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Après J.C.

conde Dynastie de Huns fous le nom de Tchao, fut fait en cette occafion Gouverneur de la Province de Pim-tcheou L'an 310. dans le Chansi (a).

Licou

Kam-mo.

Une Populace nombreuse qui montoit environ à cin- tung. quante mille hommes venoit de fe revolter contre les Tcin après un combat qu'elle leur avoit livré elle s'étoit jettée dans le parti des Han, & ceux-ci avec ces nouvelles troupes faifoient des courfes jufqu'aux portes de Loyam. Les Tein étoient liés alors avec les Tartares Topa; ils avoient donné à leur Prince nommé You-liu le titre de Kum (b) de Tai (c), & enfuite celui de Grand Tanjou. Mais ces liaisons entre les deux Princes n'empêchoient pas que les Han ne continuaffent de ravager l'Empire des Tcin. Les défordres qu'ils faifoient & les grands avantages qu'ils avoient remportés. fur l'armée Impériale, avoient tellement affoibli cet Empire qu'il fembloit ne pouvoir pas fubfifter long-tems. Une partie des Provinces de la Chine étoit foumife aux Han & aux Tartares Topa; les Peuples fatigués depuis long-tems par les guerres civiles, défertoient de tous côtés & paffoient dans des Provinces plus éloignées. L'Empereur des Tein appellé Hiao-hoai-ti étoit dans la fituation la plus malheureufe que puiffe éprouver un Souverain; il manquoit de vivres dans fa Capitale; la mifére qui augmentoit tous les jours l'obligeoit d'implorer l'affiftance de fes Sujets d'une maniere peu convenable à fa dignité. Il leur fit repréfenter, par les perfonnes qu'il leur envoya exprès, la néceffité de le fecourir promptement, fi l'on vouloit conferver l'Empire. Quelques troupes qui fe mirent en marche eurent le malheur de tomber entre les mains des rebelles qui les taillerent en piéces. Tout étant en quelque façon défefperé, on propofa dans le Confeil d'abandonner la Capitale & de fe retirer ailleurs; mais plufieurs Miniftres s'oppoferent à ce deffein. Le Général Yue voyant que les Huns devenoient toujours plus puif

(a) Dans le pays & les environs de Tayuen-fou.

(b) Comme qui diroit Duc.

(c) Canton vers Ta-tum-fou dans le Chang,

fants voulut aller attaquer Che-le qui ravageoit les enviAprès J C. rons de Siam-yam dans le Houkouam (a). L'Empereur L'an 310. Licouaccablé fous le poids de tant de difgraces dont il fe retrung. gardoit comme l'auteur, ne fçavoit quel parti il devoit prendre. Yue lui fit entrevoir quelque efpérance dans l'expédition qu'il alloit entreprendre. Yue comptoit battre les Ennemis, & par-là rendre à l'Empire fon ancienne fplendeur. Il vint camper à Hiang dans le Honan, (b) & fi le fuccès ne répondit point à fon attente, il ne laiffa pas d'inquieter confidérablement par cette démarche le Roi des Han qui fit tomber toute fa colere fur fon frere Kum, & le condamna à mort.

Il y eut enfuite quelques divifions dans cette Cour. La Reine femme du feu Roi Lieou-yuen étoit jeune & belle, Lieou - tçung qui ne refpecta point en elle la veuve de fon pere, en étoit devenu amoureux, & elle avoit répondu à fa paffion. Y fils de cette Princeffe & frere de Lieou-tçung ne put s'empêcher de blâmer la conduite de fa mere, & de lui en faire à elle-même des reproches fi vifs que la honte & le désespoir la firent mourir; cet accident fut caufe que Y perdit beaucoup du crédit qu'il avoit auprès du Roi fon frere, & qu'on chercha à l'éloigner du Thrône, auquel jufqu'alors il avoit été destiné. Les confeils de la Reine Hou-yen-heou ne contribue rent pas peu à fa disgrace. Elle représentoit continuellement à Lieou-tçung que l'ufage étant de tout tems qu'un fils fuccedât à fon pere, elle ne voyoit point quelle raison pouvoit l'engager à s'écarter de cette regle ordinaire & univerfelle pour laiffer l'Empire à fon frere. Lieou-tçung entraîné par les follicitations de cette Princeffe, réfolut de nommer fon fils Licou-tçan, qui avoit le titre de Roi de Ho-noui pour être fon Succeffeur. On voulut engager à s'oppofer à ce deffein du Roi Lieou-tçung; mais éloignant de lui tous les mauvais confeils, il refta dans le devoir & parut ne faire aucune attention aux menées de la Reine ni à la réfolution que le Roi avoit prife.

