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33.

véfe conduifirent, l'une en Italie & l'autre dans la Germanie, n'a jamais bien connu le tems de leur départ ; car au lieu de le mettre au moins en l'année cent cinquante-quatrième de Rome, puifque Tite-Live fait foi que Bellovéfe arriva au pied des Alpes en même tems que les Phocéens venoient d'arriver de leur côté, & qu'il aida même à les mettre en poffeffion du territoire où ils bâtirent enfuite Marseille : tous le placent à l'an ou 162, ou 163, ou 164, felon le différent calcul qu'ils fuivent. Il n'eft pas difficile de deviner ce qui les

y

a induits en erreur : ils ont faifi l'enLiv. sc. droit où Tite-Live fixant la prise de Rome par les Gaulois à l'an 362, ne compte que deux cens ans entre la prife de cette Ville & l'arrivée des Gaulois en Italie. Mais autre eft l'année du départ des Gaulois pour paffer les Alpes & pénétrer en Italie, & autre l'année qu'ils y arriverent. Auffi Tite-Live & Plutarque ont-ils eu foin de marquer que Bellovése frappé de la hauteur exceffive des Alpes, qui lui fermoient l'entrée de

l'Italie, s'arrêta LONG-TEMS dans le Tricaftin & le canton des Celtoriens, pour découvrir quelque fentier par où il pût faire paffer fonmonde fans danger. Ils infinuent même qu'il ne fe feroit jamais hazardé de tenter le paffage, fi Aruns, Tyrrhenien confidérable de Clufium, ne fût venu s'offrir de lui-même à le conduire comme par la main dans le centre de l'Italie. Par-là il est démontré que Bellovése n'y eft arrivé qu'environ huit ans après fon départ de la Cour de fon oncle.

CHAPITRE IX.

Si c'est la partie Septentrionale ou Occidentale de l'Europe qui a été la premiere habitée. Les Celtes feuls paffent pour avoir peuplé POccident.

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A Germanie s'eft peuplée du " nord au midi, c'est-à-dire que les pays Septentrionaux ont été " les premiers habités, & ont fourni «

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enfuite des habitans aux cantons qui font vers le midi; cantons ori ginairement couverts d'une forêt ,, immenfe & impratiquable. Le témoignage de Nicephore Gregoras ,, y eft précis: De la Scythie Septentrionale, dit cet Hiftorien, font fortis en divers tems des peuples qui ont pris le nom de Germains dans la Germanie, de Gaulois dans ,, les Gaules, fans parler des Cimbres & des Teutons, qui furent défaits ,, par les Romains. L'Anonyme de Ravenne & les Auteurs qu'il copie ,, ne s'expliquent pas moins diferte,, ment, lorfque parlant de la Scandinavie ils difent, que c'eft de là ,, que font venues les nations occidentales de l'Europe : & c'eft fans doute ce qui a fait dire à Caffiodo,, re, à Jordanes, à Paul Diacre, à Freculphe, &c. que la Scandinavie étoit comme la pépiniere & le ré,, fervoir des nations.,,"

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J'étois autrefois du fentiment de l'Auteur moderne: mais l'autorité d'abord & la raison enfuite m'ont jetté dans le doute de Defcartes, &

m'y retiennent encore. En effet avant qu'aucun peuple d'au-delà du Rhin ait, je ne dis pas pénétré, mais fongé à pénétrer dans les Gaules; je trouve dans Tite-Live, dans Plutarque, dans Juftin, dans Florus, & dans d'autres Ecrivains d'une égale autorité, que les Gaulois fous le nom de Celtes, aïant l'an 153 ou 154 de Rome paffé les Alpes & le Rhin ont d'un côté inondé l'Illyrie & la Pannonie, & de l'autre ont traversé la forêt Hercynie & les monts Riphées, & ont occupé l'extrémité de l'Europe jusqu'à la mer glaciale.

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Je trouve encore dans Ephore cité par Strabon, que les anciens parta- Lib. 1. p. geoient la terre en quatre parties, 34. qu'ils diftribuoient à quatre peuples différens, & donnoient l'Orient aux Indiens, le Midi aux Ethiopiens, l'Occidentaux Celtes, & aux Scythes le Septentrion. Par là il eft évident que les Gaulois ou Celtes paffoient autrefois pour avoir peuplé l'Occident. Ce qui eft arrivé en effet par le moïen des deux colonies, qui fortirent des Gaules fous la conduite

de Bellovése & de Segovéfe. Car avant ce tems-là le nom de Celtes & de Celtique étoit renfermé dans les Gaules.

Tacite m'apprend qu'encore de fon tems la Germanie étoit déferte, remplie de montagnes, de lacs, de marais, d'étangs & de forêts, & plus propre à recevoir des habitans, qu'à en fournir aux autres contrées; finon peut-être à l'égard d'un petit nombre de peuples qu'elle avoit, & qui cherchoient à en fortir pour joüir d'un ciel plus doux, & cultiver des terres plus fertiles.

Voilà pour l'autorité ; & à cet égard je crois que Tite-Live, Plutarque, Juftin, Florus, Strabon, Ephore & Tacite valent bien un Nicephore Gregoras, un Anonyme de Ravenne avec les auteurs qu'il copie, un Caffiodore, un Jornandes, un Paul Diacre, un Freculphe & autres plumes de même trempe, que l'Auteur moderne appelle à son se

cours.

Quant à la raison, M. le Marquis de S. Aubin n'a fait que tirer le ri

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