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gent à la populace pour l'exciter à pren dre les armes; ils ouvrirent les prifons pour groffir leurs troupes par un grand nombre de bandits & de fcelerats.

Au milieu de ce grand tumulte le Prince de Montefarchio âgé de 80. ans, aimé & refpecté de tous les Napolitains, le Duc de Popoli General de l'Artillerie fuivis d'un grand nombre de la principale Nobleffe fe rangerent auprès du Viceroi avec quelques troupes de cavalerie & d'infanterie pour attaquer les Rebelles, qui s'étoient retranchez en differentes rues. Ils furent forcez dans tous leurs poftes & leurs retranchemens qu'ils abandonnerent les uns après les autres. On fe faifit de Dom Carlos de Sangro, & du fieur de Chaffinet chargé des inftructions de l'Empereur & de fes papiers, où l'on trouva les noms des principaux Conjurez. On fit prifonniers plus de cent Rebelles qui furent conduits au Château-neuf. Dom Jofeph Cappece l'un des principaux Chefs fut tué en fe fauvant; fatête fut expofée en public. Ce grand tumulte & cette dangereufe confpiration fut appaifée par la fuite ou la mort des principaux Rebelles.

L'Empereur ayant appris le mauvais fuccès de cette conjuration tramée en faveur de l'Archiduc fon fils, & que plufieurs des Chefs avoient été pris & mis en

prifon, fit arrêter par une espece de réprefailles, ou du moins pour s'en prévaloir dans l'occafion, le Duc de Moles. Il avoit été envoyé à la Cour de Vienne en qualité d'Ambaffadeur par le feu Roi Charles II. mais depuis la guerre il avoit eu ordre de retourner en Espagne ; il étoit en effet à deux lieues de Vienne depuis quinze jours. Le Comte Martiniz l'arrêta de la part de l'Empereur. Ce traitement parut aux perfonnes défintereffées comme un violement du droit des gens.

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Les Hol

landois &

fe

liguent

avec l'Empereur.

En même tems l'Empereur conclut un Traité avec l'Angleterre & la Hollande les Anglois pour foûtenir les prétentions qu'il avoit fur la fucceffion d'Efpagne. Il étoit établi dans ce Traité qu'ils tâcheroient de fe rendre maîtres des Païs-Bas Efpagnols afin qu'ils puffent fervir de barrieres pour la feureté des Etats Generauk. On propofoit par ce Traité de conquerir l'Etat de Milan, comme fief de l'Empire, les Royaumes de Naples & de Sicile, les Ifles & les Places de la côte de Tofcane pour l'utilité du commerce des Anglois & des Hollandois. Le point principal de ce Traité étoit d'empêcher que les Couronnes de France & d'Efpagne ne fuffent jamais réunies fur la tête du même Prince, & fur tout que les François ne fe rendiffent point les maîtres des Indes foûmifes à la domination

d'Espagne. Ce Traité fut figné lé septième jour de Septembre.

Le Roi d'Efpagne choifit le Marquis de Caftel Rodrigo pour aller à Turin en qualité de fon Ambaffadeur extraordinaire demander au Duc de Savoye en mariage fa feconde fille, foeur cadette de Madame la Ducheffe de Bourgogne: incontinent après que les articles du Contrat eurent été fignez, le Duc de Savoye partit pour aller dans le Milanez commander l'armée des deux Couronnes.

Madame Royale, Madame la Ducheffe Royale avec toute la Cour accompagnerent la jeune Princesse jufqu'au pied de la Montagne qui fépare le Piedmont du Comté de Nice, où la jeune Princesse devoit s'embarquer pour aller à Barcelonne fur les Galleres qui l'attendoient. La maifon de la Reine partit en même tems de Madrid pour lui aller au devant ; elle étoit compofée du Comte de Montellano premier Majordome, du Marquis Dagnabefe premier Ecuyer, du Marquis de la Rofa fecond Majordome, de Dom Carlos de Borgia Aumônier, de quatre Dames de la Reine, de deux Menines, de trois Dames d'honneur, fans parler des Officiers fubalternes.

Le Roi d'Espagne partit auffi en même tems. Ayant remarqué fur fa route la mi

la moitié

étoient

fere où la ftérilité des années précédentes avoit réduit fes peuples, touché de leur état, il leur remit la moitié des droits qu'ils Philippe devoient payer. Cette compaffion chari- V. remet table & fi bien placée lui attira mille bé- des droits nédictions. Pendant le féjour que la jeune qui lui Reine d'Espagne fit à Marseille, on fit une ûs. illumination fur les Galeres du Roi de France, qui avoient chacune plus de deux mille lumieres, le port & les environs paroiffoient tout en feu. La Reine & fes Dames partirent en litieres, pour faire le refte du voyage par terre jufqu'à Barcelonne.

Le Marquis deQuintana alla au devant de la Princeffe, pour la complimenter de la part du Roi fon Epoux. Ce Prince montaà cheval avec tous les Seigneurs de la Cour pour aller ufqu'à Junquera, à deux lieues de Barcelonne, & fans fe faire connoître,il accompagna le caroffe de la Reine avec cette illuftre Nobleffe jufqu'à Figueras, où il la reçut à la defcente du caroffe avec des démonstrations de tendreffe & de joye, qu'il eft plus aifé d'imaginer que de bien décrire.

Après que le Secretaire des Dépêches univerfelles eut fait la lecture du Contrat de mariage, le Patriarche des Indes revêtu de fes habits Pontificaux leur donna la bénédiction nuptiale. Leurs Majestez partirent le lendemain de Figueras pour venir

& fes fuiYes.

à Barcelorme, où la Reine parut vêtuë

l'Espagnolle.

1701. Le Prince Eugene General de l'armée Imperiale, ne pouvant tenir la campagne pendant l'hyver, ufoit de rufes & de ftratagêmes pour avancer les affaires de fon party. Il trouva le moyen à la faveur de quelques fecrettes intelligences qu'il avoit pratiquées avec beaucoup de fineffe & de Affaire de myftere, d'introduire dans la ville de CreCremone mone par un aqueduc fix cens hommes pendant la nuit. Ils ouvrirent la porte de la Ville, où ils firent entrer fix ou fept mille hommes qui fe mirent en bataille dans la grande place & les principales avenuës. Le Marechal de Villeroi fut pris d'abord & emmené hors la Ville. Dans cette furprife & ce tumulte les troupes Françoifes fe rallierent fur les remparts, le Comte de Revel fit attaquer les ennemis dès que le jour parut, ils furent chaffez de tous les poftes qu'ils avoient occupé, & contraints de fortir de la Ville après onze heures de combat & de carnage. La valeur du Comte de Revel & des autres Officiers, la prudence du Comte de Praflin fauva la Ville: car ayant apperçu un corps de huit mille hommes de l'autre côté du Po, il fit promptement rompre le pont pour les empêcher de paffer. Le Marquis de Crenan fut bleffe dangereufement & fait prifon

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