'il n'y ait pas d'apparence qu'il ait fervi à aucune mefure publique, je ne laifferai pas d'ajoûter qu'il contient une chopine de liqueur.

PLANCHE LV I.

N°. I.

CE fragment de peinture antique que M. Soufflot, habile 'Architecte, m'a rapporté d'Herculanum, & qu'il a pris dans la fouille en vifitant ces ruines foûterraines avec M. de Vandiere qu'il accompagnoit en Italie, ce fragment, dis-je, faifoit partie d'une frife représentant des Amours à la chaffe. Les reftes de la peinture ancienne font à un tel point recherchés par les Antiquaires, que j'ai fait graver ce morceau, quoiqu'il ne foit pas d'une parfaite confervation: parce qu'en l'examinant avec attention, il fera aifé d'y remarquer l'efprit, la légéreté de la touche, & la facilité de l'Artiste qui l'a exécuté; toutes chofes qui ne fe trouvent pas ordinairement dans les monumens de ce genre. On doit encore dans celui-ci admirer le tour agréable de cette petite figure, dont l'attitude exprime bien la courfe & l'action. La couleur en étoit d'autant plus brillante, qu'elle etoit placée fur un fond noir. La hauteur de la figure eft de quatre pouces & demi.

No. II.

On voit fur plufieurs pierres gravées une Bacchante les cheveux épars, un genou fur un autel, le corps dans une attitude violente, & élevant une petite ftatue de Minerve, ou de quelqu'autre Divinité : ce fujet facilite l'explication de la pierre gravée fous ce N°. C'eft un Bacchant caracté

rifé par la peau de chevreuil entrelacée dans fon bras gauche, implorant le fecours de fon Dieu tutélaire qui paroît être l'Amour, contre les poursuites d'un foldat, qui

plein

pas

Rec. de Pierr.

pl. LVIII.

plein de respect pour cette Divinité, recule & tourne ses d'un autre côté. M. de Gravelle qui a déja publié une pierre où l'on voit, à quelques différences près, le même grav. Ant. 2.parte fujet, veut qu'il représente Ajax & Caffandre; mais cette explication n'eft pas affez bien fondée pour que je l'adopte. Mon sentiment n'eft pas éloigné de celui de M. Gori fur un sujet presque pareil, rapporté dans le Museum Etrufcum. No. III.

fi

CE fragment de bronze qui peut avoir fervi de pommeau d'épée, ou bien à quelqu'autre parure militaire, eft d'un travail plus grand & plus précis que terminé ; mais il a un grand caractère, & il est touché fi jufte, que je ne balance. point à le placer avec les autres morceaux Grecs, & que je fuis perfuadé que, malgré la rareté actuelle des bronzes dans la Gréce, celui-ci eft l'ouvrage d'un homme de cette nation, en quelque lieu qu'il ait été fabriqué & trouvé. Cette tête de tigre, de léopard ou de lionne, eft un fymbole de valeur, & qui tout naturellement paroiffoit fait pour entrer dans les ornemens d'une armure. J'en ai vû plufeurs difpofés de la même façon, c'est-à-dire, avec la gueule ouverte, comme on la voit ici, & comme elle est encore dans ce Recueil, Planche LXXIX. N°. III. Ce fragment, des mieux jettés avec une légéreté & une égalité de bronze infinies, a vingt & une lignes de long, & dix-fept de large.

N. IV.

deux

CE morceau de pierre de touche eft le fragment d'une portion circulaire qui pouvoit avoir neuf pouces de diamétre, & qui d'une extrémité à l'autre n'a plus que pouces une ligne dans la partie qui nous eft demeurée. Ce refte paroît être le rebord d'un plat. Ce rebord avoit un pouce d'épaiffeur, & le fond du plat partoit du milieu de cette épaiffeur; il étoit orné tant au dedans qu'au dehors d'un travail où l'on ne peut rien diftinguer aujourd'hui, &

ce qu'on entrevoit paroît fort groffier: mais plus l'ouvrage femblera commun, & plus on doit en inférer que les Grecs avoient attaché beaucoup de mérite à l'exécution des Arts, dans le deffein de les attirer chez eux, & de les perfectionner. L'Artifte flaté d'avoir fait ce morceau, y a tracé fon nom en beaux caractères.

......ΔΩΡΟΣ ΡΟΔΙΟΣ

ΕΠΟΙΗΣΕΝ.

Il ne refte, comme on voit, que la terminaison du nom de l'ouvrier; & malheureusement cette terminaison est commune à quantité de noms Grecs, tels que Polydore, Athénodore, &c.L'infcription nous apprend que cet ouvrier étoit de Rhodes. On pourroit foupçonner que c'étoit ou Polydore, ou Athénodore, deux Sculpteurs de cette Ifle, Liv.xxxvI. c.5. dont Pline a fait mention, & qui conjointement avec Agefander, leur compatriote, avoient fait le fameux grouppe du Laocoon.

PLANCHE LVII.

N°. I.

CETTE tête de marbre blanc trouvée il y a quelques mois dans les fouilles d'Herculanum, a cinq pouces quatre lignes de hauteur. Le travail & l'arrangement des cheveux méritent d'être confidérés. Je ne dirai pas la même chofe du vifage & du cou: la main de l'Artifte y paroît mefquine & de petite maniére. Ce n'eft pas le feul ouvrage foible qui nous foit demeuré de l'antiquité, & qui prouve l'inégalité du travail, fur-tout chez les Romains. Au refte, je remarque dans cette tête deux chofes qui me donnent occafion de faire quelques réflexions fur des parties dépendantes de la Sculpture.

Les prunelles de ce morceau font marquées, & qui plus eft, le milieu en eft creusé avec affez de profondeur. Le fait affûrément n'eft pas fans exemple: & j'en ai vû plus d'un dans des figures antiques; cependant j'avoue

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