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dre ffent au pape.

Sleidan ut

fup. p. 372. Seq.

admettoit à ces emplois facrez des hommes

AN.1537. qui n'avoient ni mœurs ni capacité, & quelquefois étoient trop jeunes, d'où naiffoient une infinité de scandales, le mépris de tout l'ordre ecclefiaftique le peu de refpect qu'on avoit pour le culte de Dieu, qui non-feulement étoit diminué, mais prefque éteint. Ils ajoûtent que pour reprimer cet abus, il feroit propos que le pape nommât dans la ville XXII. de Rome quelques prélats fçavans & trèsréglez, qui examinaffent foigneufement ceux qui fe préfentent aux faints ordres ; qu'il choix des commandât aux évêques de faire la même miniftres, chofe dans leurs diocèfes, qu'aucun ne fût ordonné que par fon propre évêque ou avec fa permiffion, & qu'il y eût dans chaque églife, un maître pour inftruire les jeunes clercs dans les lettres & dans les bonnes

Premier

abus touchant le

XXIII.

des colla

tions des benefices &

mœurs.

Le fecond abus regardoit la collation des 2.83 Abus benefices & dignitez ecclefiaftiques, principalement de celles où l'on eft chargé du foin des ames, comme évêchez ou cures. Les dédespenfions putez remontrent au pape qu'on n'y avoit égard qu'au folide établiffement du beneficier, fans fe mettre en peine du troupeau de Jefus-Chrift & de fon église. Quand on donne de tels benefices, ajoûtent-ils, on doit faire enforte que ce foit à des gens de bien & fçavans capables de remplir dignement leur devoir; on ne doit pas pourvoir un Italien d'un benefice en Espagne ou en France, ni établir les Espagnols ou les François en Italie; & dans les refignations, on doit obferver la même régle, pour éviter toutes les tromperies qui s'y gliffent, en refignant fon benefice à un autre avec penfion, & se reservant quelquefois le revenu entier.Le troifiéme abus

oncernoit les penfions: on ne doit les accorder qu'aux pauvres, difent les députez, & AN.1537, feulement pour en faire un faint ufage, parce que les fruits font annexez au benefice, & ne peuvent en être féparez non plus que le corps de l'ame, enforte que celui qui en joüit, doit en retirer fon entretien honnête em-> ploïant le furplus en ufages pieux & au foulagement des pauvres.

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XXIV.

4 5

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Le quatriéme abus repris par les commiffaires dénommez, étoit au fujet des permuta- abus des tions de benefices. Ils fe plaignent avec rai- permutafon, qu'on n'y regardoit que le profit & le tiors,condmoyen de fe procurer plus de revenu. Ce- Jutorerie & difpenfe, pendant, continuent-ils, quoiqu'il ne foit jamais permis de donner un benefice par teftament, les hommes ingenieux fur l'interêt, ont trouvé le moyen de frauder la loi, en fe démettant de leurs benefices, de telle forte qu'ils peuvent y rentrer en jouiffant de l'ufufruit dans fon entier, & de fon administra-` tion; delà vient que celui qui n'a ni droit, ni puiffance fur un évêché porte le nom d'évêque, & celui-là au contraire qui réellement, eft evêque, n'en porte pas le nom. Ainfi le. cinquième abus concernoit les regrez & les coadjutoreries, par le moyen defquelles un homme donne fon benefice à un autre fans, en être dépouillé. Comment peut-on appeller cette conduite, difent les députez, fi-non un artifice par lequel on fe fubftitue un héritier illegitime, & qui ne fert que de couverture à la cupidité & à l'injuftice? Et le mal eft ajoûtent-ils, que les évêques demandent & prennent des coadjuteurs moins propres aux fonctions qu'ils ne font eux-mêmes. Le pape Clement, continuent-ils, avoit remis en vigueur la loi qui défendoit aux enfans des

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prêtres de fucceder aux benefices de leurs pe AN.1537. res; mais aujourd'hui on en difpenfe aifémen: au grand scandale des fidéles: ce qui fait les biens ecclefiaftiques font appliquez à des que ufages particuliers; & c'eft le fixiéme abus que ces députez reprennent, & qu'on avoit, difent-ils, efperé envain de voir corrige.

XXV.

78. &9.

