40. années auparavant des monceaux de nege tombant An. 1163. du haut des montagnes , & entraînant de la terre & des pierres avoient accablé plusieurs Chartreux terent se relâcherent de l'observance après la mort Après l'avoir gouvernée douze ans, il fit mettre à la place Basile qui en fut le huitiéme prieur , & Sup. 1. LXVII. n. rentra dans le silence de la cellule. Mais quelque tems après Bernard prieur des Portes le demanda pas ensuite d'augmenter les revenus du monaftere en défrichant des bois. En ce tems-là c'est-à-dire vers l'an 1158. Gui Comte de Forés aïant surpris la ville de Lion la pilla , & fit prétendant que l'église avoit usurpé sur sa famille 31. raclius & les principaux de son clergé, se refugie-rent à la Chartreuse des Portes , où le pricur An- An. 1163. thelme les reçût à bras ouverts & les défraïa liberalement, tant que dura cette tempête. Mais à peine avoit-il gouverné deux ans cette maison, qu'il c. 1s. se retira encore & retourna à sa cellule de la grande Chartreuse. Il avoit un zele particulier pour sup. n. 53; l'unité de l'église ; & ce fut principalement lui & un autre Chartreux nommé Geofroi , qui par leur autorité & leurs soins déterminerent tout l'ordre à embrasser le parti d'Alexandre III. & à rejetter l'antipape Octavien. Tel étoit donc Anthelme quand il fut élû évêque de Bellai ; & il remplit dignement ce siége pendant quinze ans. LIVRE SOIXANTE-ONZIEME. P. I. Commencement 1, 6. 17. E u de tems après que Thomas archevêque de Cantorberi fut revenu du concile de Tours, de division entre le roi d'Angleterre Henri II. commença à se re- le R. Henri & S. froidir à son égard , & à concevoir pour lui cette Vita quadrip.lib. aversion , qui vint enfin aux dernieres extrêmitez. On en marque pour premiere cause , que Thomas ne se trouvant que trop chargé de sa dignité d'archevêque & de primat d'Angleterre , renvoya les scaux au roi qui étoit en Normandie , le priant de pourvoir à la charge de chancelier. Lerois’en tint Rad. de Dicet. på offensé., sachant que l'archevêque de Maïence 71. 60. étoit chancelier de l'empereur en Allemagne, & l'archevêque de Cologne en Italie : ce qui lui fai 1163. soit conclure que ces dignitez n'étoient point in- chancellerie d'Angleterre que par aversion person- fion füt le differend pour la jurisdiction ecclesiasti- fut renvoie à l'évêque de Sarisberi son diocesain, Le roi n'en fut pas content ; & aïant assemblé 8. 28. de voir 2. 19. de voir les évêques tous d'accord contre lui , leur An. 1163. demanda s'ils vouloient observer les coûtumes de son roïaume : ajoûtant , que puisqu'elles avoient été gardées par. tous les prélats du tems de son aïeul , il seroit triste qu'elles fussent condamnées de son tems. L'archevêque aïant pris l'avis de ses confreres répondit ; qu'ils observeroient ces coûtu. mes , sauf leur ordre : c'est-à-dire sauf les droits de de l'épiscopat : & Hilaire évêque de Chichestre voïant le roi plus aigri de cette réponse, die de son chef, qu'il observeroit les coûtumes roïales de bonne foi. Mais le roi sans s'adoucir le traitta avec mépris ; & se tournant vers l'archevêque & les autres prélats , il dit , qu'ils avoient conjuré contre lui , & qu'il y avoit du venin dans cette clause captieuse. Sauf nôtre ordre:c'est pourquoi il vouloit qu'ils promissent simplement & sans restriction d'observer les coûtumes roïales. L'archevêque répondit : Quand nous vous avons juré fidelite , nous avons promis de vous conserver la vie , les membres & vôtre dignité temporelle , sauf nôtre ordre : Or ces coûtumes sont comprises dans votre dignité. Ainsi nous ne nous obligeons point à les garder en une autre forme que nous ne l'avons déja promis. Comle jour baiffoir , le roi fatigué, sortit de la fale en colere sans saluer les prélats, qui se retirerent de leur côté ; & en s'en allant l'archevêque fit de grands reproches à l'évêque de Chichestre, d'avoir changé de son propre mouvement la clause dont ils étoient tous convenus. Le lendemain le roi rctira des mains de l'archevêque, les places & les ficfs Tome XV. X AN. 1163. qu'il avoit en garde comme chancelier ; & fortit Peu de tems après Arnoul évêque de Lisieux pas la force de lui resister. Ils promirent donc à l'insceu de l'archevêque d'obéir à la volonté du roi ; & il en demeura peu avec ce prélat , encore la crainte les obligeoit à se cacher. Le roi de son côté s'efforçoit de gagner l'archevêque par promesses & par caresses : plusieurs des grands s'entremettoient pour les reconcilier , & representoient au prélat les obligations qu'il avoit au roi, les maux que produiroit leur division , & l'imprudence qu'il y avoit de tour perdre pour un petit mot : car il ne s'agissoit que de cette claufe: Sauf nôtre ordre. Labbé de l'Aumône entre autres le pressoit, disant avoir charge du pape de le faire consentir au desir du roi ; & que ce prince avoit assuré par serment qu'il ne vouloit que sauver son honeur devant les grands , par quelque apparence de consentement du prélat. Enfin Thomas alla trouver le roi à Oxford , & lui promit de changer ce mot qui le choquoit. Le roi parût fort adouci; mais il vouloit qu'on lui promit l'observa 3 |