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taines; car ils font très-peu profonds. Le terrain eft admirable. En quelqu'endroit que vous fouilliez, Vous avez de l'eau; mais de l'eau pure,claire, & fort douce,quoyque près de la mer. Les forêts d'alen-tour vous donnent plus de bois que vous n'en voulez. Oftie vous fournitabondamment toutes les autres chofes néceffaires à la vie. Le village même peut fuffire aux befoins d'un homme frugal. Il n'y a qu'une feule maison de campagne entre la mienne & le village: on y trouve jufqu'à trois bains publics. Imaginez-vous combien cela eft commode, foit que vous arriviez lorf qu'on ne vous attend pas, foit que le peu de féjour que vous avez réfolu de faire dans votre maison ne vous donne pas le temps de préparer vos propres bains. Toat le rivage eft borde de maifons, les unes contigues, les autres fépas

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rées, qui, par leur beauté différen forment le plus agréable afpect du monde, & femblent offrir plus d'une ville à vos yeux. Vous pou vez également jouir de cette vûë, foit que vous vous promeniez fur terre ou fur mer. La mer y eft quel quefois tranquille, le plus fouvent fort agitée. On y pêche beaucoup de poiffon, mais ce n'eft pas du plus délicat. On y prend pourtant des Soles excellentes, & des Cancres affez bons. La terre ne vous eft pas moins libérale de fes biens. Sur tout nous avons du lait en abondance au Laurentin; car les trous peaux aiment à s'y retirer, quand la chaleur les chaffe du paturage, & les oblige de chercher de l'ombrage ou de l'eau. N'ay-je pas raifon de tant chérir cette re traite, d'en faire mes délices, d'y demeurer fi long-temps? En vérité yous aimez trop la ville, fi vous n'a

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vez envie de paffer avec moy quelques jours en un lieu fi agréable. Puiffiez-vous y venir, pour ajoûter à tous les charmes de ma mai fon, ceux qu'elle emprunteroit de votre préfence! Adieu.

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LETTRE XVIII.

A Mauricus.

UELLE Commission plus agréable pouviez-vous me donner, que , que celle de chercher un Précepteur pour vos neveux? Je vous fuis redevable du plaifir de revoir des lieux, où l'on a pris foin de former ma jeuneffe, & où il me femble que je reprends en quelque forte mes plus belles années. Je recommence à m'affeoir, comme j'avois coûtume de faire entre les jeunes gens; & je m'apperçois de la confidération que

mon inclination pour les Belleslettres me donne auprès d'eux. Le dernier jour j'arrivay, pendant qu'ils difputoient ensemble dans une affemblée nombreuse, & en présence de plufieurs Sénateurs. J'entray: ils fe tûrent. Je ne vousrapporterois pas ce détail, s'il ne leur faifoit plus d'honneur qu'à moy, & s'il ne vous promettoit une heureuse éducation pour vos neveux. Ce qui me refte, c'eft d'entendre tous les Profeffeurs, & de yous mander mon fentiment. Je feray si bien, autant qu'une Lettre le pourra permettre, que vous ferez en état d'en juger, comme fi vous les aviez entendus vous-même. Je vous dois ce foin; je le dois à la mémoire de votre frere, & fur tout dans une occafion de cette impor tance. Gar que pouvez-vous avoir plus à cœur, que de rendre fes enfants (je dirois les vôtres, fi ce n'eft

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que vous aimez ceux-cy davanrage); de rendre, dis-je, fes enfans dignes d'un tel pere & d'un tel onicle? J'aurois de mon propre mouvement rempli ce devoir, quand même vous ne l'euffiez pas exigé. Je fçais que la préférence donnée à un Précepteur, ne manquera pas de me brouiller avec tous les autres. Mais pour l'intérêt de vos neveux, il n'eft point d'inimitiez fi fortes que je ne doive affronter, avec autant de courage qu'un pere le feroit pour fes propres enfants. Adieu.

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