Abus des
graces ex-
pectatives,
des refer-

ves, & dif-
penfes,

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Le feptiéme confiftoit dans les graces expectatives & les referves des benefices. Ces fortes de conceffions, difent-ils, font cause qu'on fouhaite la mort de ceux qui joüiffent des benefices, & empêchent qu'on ne les donne aux plus dignes dans le temps de la vacance; ce qui occafionne alors un grand nombre de procès. Pour y remedier il faudroit entierement abolir ces referves. Mais que dirons-nous, ajoûtent-ils, de ces benefices, qu'on appelle communement incompatibles, c'est-à-dire, dont la même perfonne ne peur jouir, & qui par conféquent ne doivent jamais fe conferer ensemble à un feul? cette ancienne discipline n'eft plus en vigueur, & l'on voit aujourd'hui à la honte de la religion & des anciens canons, un feul homme poffe der plufieurs évêchez; & c'est un huitiéme abus qu'il faudroit corriger, difent les dépu tez, auffi-bien qu'un neuviéme lorfque les évêchez font conferez aux cardinaux, & même plufieurs à un feul, quoique les fonctions de cardinal & d'évêque foient incompatibles car les cardinaux, difent-ils, font établis pour être avec vous, très-faint pere, & pour vous affifter dans le gouvernement de l'église ; la charge des évêques eft de paître le troupeau qui eft confié à leurs foins, les pasteurs doivent être toûjours avec leurs brebis, ce devoir devient impoffible fi ces pafteurs ne rédent point. Il faudroit donc, continuent

*

is, qu'on ne donnât point le cardinalat à des évêques, ou que ceux-ci étant cardinaux ne fuffent point obligez de quitter leur diocefe pour venir à la cour de Rome : car tant que le faint fiege fouffrira cet abus pour luimême, comment pourra-t'il le réformer dans les autres ? Si l'on eft difpenfé de la refidence parce qu'on eft cardinal, comment perfuadera-t-on aux autres évêques que la refidence eft néceflaire & qu'ils doivent abfolument la garder? Fera-t-on croire que ces cardinaux ayent plus de droit de tranfgreffer la loi parce qu'ils font membres du facré college? Au contraire, n'en ont-ils pas encore moins puifque leur vie doit fervir de loi aux autres. Cetufage eft encore plus préjudiciable dans les déliberations qui fe font à Rome fur les affaires de l'églife: car les cardinaux briguent des évêchez auprès des rois & des princes ont ils dépendent dans la fuite, en forte qu'ils ne peuvent plus dire leur fentiment avec liberté, & que quand-ils le pourroient ou le voudroient, l'interêt eft capable de les aveugler.

AN.IS37.

desévêques

Le dixiéme abus regarde la réfidence prin- XXVI. cipalement des évêques. Y a-t'il fpectacle 10 &.. plus digne de compaffion,difent les députez, abus de la que de voir les églifes prefque partout aban- refidence données avec les troupeaux, qui font sous la dans leurs conduite des mercenaires? Pour y rémedier diocefes & ce n'eft pas affez de punir feverement ceux des cardiqui abandonnent ainfi les ames confiées à naux à feurs foins, & de proceder contre eux par des Rome, cenfures & des excommunications, il faudroit les priver du revenu de leurs benefices, fi ce n'eft que par grace on leur ait permis de s'abfenter pour quelque temps.Les anciens canons ne permettent pas à un évêque d'être

GY

AN.1537.

XXVII.

12. & 13.

abus de l'impunité

des mé

chans; & defordres

des cou

vens.

Pallav. ut fupra.

ou

abfent de fon diocefe pendant plus de trois
femaines; cependant, l'on voit plufieurs évê-
ques s'abfenter des années entieres ; & un
grand nombre de cardinaux abfens de Rome,
fans faire aucune fonction de leur dignité. On
ne nie pas qu'il ne foit quelquefois à propos
d'en retenir quelques-uns dans leur pays
dans les differens royaumes de la chretienté,
pour contenir les peuples & les princes dans
l'obéiffance au faint fiége; mais le meilleur
feroit qu'il y en eut un grand nombre à Ro-
me, & qu'on y fit revenir la plupart, afin
d'y faire leurs fonctions, & réparer par leur
prefence toutes les brêches qu'on fair à la cour

Romaine.

Le douziéme abus qu'on devroit encore reformer,continuent les prélats, confifte dans l'impunité à l'égard des méchans, en forte que ceux qui méritent d'être châtiés trouvent beaucoup de moyens pour se souftraire de la jurifdiction de leur évêque, & s'il ne les peuvent, ils ont recours au penitencier, duquel ils rachetent en argent la peine due à leurs crimes; ce que font particulierement les prêtres au grand scandale de la religion. C'eft pourquoi nous fupplions votre fainteté, ajoûtent-ils,par le fang de JESUS-CHRIST qui a racheté & fanctifié fon églife, de réprimer & d'abolir entierement une femblable licence, parce que nulle republique ne peut subsister long-temps fi les crimes ydemeurent impunis, à plus forte raifon l'églife. Un treiziéme abus regardoit les ordres religieux. C'eft avec douleur, difent les commiffaires, que nous a voüons qu'il y a beaucouq de defordres dans ces maifons & des defordres fi publics, qu'ils caufent un grand fcandale aux laïques. C'eft pourquoi, notre avis eft qu'on doit abolir les

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