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1543.

de foutenir la profpérité fans pré-
fomption & fans enflure, ne pro→
mit pas moins à fes troupes que
de les mener jufqu'à Paris; il ne
les mena pourtant que jufqu'à Lan-
dreci qu'il vouloit abfolument ré-
duire, & il abandonna le Luxem→
bourg au vainqueur, du moins il
n'y laiffa qu'un corps de troupes
avec lequel Guillaume de Furftem-
berg affiégea Luxembourg même,
qu'il vint à bout d'affamer, mais
le Prince de Melphe, chargé de
veiller à la sûreté de ce pays, dé-
livra Luxembourg au bout de quel-
ques mois de fiége.

Ce Comte Guillaume de Furftem-
berg diftingué

,

comme autrefois Fronfberg, par fa taille, fa force & fon adreffe, étoit retourné du fervice de la France à celui de l'Empereur. La Reine de Navarre (nouvelle 17.) raconte à ce fujet une hiftoire finguliére que Brantôme adopte. Furftemberg, felon elle avoit reçu de l'argent, (apparemment de l'Empereur) pour attenter à la vie du Roi & il s'y étoit en

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gagé. Le Roi négligea long-temps les avis qu'on lui en donna, enfin il y fit attention. Un jour étant à la chaffe, il fè fait fuivre du Comte, il s'écarte dans la forêt & se trouvant feul avec lui, il tire fon épée, lui en fait admirer la trempe. » Comte, lui dit-il, fi un homme >> qui auroit entrepris de m'ôter » la vie, connoiffoit ce que peu>vent mon bras, mon cœur & >> cette épée, ne croyez-vous pas » qu'il y penferoit à deux fois ? Čependant je le tiendrois pour un lâche, fi ayant formé ce projet & fe trouvant feul avec moi, la crainte retenoit fon bras. » Le → projet, répondit le Comte, feroit » exécrable, l'exécution le feroit » encore plus ; » le Roi remit en riant fon épée dans le fourreau, & voyant la chaffe approcher, il la rejoignit. Le lendemain le Comte prend un prétexte, fait des demandes exorbitantes, cherche un refus, l'obtient & part dans les vingt-quatre heures. » Eh bien, dit le Roi à

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>> fes courtifans, vous vouliez m'en "gager à chaffer Furftemberg vous voyez qu'il fe chaffe lui » même. » Alors il leur conta l'avanture de la forêt. C'eft fa fœur qui raconte cette histoire & on reconnoît le caractère de Fran

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y
çois I. Mais les époques ne fe rap-
portent pas. Selon la Reine de Na-
varre ce fut la Trémoille, Gouver
neur de Bourgogne, qui donna
cet avis au Roi & à la Ducheffe
d'Angoulême; on parle auffi de
cette affaite devant l'Amiral de Bon-
nivet. Mais la Trémoille & Bonni-
vet étoient morts en 1525. La Du
cheffe étoit morte en 1531. & pen-
dant toute la guerre de 1535. on
voit le Comte de Furftemberg aut
service du Roi, il auroit donc fallu
que le Roi eût eu dans la fuite l'im-
prudente générofité d'oublier ce
projet ou la force d'efprit de n'y
pas croire.

Ce Comte de Furftemberg, avant de fervir la France, avoit déja fervi contre elle en 1523. Il avoit fait

avec le Comte Felix (1) une irruption en Champagne & avoit été battu par le Comte de Guife.

Landreci étoit devenu l'objet capital de la guerre, le Roi ne fongeoit plus qu'à le fecourir, & dès qu'il le put, il s'en approcha dans 'efpérance, difoit-il, difoit-il, de livrer bataille à l'Empereur.

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Celui-ci raffembla contre Landreci toutes les forces qu'il put tirer de l'Espagne, de l'Allemagne & des Pays-Bas. Ce ne fut pas Brant. capit. tout, il tira même des fecours d'où Etr. art. Furt il devoit le moins en attendre, d'un temberg. allié que le caprice, l'intrigue & la fatalité venoient de lui rendre contre toute espérance, du Roi d'Angleterre. Il faut reprendre d'un peu plus haut les caufes de la rupture de Henri VIII. avec François I. & de fa réunion avec Charles Quint.

Lorfqu'en 1536. l'Empereur fit en Provence cette irruption effrayan

(1) Voir le chap. 8. du liv. 2.

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te, qui tourna fi promptement à fa confufion, le jeune Roi d'Ecoffe, Jacques V, fidèle à l'alliance des François, n'attendit pas qu'ils lui demandaffent du fecours, il s'embarque pour la France avec feize mille hommes d'élite. La tempête repouffe deux fois fa flotte fur les côtes d'Ecoffe; mais la feconde fois fon vaiffeau féparé du refte de la flotte, aborde à Dieppe. Jacques V. n'avoit plus qu'un foible fecours à offrir à fon allié, fecours bien différent de celui qu'il avoit préparé. N'importe, il vient l'offrir & s'offrir lui-même. François fentit tout ce qu'un tel procédé avoit de généreux, & pour le récompenfer dignement, il crut devoir donner au Roi d'Ecoffe la Princeffe Madeleine fa fille, mais il voulut faire agréer ce mariage à un autre allié bien moins utile & bien moins zélé, à Henri VIII. Ce Prince injufte, quoique fecretement ulcéré du refus qu'avoit fait François I. de fe féparer de l'Eglife Romaine & de s'arroger comme lui la fu

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