(a) Aujourd'hui Siam-yam-fou.

(b)) Dépendante de Kai-fong-fou.

Y

Kam-mo.

Pendant que la Cour étoit ainfi agitée, les Généraux Après J. C. des Han ne laifferent pas de continuer leurs incursions L'an 311. dans le pays des Tcin. Ils pillerent une partie de la Pro- Licoutçung vince de Tcing-tcheou dans le Chantong (a) & obligerent l'armée Impériale prendre la fuite; en même-tems Che-le entreprit de leur enlever Kiang-han, & l'eût fait, fi la maladie qui fe mit dans fon camp, & qui fit périr une grande partie de ses troupes, ne l'en eût empêché. Mais il ne laissa pas d'aller piller Kiang-hia dans le Houkouam (6).

Toutes ces conquêtes des Han avoient porté l'alarme jufque dans Lo-yam, & les Officiers qui voyoient le danger preffant où cette Capitale alloit fe trouver, perfiftoient toujours à foutenir que l'Empereur transportât ailleurs fa Cour. Quelques-uns étoient d'un avis contraire, & cette défunion qui regnoit dans le Confeil, faifoit naître des divifions & des troubles qui augmentoient le mal. On prenoit fouvent les armes les uns contre les autres, & Lo-yam voyoit dans fon enceinte deux partis, qui en fe détruifant, achevoient de ruiner l'Empire. Yue l'un des Principaux Officiers de la Cour, & dont le trop grand pouvoir étoit devenu fufpect à l'Empereur eut du deffous dans une de ces occafions & fut tué. On fentit alors la perte que l'on venoit de faire, & on en donna des marques publiques en comblant de vains titres cet Officier, dont on fouhaitoit auparavant la mort. Che-le Général des Han informé qu'un grand corps de troupes accompagnoit le Convoi funébre de Yue, fe mit à la tête de fa Cavalerie & joignit les Tcin à Kou-hien dans le Honan (c) : il les inveftit de toutes parts & de cent_mille hommes qu'il y avoit il n'en put échapper aucun. On maffacra de fang-froid les prifonniers pendant la nuit, on rompit le cercueil de Yue & on brûla fon corps: on le regardoit comme l'auteur de tous les troubles. Après une fi grande perte Keou-hi confeilla Kam-mo. à l'Empereur de tranfporter fa Cour dans une autre ville. Tein chou. Lo-yam étoit livrée à la plus cruelle famine, fes habitans

(a) Dans le pays de Tcing-tcheou-fou

& dans les environs.

(b) Proche You-tchang-fou.

(c) A foixante-dix li à l'Orient de Loye-hien dans le territoire de Kai-fongfou.

Après J. C.

L'an 311.
Licou-

tgung.

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étoient réduits à fe manger les uns & les autres & tous les Officiers s'étoient retirés. Ce fut alors que l'on vit un Empereur de la Chine, autrefois le plus puiffant Monarque de l'Orient, fans aucune efpérance de fecours, manquant de vivres, de provifions & de chariots contraint de fuir à pied & d'abandonner fa Capitale aux barbares. Ce Prince n'alla pas loin; il fut arrêté par des Brigands qui l'obligerent à rentrer dans Lo-yam. En même tems le Roi des Han envoya le Général Hou-yen-gan à la tête de vingt-fept mille hommes qui fe répandirent dans les environs de cette Ville. Ce qui reftoit de troupes Impériales fut défait en plufieurs occafions. Hou-yengan fe présenta à la porte appellée Pim - tcham, & brûla quelques bâtimens publics; il fut joint enfuite par les Généraux Vam-mi, Lieou-yao & Che-le. Vam-mi & Houyen-gan fe rendirent maîtres de la porte Siuen-yam, & pénétrerent jufques dans le Palais de l'Empereur où ils firent un grand butin. L'Empereur voulut fe fauver & gagner Si-gan-fou; mais les Han l'ayant poursuivi le firent prifonnier. Lieou-yao entra dans la Ville par la porte Simin, tua Tciuen qui avoit été déclaré Prince héritier avec environ trente mille hommes: il mit le feu par tout, prit l'Impératrice & les Sceaux de l'Empire, après quoi il fit conduire l'Empereur Hiao-hoai-ti à Pim-yam, où dépouillé du titre d'Empereur on le réduifit à celui de Kum; alors Che-le avec fes troupes alla camper à Hiu-tchang.

