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Luther qui ne vouloit que fouffler pour détruire l'Ante-chrift Romain fans guerre, fans violence, en dormant à fon aife dans fon lit, & en difcourant doucement au coin de fon feu tout cela étoit bien changé quand il fonnoit le tocfin contre l'Empereur, & qu'il donnoit le fignal pour former les ligues qui firent nager toute l'Allemagne dans le fang.

Mais après tout, à quoi aboutit tout ce difcours du Ministre? fi on Bafn.ibid. a eu raifon de faire ces ligues comme il le foûtient: pourquoi tant excufer Luther de les avoir approuvées ? n'oferoit-on approuver une bonne action? ou bien eft-ce malgré qu'on en ait, qu'on fent en fa confcience que l'action n'eft pas bonne, & que la Réforme qui la défend le mieux qu'elle peut, ne laiffe pas dans le fond d'en avoir hente?

XLIX.

Il ne me refte qu'à dire un mot Si l'auteur fur les guerres des Païfans revoltez, & fur celles des Anabaptiftes qui fe

des Varia

tions a eu

tort d'auri mêlerent dans ces troubles. Le mi;

ther les excès des Ana

ne lui con

niftre s'échauffe beaucoup fur cette buer à La matiere, & fe donne une peine ex. trême pour prouver, que Luther baptiftes: n'a point foulevé ces Païfans; qu'au M. Bafnage contraire il a improuvé leur rebel-prouve trèslion; qu'il a défendu l'autorité du bien ce qu'o Magiftrat legitime, même dans fon tefte pas, & livre de la liberté Chrétienne, & diffimule le ailleurs, jusqu'à foutenir qu'il n'eft refte. 'pas permis de lui réfifter lors même qu'il eft injufte & perfecuteur ; qu'il a toujours détefté les Anabaptiftes & leurs fauffes propheties qu'il a traitées de folles vifions; qu'il a combattu de tout fon pouvoir Muncer, Pfifer & les autres feducteurs de cette fecte: il employe un long difcours à cette preuve: en un mot il eft heureux à prouver ce que perfonne ne lui contefte. Il a voulu avoir le plaifir de me reprocher deux &

trois fois hardiment mes calomnies: mais ç'a été en me faifant dire ce que je ne dis pas, & en laiflant fans replique ce que je dis.

Et d'abord pour ce qui regarde les Anabaptiftes, pourquoi s'éten

Bafn. 499. dre à prouver que Luther les à déteftez, & s'oppofa avec chaleur à

Liv. I. n.

28. &c.

leurs vifions? je le fçavois bien, & Var. ibid. je l'ai marqué en plus d'un endroit de l'Hiftoire des Variations. Com. ment Luther n'auroit il pas rejetté Muncer & les fiens qui le traitoient de fecond Pape & de fecond Antechrift, autant à craindre que le premier contre lequel il fe foulevoit ? j'ai reconnu toutes ces chofes, & je pour cela d'appeller les Anabaptiftes un rejetton de la doEtrine de Luther: non en difant qu'il ait approuvé leurs fentimens, à quoi je n'ai pas feulement fongé, mais parce qu'encore qu'il les imbid. prouvât, il étoit vrai neanmoins que les Anabaptiftes ne s'étoient for mez qu'en poussant à bout ses maxi

Var. liv. 11, n'ai laiffé pas

II.

mes.

C'eft ce qu'il falloit attaquer mais on n'ofe. Car qui ne fçait que les Anabaptiftes n'ont condamné le Baptême des petits enfans, & le Baptême fans immerfion qu'en pouffant à bout cette maxime de Lu

ther

ther , que toute verité revelée de Dieu est écrite, & qu'en matiere de dogmes les traditions les plus anciennes ne font rien fans l'Ecriture? Difons plus: Luther a reproché aux Anabaptiftes de s'être fait Pafteurs fans miffion: il s'eft bien declaré var.I. 27. Var.1.27 Evangeliste par lui-même, & il n'a 29. fait non plus de miracle pour autorifer fa miffion extraordinaire, que les Anabaptiftes à qui il en demandoit. Si Muncer & fes difciples se ibid. 28 font faits Prophetes fans infpiration, c'est en imitant Luther qui a pris le même ton fans ordre, & on n'a qu'à lire les Variations pour voir qu'il 1bid.38 eft le premier des fanatiques.

L.

M. Bafnage me fait dire que Luther n'étoit pas innocent des troubles Si M. Baf de l'Allemagne. Déja, ce n'étoit nage à rai pas dire qu'il les eûr directement en de reexcitez: mais j'ai dit encore quel- Auteur des procher à que chofe de moins : voici mes pa- Variations roles on ne croyoit pas Luther in- d'avoir dis nocent des troubles de l'Allemagne : il qu'on ne falloit me faire juftice en reconnoifcroyoit pas fant que je ménageois les termes centdesirou

P

Luther inne

Var. II. 15.

VII.

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bles de l'Al- envers Luther comme envers les lemagne, & autres, & que je prenois garde à ne en particulier de ceux rien outrer. Car, au refte, on croyoit des Anabap- fi peu Luther innocent de ces troutiftes & des bles, je veux dire de ceux des PaïPaïfans re- fans revoltez comme de ceux des voltez Ban. 497. Anabaptiftes, que l'Empereur en fit le reproche aux Proteftans en pleine Diete, leur difant que fi on avoit obeï au Decret de Vormes où le Lutheranifme Sleid.lib. étoit profcrit du commun confentement de tous les Etats de l'Empire, on n'auroit pas vù les malheurs dont l'Allemagne avoit été affligée, parmi lef-a quels il mettoit au premier rang la revolte des Païfans & la fecte des Anabaptiftes. C'est ce que raconte Sleidan que j'ai pris à garand de cette Sleid. VII. plainte. M. Bafnage eft fi fubtil qu'il ne veut pas que Charles V. ait chargé Luther des defordres qu'il impuBafn ibid. toit au Lutheranifme. Monfieur de Meaux, dit-il, ajoute du fien que Luther fut chargé particulierement de çe crime dans l'accufation de l'Empes reur; ce qui n'eft pas : & fur cela il s'écrie: Eft-il permis d'ajouter &

Var

Ibid

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