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que rebutez de votre indifference, → nous ne vous abandonnions â notre » tour à l'orgueil & à la tyrannie des Patriciens.

Ces difcours que les Tribuns du peuple répetoient dans toutes les affemblées, réveillerent l'animofité & l'ambition des Plebeïens.Chacun s'exhortoit mutuellement à méprifer les prieres & les menaces des Grands. On commença tout de nouveau à parler du partage des terres, la fource perpetuelle des divifions entre le peuple & le Senat. D'autres propoferent de taxer au moins ceux qui poffedoient ces terres du public, & d'employer l'argent qui en proviendroit au foulagement du peuple, & à payer les troupes pendant la campagne. Ceux d'entre les Plebeïens qui étoient diftinguez ou par leurs richeffes, ou par la gloire qu'ils avoient acquife dans les armées réfolurent d'employer tout leur crédit pour s'élever au Tribunat militaire, & pour parvenir à l'autorité fouveraine qui étoit attachée à cette dignité. Le Senat pour diffiper cet orage qui s'élevoit contre fon

autorité, résolut dans cette occafion de n'élire que des Confuls: dignité dont les Plebeïens étoient exclus, comme nous l'avons déja dit. La guerre que les Eques & les Volfques déclarerent alors, favorifa ce projet. Comme il n'y avoit point de Plebeiens qui euffent encore commandé les Armées, & que cet emploi regardoit uniquement d'anciens Capitaines, & les premiers du Senat, il parut indifferent au peuple qu'on élût cette année des Confuls ou des Tribuns militaires. Ainfi le Senat étant demeuré maître de l'élection, on convint fans peine de rétablir le Confulat; & T. Quintius An de Rofils de Lucius, & C. Julius Mento, me 322. parvinrent à cette dignité. On ne pouvoit gueres mieux choifir du côté de la naiffance & de la capacité dans le métier de la guerre. Mais la jaloufie & la divifion s'étant mifes entre eux, on prétend qu'ils furent battus près d'Algide. Le Senat pour prévenir les fuites de leur défaite, réfolut qu'on auroit recours à un Dictateur. Mais les deux Confuls de qui dépendoit cette nomination confiderant que de fouverains Ma

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giftrats qu'ils étoient,ils alloient être réduits à la fimple qualité de Lieutenans du Dictateur; & que fous le nom de Confuls, ils n'auroient gueres plus d'autorité que le General de la Cavalerie; ces deux Magiftrats d'ailleurs oppofez l'un à l'autre en toute autre chofe, fe réunirent pour traverser une nomination qu'ils regardoient comme la ruine de leur autorité. Et quoiqu'il arrivât coup fur coup de facheufes nouvelles du progrès que faifoient les ennemis, on ne put jamais obtenir d'eux qu'ils nommaffent un Dictateur.

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Le Senat ne pouvant vaincre leur obftination, eut recours à un remede plus dangereux par fes fuites, que le mal même auquel on vouloit remedier. Q. Servilius Briscus personnage Confulaire, fe tournant vers les Tribuns du peuple qui fe trouverent dans le Senat, les exhorta à faire intervenir l'autorité du peuple dont ils étoient comme dépofitaires, pour obliger les Confuls à nommer un Dictateur. Ces Magiftrats Plebeïens faifirent avec plaifir l'occafion qu'on leur préfentoit d'élever leur propre autorité fur les rui

nes de celle du Senat & des Confuls. Ils firent même plus qu'on ne leur demandoit, comme en ufent ordinairement tous ceux qui veulent étendre leur puiffance au-delà de fes bornes legitimes. Et au lieu de porter cette affaire dans une Affemblée du peuple, ils oferent dans le Senat même ordonner que les deux Confuls feroient menez en prifon s'ils ne nommoient pas inceffamment un Dictateur. Ces deux Magiftrats plierent sous la crainte de la prifon : ils promirent de nommer un Dictateur. Mais ils fe plaignirent que le Senat même avoit avili la puiffance Confulaire en la foumettant fous le joug imperieux des Tribuns. Il eft certain que ce premier corps de la République piqué contre fes chefs, & uniquement attentif à vaincre leur opiniâtreté, ne fentit pas alors la playe qu'il venoit de faire à fon autorité. Enfin après beaucoup de difputes entre les deux Confuls pour le choix d'un Dictateur, ils en remirent la décision au fort, qui fut favorable à T. Quintius: celui-ci nomma Tubertus fon beau-pere.

Le Dictateur fit auffi-tôt enrôler tous ceux qui devoient fervir, fans vouloir écouter ni plaintes ni excufes. C'étoit un ancien Capitaine plein de valeur & d'experience, naturellement fevere, & même dur dans le commandement. Le pouvoir de vie & de mort que lui donnoit la Dictature, & la connoiffance defonhumeur fevere,firent que tout le monde courut avec foumiffion fe ranger fous fes enfeignes. Il fortit bien-tôt de Rome, marcha aux en Died. 1. 12. nemis, les défit dans une bataille fanglante, prit leur camp, & ramena fon Armée victorieufe à Rome. La République jouit pendant quelque tems d'une paix profonde. Mais, un mal plus dangereux que la guerre fe fit fentir dans Rome & prefque dans toute l'Italie. Une fechereffe extraordinaire caufa la famine qui An de Ro- fut fuivie d'une pefte affreuse sur les me 325. animaux comme fur les hommes. Les Romains naturellement fuperftitieux, après avoir épuifé tous les remedes de la medecine, eurent recours à des fecours furnaturels. On introduifit dans la ville un culte étranger; les Temples & même les

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