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La prise de Lo-yam avoit occafionné quelques difputes entre les deux Généraux, Lieou-yao & Vam-mi. Le mier étoit entré, fans attendre le fecond, dans cette Capitale de l'Empire. Vam-mi en conçut du reffentiment; mais il fçut le diffimuler : n'envisageant alors que l'intérêt & la gloire du Roi des Han, il repréfenta à Lieou-yao que Lo-yam étant au centre de la Chine, & dans une Place plus fortifiée encore par la nature que par l'art, Lieoutçung ne pouvoit choifir une Ville plus convenable à l'état de fes affaires pour en faire fa Capitale. Lieou-yao qui ne fut point de cet avis mit le feu de tous côtés, & réduifit en cendres cette belle Ville.

Le

311.

Kam-mo.

Les Officiers du parti des Tcin étoient alors occupés à se nommer un Chef ; ils jetterent les yeux fur Yuen-hi-tuon; L'an 11. Après J. C. mais ils nelui donnerent que le titre de Prince héritier,parce Licouque l'Empereur étoit encore vivant. Tuon étoit frere de tçung. Tciuen qui avoit été tué dans Lo-yam. Il fe retira avec Lie tai-kifon armée à Mum-tching, ville du diftrict de Fung-yam- u. fou dans la Province de Kiangnan & abandonna tout le Nord de la Chine aux Huns. Mou Roi de Nan-yam qui étoit attaché au parti des Tcin voulut faire quelques tentatives en leur faveur, & chargea un de fes Officiers nommé Jen, d'aller fe faifir d'une place voisine. Jen loin d'exécuter les ordres de fon Général fe rendit aux Han qui joignirent leurs troupes aux fiennes & l'envoyerent affiéger Mou lui-même qui étoit alors dans Si-gan-fou. Jen remporta d'abord quelques avantages; enfuite Lieou-tçan fils du Roi des Han s'approcha de cette place & en forma le fiége. Mou dont les magazins étoient épuifés & que fes troupes abandonoient tous les jours, prit le parti de se foumettre à des conditions que Lieou-tçan accepta, mais qu'il viola auffi-tôt qu'il fut maître de la Ville & fit mourir Mou. Il s'excufa auprès de Lieou - tçung fur ce Kam moi que Mou étant le plus grand apui des Tcin, il étoit très- Tein-chou. dangereux de lui laisser la vie ce motif ne toucha point le Roi qui regretta toujours qu'on eût fait périr un homme qui s'étoit foumis de bonne foi; le Ciel toujours juste & fublime, répondit-il, peut rendre la pareille aux Han.

Après cette grande expédition, le Roi de Han difpofa en faveur de fes Officiers de quelques charges & dignités; Lieou-yao fut fait Roi de Tchong-chan, & on lui confia la garde de Si-gan-fou. Vam-mi fut fait Kum de Tci dans le pays de Tchin-ting-fou dans le Petcheli.

La conduite que tenoient les principaux Officiers de Kam-mo. l'Empereur des Tcin qui s'étoient retirés à Fong-yam-fou, ne tendoit point au rétablissement de leurs affaires. La divifion regnoit toujours parmi eux un des premiers nommé Keou-hi, indifpofoit contre lui tout le monde par fon orgueil & fa cruauté: on lui avoit fait quelques remontrances à ce sujet ; mais ceux qui avoient osé lui Tome I.

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