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billon, Le Comte, & Vifdelou, *Jefuites, depuis le port de Ning-po jufqu'à Peking, avec une defcription circonftanciée de tous les lieux par où ils pafferent. C'eft le journal de leur voyage écrit par eux-mêmes, lequel eft fuivi d'une route particuliere du P. Fontanay, écrite auffi par lui-même, & d'une autre route du P, Bouvet, depuis Peking jusqu'à Canton, lorfqu'il fut envoyé par l'Empereur Cang-hi en Europe en l'année 1693. Il faut avouer que ces Journaux ne font pas fort amufans, non plus que la Route par terre depuis Siam jufqu'à la Chine, tirée des mémoires de quelques Chinois qui ont fait ce chemin. Mais tout cela n'eft placé ici,que pour faire connoître le pays en détail, & en faveur de la Géographie.

Suit la Description des quinze Provinces de la Chine. Il eft d'abord à remarquer, qu'il n'y a que fort peu de différence entre la plupart des villes de la Chine. Elles font prefque toutes de figure quarrée, ceintes de hautesmu

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* Il eft aujourd'hui Evêque de Claudiopolis, & il demeure à Pondichery. Le Pere Fouquet, autre Jefuite, eft Evêque d'Eleutheropolis.

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railles,avec des tours quarrées d'efpace en espace, & des foffés fecs ou pleins d'eau. On y voit des Arcs de triomphe dans les rues, des Temples affez beaux, des monumens en l'honneur de ceux qui ont rendu quelque fervice important à l'Etat, & des édifices pu blics, plus remarquables par leur val te étendue, que par leur magnificen ce. Elles ont des Places allez grandes & de longues rues, les unes larges, les autres affez étroites, bordées de maifons à rez-de chauffée, ou d'un seul étage. Devant chaque boutique eft un piedeftal, fur lequel eft pofée une planche haute de fept à huit pieds, peinte ou dorée, où eft l'En eigne da Marchand, & la lifte de quelques marchandifes qu'il a, avec fon nom aut bas, & ces mots : Pou-bou, c'est-à dire, Il ne vous trompera point. Un double rang de pilaftres,placés à égale diftane ce devant les maifons, forme une perfpective très-agréable: c'eft même en cela feul que confifte toute la beau té des Villes de la Chine, dont les mai fons font extrêmement baffes.

Il m'eft impoffible de fuivre ici l'Auteur dans la defcription de toutes les Provinces & de toutes les Villes

du premier, du fecond & du troifiéme ordre, qui font en très-grand nombre dans ce vafte Empire, & qui font toutes prodigieufement peuplées. Je vous invite fur-tout à lire la def. cription de Peking & de Nanking. Quoique la premiere, fituée au Nord, foit aujourd'hui la Capitale de la Chine, & la Ville Imperiale, & qu'elle foit fort grande & fort peuplée, elle a cependant moins de circuit & d'habitans, que la Ville de Nanking, fi tuée au Midi, qui étoit autrefois la premiere Ville de l'Empire, & celle où l'Empereur faifoit fa réfidence.

Dans les Cartes particulieres, il n'y a que les pofitions des Villes, diftinguées felon leur ordre différent, Celles du premier ordre font en lettres capitales, & s'appellent Fou: celles du fecond ordre font en lettres Romaines, & fe nomment Theou: celles du troifiéme font en lettres italiques, & s'appellent Hien. Les bourgades font marquées par des petits ; les forts & les places d'armes, par de petits quarrés. On n'a point marqué les noms de ces bourgades, à caufe du trop grand nombre qui auroit fait de la confufion.

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La deuxième partie de ce premier Volume contient les Faftes de la Monarchie Chinoife, c'est-à-dire, l'Hiftoire abrégée & chronologique de ce qui s'eft paffé de plus remarquable fous chaque Empereur. La Chine étoit autrefois partagée en plufieurs Principautés, & gouvernée par différens Souverains qui portoient le nom de Rois. Toutes ces Souverainetés particulieres n'étoient poffedées que par des Princes fils, freres, ou neveux des Empereurs dont elles dépendoient, On éleva dans la fuite à ce rang des perfonnes de mérite, qui n'étoient point du fang Imperial: ce qui fut la fource de plufieurs divifions dans l'Empire, & donna lieu d'abolir toutes ces Souverainetés.

Ce n'eft que depuis Yao, comme je l'ai dit, qui commença à regner 2357 ans avant Jefus-Chrift, que la Chronologie de l'Empire fe trouve parfaitement bien conduite. Le nom des Empereurs, la durée de leur regne, les divifions, les révolutions, les interregnes, tout eft marqué exactement dans l'Hiftoire depuis Tao, fans aucun mélange de fables. « Cette Chronologie, dit l'Auteur, eft

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» bien établie parmi tous les fçavans "Hiftoriens de la Chine, que fi quel» qu'un s'avifoit de rapprocher davan» tage de nos tems l'origine de leur Empire, il feroit regardé comme » l'inventeur d'une doctrine erronée, » & expofée à de grandes peines. 1o. Cette Chronologie eft fuivie & circonftanciée. 2°. Le merveilleux en eft banni, ainfi elle n'a point l'air de fable, comme celle des Grecs & des Romains. 3°. Elle eft appuyée fur plufieurs obfervations d'éclypfes qu'elle marque, & qui fe trouvent très-conformes au calcul aftronomique des plus fçavans Aftronomes de ces der niers tems. Telle eft la célébre Eclyp-. fe arrivée fous l'Empereur Tehon-kang, qui regnoit plus de deux mille ans avant Jefus-Chrift. 4°. Toutes les parties de l'Hiftoire Chinoife ont été écri tes par des Auteurs contemporains. 5° Confucius, homme refpectable par fa probité & fes lumiéres, n'a jamais révoqué en doute cette Chronologie; & il l'a toujours fuppofé véritable. Il en eft de même de Mencius, le plus céTébre des Prophétes Chinois, après Confucius, & qui vivoit environ quatre cens ans avant l'Ere Chrétienne. 6°.

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